Pyrénées : Chasseur blessé, ourse tuée… Ce que l’on sait du face-à-face fatal survenu en Ariège – 20minutes.fr

Rencontre fatale. Un chasseur de 70 ans est hospitalisé ce dimanche à Toulouse, grièvement blessé à l’artère fémorale. Il a eu le temps de raconter à ses camarades de battue qu’il avait été attaqué et mordu à plusieurs reprises par une ourse avant de l’abattre. Le face-à-face entre cette femelle qui était accompagnée de deux oursons a eu lieu samedi après-midi dans le massif du Couserans, en Ariège, où la population ursine est particulièrement dense. Cet accident dramatique mais rare est propre à alimenter la guerre qui fait rage entre pro et anti ours dans les Pyrénées. Les deux camps tirent d’ailleurs déjà leurs premières cartouches.

Voici ce que l’on sait sur cet événement et ses premières conséquences.

Une enquête pour faire la lumière sur les circonstances

Le chasseur, originaire du secteur, participait à une battue aux sangliers sur la commune de Seix, à une soixantaine de kilomètres de Foix. C’est le peloton de gendarmerie de haute montagne qui est intervenu pour le secourir à 15h30. Il a d’abord été héliporté au Chiva, l’hôpital intercommunal situé entre Pamiers et Foix, « dans un état préoccupant », avant d’être transféré au CHU de Toulouse.

La préfecture de l’Ariège reste prudente sur le déroulé des faits : « Les gendarmes ont repéré une carcasse d’ours en contrebas du lieu où a été trouvée la victime, ce qui pourrait accréditer la thèse d’un accident lié à la rencontre entre l’homme et l’animal », écrit-elle, ajoutant qu’une « enquête judiciaire a été ouverte pour comprendre les circonstances de cet accident ».

Sur Facebook, les proches du milieu pastoral, indiquent que le chasseur attaqué par-derrière par l’ourse puis traîné sur une trentaine de mètres, qu’il est parvenu à s’agripper à son arme et a fait feu à deux reprises.

Les anti-ours montent au créneau

Pour Jean-Luc Fernandez, le président de la fédération de chasse de l’Ariège, joint par l’AFP, cet accident dramatique illustre « la cohabitation impossible » avec les plantigrades dans les Pyrénées. « C’est vraiment ce que l’on redoutait », déplore Christine Téqui, la présidente socialiste du conseil départemental de l’Ariège, qui martèle elle aussi depuis longtemps l’argument d’une cohabitation irréaliste. Elle doit d’ailleurs installer ce jeudi à Saint-Girons le Parlement de la montagne, une instance consultative imaginée avec la chambre d’Agriculture et les bergers et dont le but sera brûlant d’actualité : « Travailler avec l’Etat à la résolution du dossier des prédateurs dans le massif ».

Un accident rarissime

« Un chasseur blessé, une ourse tuée et deux oursons orphelins, tout est triste et désolant dans cette histoire, tout le monde a à y perdre », réagit ce dimanche Alain Reynes, directeur de l’association Pays de l’ours-Adet. S’ils souhaitent avant tout un prompt rétablissement au chasseur, les amis des ours tiennent aussi à souligner la rareté de ce type d’incident. « C’est la première fois que ça se produit en vingt-cinq ans ! La chasse en battue est beaucoup plus accidentogène », rappelle Alain Reynes à 20 Minutes.

Qu’il s’agisse de randonneurs, de chasseurs ou de bergers, les associations ont recensé neuf charges d’ours dans les Pyrénées entre 1996, date des premières réintroductions, et 2021. Elles ont en général concerné des femelles suitées, rendues agressives par un sentiment que leur progéniture était en danger. Jusqu’à l’accident de samedi, ces charges n’avaient donné lieu qu’à de belles frayeurs, sauf pour un chasseur blessé au bras en tombant.

L’ourse pourrait être Caramelles

Les autorités ne commentent pas mais pour Alain Reynes « l’hypothèse la plus probable est que l’ourse abattue soit Caramelles ». La présence dans le secteur de cette femelle de 24 ans avec deux oursons a été confirmée par des relevés ADN. S’il se confirme que c’est elle, alors cette mère de plus d’une dizaine d’ours pyrénéens aura eu un destin tragique. Sa mère Melba a été tuée par un chasseur en 1997 lors d’une battue, la laissant orpheline avec son frère Bouxti.

Des oursons orphelins en âge de se débrouiller

Les oursons de l’année désormais isolés dans le secteur doivent avoir « huit ou neuf mois, un âge auquel ils peuvent se nourrir sans leur mère et entrer seuls en tanière comme Caramelles et Bouxti l’on fait en 1997 », estime Alain Reynes. Les associations pro ours insistent sur le fait que ces oursons sont « inoffensifs, mais encore fragiles ». Elles demandent aux agents de l’Office français de la Biodiversité (OFB) de veiller sur eux jusqu’à leur entrée en hibernation et exigent la suspension des battues dans le secteur.

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