Réforme des retraites : des députés de la majorité doutent de l’âge pivot – Le Parisien

Comme l’ombre d’un doute… Dans les rangs de la majorité à l’Assemblée, l’instauration d’un âge pivot à 64 ans, tout comme la méthode mise en œuvre par le Premier ministre pour passer sa réforme en s’attirant les foudres de la CFDT suscitent de nombreuses interrogations. « Je ressens aujourd’hui qu’environ 80 députés ne sont pas à l’aise avec cette question de l’âge d’équilibre », estime un parlementaire LREM.

« C’est difficile à évaluer, mais je dirais plusieurs dizaines… Certains collègues en tout cas me disent : pourquoi on s’embête à faire tout ça ?Nous allons encore payer les pots cassés et on va encore venir casser nos permanences… », renchérit un député. « C’est surtout sur la méthode employée que ça bloque, nuance un autre. Quand on a vu Laurent Berger monter très, très vite et très, très fort après le discours du Premier ministre la semaine dernière, on a tous été déroutés par le choix du Premier ministre d’unifier tous les syndicats contre lui. »

La très remuante aile gauche de la majorité – qui s’est déjà illustrée à de nombreuses en grondant contre le gouvernement, notamment lors de la loi Asile-immigration – n’est pas la seule à exprimer ce malaise. « Cela va au-delà. Les députés ne comprennent pas la méthode du bras de fer avec Berger », assure le député du Vaucluse Jean-François Césarini.

Rencontre informelle avec Laurent Berger

Ce dernier, tout comme une dizaine de députés de l’aile gauche, a pris l’initiative d’inviter lundi en début de soirée Laurent Berger, le leader de la CFDT, pour une rencontre informelle au Rond-Point, un bar à mi-chemin entre l’Assemblée et Matignon. « Cela n’a pas du tout plu au Premier ministre », souligne un conseiller ministériel. « Ce n’est pas très académique comme démarche. C’était quoi leur mandat ? », achève un ministre. « Philippe n’a pas donné de qualificatif à cette rencontre, mardi, lors de la réunion avec le groupe LREM à l’Assemblée, mais on sentait qu’il était plutôt en colère », confirme un député.

Pas de quoi toutefois désarçonner les artisans de cette rencontre : « C’est bien que les députés parlent avec la CFDT. Cela contribue au dialogue social », se défend l’un d’eux. Et les députés veulent aussi faire entendre leur voix dans le débat.

« Travailler plus, d’accord. Mais il n’y a pas une seule manière d’y parvenir. On pourrait plutôt penser à l’instauration d’un âge pivot individualisé qui serait modulable en fonction de la durée de la carrière, mais aussi de la pénibilité. C’est entendable par tous les Français », précise Césarini. Et de plaider pour de nouveaux instruments afin de calculer cette pénibilité – en prenant en compte notamment l’espérance de vie par métier au-delà de 65 ans ou encore le taux de suicide par profession. Des pistes qui ont tout pour plaire à Laurent Berger.

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