Petit guide de l’entre-deux-tours des élections régionales et départementales – Le Monde

Après la joie ou la déception du premier tour, dimanche 20 juin, les candidats aux élections régionales et départementales 2021 n’ont guère de temps pour se remettre de leurs émotions. Ils ont jusqu’au mardi 22 juin à 18 heures pour déposer en préfecture leur liste pour le second tour, et auront ensuite encore une poignée de jours pour faire campagne avant le verdict des urnes, dimanche 27 juin.

Elections régionales et départementales : suivez en direct les réactions et les négociations en vue du second tour

Le film des dernières heures de campagne s’annonce haletant, mais il n’est pas forcément simple à suivre. Les possibilités de se maintenir ou non au second tour du scrutin voire de fusionner des listes ne sont ainsi pas les mêmes pour les élections régionales et départementales, et les modes de scrutin diffèrent également. Suivez le guide.

  • Aux élections régionales, deux jours de tractations décisives

Dans l’épisode précédent

Les électeurs des douze régions métropolitaines, auxquelles s’ajoutent la Corse (qui a un statut particulier) et les quatre collectivités d’outre-mer, ont voté une première fois dimanche 20 juin. Aucune liste n’ayant réuni la majorité absolue des suffrages exprimés au premier tour (50 % plus une voix), un deuxième tour aura lieu partout dimanche 27 juin. Reste à savoir en présence de qui.

Quel casting pour le second tour ?

Les listes qui ont réuni plus de 10 % des voix dimanche peuvent se maintenir pour le second tour. C’est le cas pour seulement deux d’entre elles à la Guadeloupe, mais partout ailleurs au moins trois listes ont franchi ce seuil décisif. La palme revient à l’Ile-de-France, où il pourrait y avoir sur le papier jusqu’à six concurrents dimanche :

Cette dispersion peut avoir un coût politique non négligeable pour les listes engagées. La liste qui y arrive en tête reçoit en effet d’office un quart des sièges au conseil régional ; le reste est réparti entre toutes les listes – celle en tête y compris – proportionnellement à leur résultat. Il est donc beaucoup plus avantageux de négocier des alliances politiques avant le dépôt des candidatures qu’après le vote. C’est pourquoi les trois listes de gauche en Ile-de-France se sont entendues rapidement, pour tenter de disputer la victoire à Valérie Pécresse (LR).

L’enjeu de l’entre-deux-tours est donc de négocier, lorsque c’est possible, des alliances. Celles-ci peuvent se faire avec d’autres listes qui ont récolté plus de 10 % des suffrages, mais aussi intégrer des candidats issus de listes qui avaient obtenu plus de 5 % mais ne sont pas qualifiées pour le second tour.

Dernière possibilité : une liste qualifiée pour le second tour peut également retirer sa candidature sans rejoindre de liste concurrente. Ce choix peut par exemple se justifier au nom du front républicain contre le Rassemblement national, comme plusieurs candidats socialistes l’avaient fait en 2015 au profit de leurs rivaux de droite.

Dans le(s) prochain(s) épisode(s)

L’enjeu du second tour des élections régionales est souvent bien réel, et quelques points d’écart entre deux ou trois candidats peuvent complètement changer la donne. En particulier lorsqu’il y a trois candidats (on parle de triangulaire) ou davantage.

Prenons un exemple fictif avec trois listes au second tour dont les scores sont proches. C’est alors la formation qui arrive en tête qui rafle la majorité au conseil régional, grâce à la prime d’un quart des sièges accordée au vainqueur.

C’est ce qui s’est produit en Bourgogne-Franche-Comté en 2015 : la socialiste Marie-Guite Dufay l’a emporté avec 34,68 % des voix, juste devant le candidat Les Républicains François Sauvadet (32,89 %) et sa rivale du Front national Sophie Montel (32,44 %). Un écart faible mais suffisant pour disposer de la majorité absolue au conseil régional.

Dans d’autres cas de figure, avec quatre candidats ou plus, il est possible qu’aucune liste seule ne parvienne à réunir la majorité au conseil régional, et donc que des tractations se poursuivent. Les noms du président et des vice-présidents de la région concernée ne seraient alors connus que le 2 juillet prochain, jour de la première séance de la nouvelle assemblée.

Décryptage : Mode de scrutin, enjeux politiques, domaines de compétence : comment fonctionnent les élections régionales
  • Aux départementales, l’abstention a resserré le scrutin

Dans l’épisode précédent

Les électeurs ont voté pour le premier tour des départementales dimanche 20 juin dans les 2 028 cantons concernés. Le mode de scrutin de cette élection est particulier, puisque l’on vote pour un binôme composé d’une femme et d’un homme dans chaque canton, et les candidats élus désigneront dans un second temps le président de leur département.

Cent dix-neuf binômes ont été élus dès le premier tour. Ce nombre est plus faible qu’en 2015 (150) parce qu’ils devaient pour cela à la fois décrocher la majorité absolue des suffrages, mais aussi réunir plus de 25 % des électeurs inscrits sur les listes électorales. Or cette deuxième condition était difficile à remplir sur fond d’abstention massive – 66,7 % à l’échelle nationale.

Curiosité du scrutin, dans vingt cantons, seul un binôme s’est porté candidat. Dix-huit d’entre eux ont été élus dès le premier tour, mais deux d’entre eux devront attendre dimanche pour être officiellement élus, faute d’avoir atteint la barre des 25 % des inscrits.

Décryptage : Elections départementales : des duels, seulement deux triangulaires et des majorités absolues « insuffisantes » faute de participation

Quel casting pour le second tour ?

Ici, pas de fusions de listes ni de tractations. En principe, au moins deux binômes sont qualifiés pour le second tour des départementales. Mais une troisième liste peut se maintenir, voire une quatrième, si chacune a réuni plus de 12,5 % des inscrits (contrairement aux régionales où la barre de 10 % correspond aux suffrages exprimés).

Lorsque l’abstention est de l’ordre de 50 % au niveau national, comme en 2015, les listes en troisième position du scrutin peuvent espérer se maintenir si elles réunissent de l’ordre de 25 % des suffrages exprimés. Mais la fenêtre se referme quand à peine un tiers des citoyens se déplacent comme dimanche : il faudrait alors que le troisième binôme ait autour de 30 à 35 % des voix pour se maintenir.

Ce constat arithmétique s’est vérifié dans les faits : Le Monde n’a relevé que deux possibles triangulaires pour le second tour des départementales 2021, dans la 13e circonscription de Mayotte et dans la 2e circonscription de Tarn-et-Garonne. Alors qu’on en dénombrait 327 en 2015, auxquelles s’ajoutait même une quadrangulaire. A défaut de qualifier des candidats, les abstentionnistes en ont éliminé un bon nombre.

Dans le(s) prochain(s) épisode(s)

Dimanche, les électeurs désigneront leur binôme de conseillers départementaux dans les 1 909 cantons restant à pourvoir. Deux cas de figure peuvent se présenter dans les départements à l’issue de ce scrutin :

  • Une majorité claire se dessine, avec par exemple un parti qui franchit seul la barre des 50 % ;
  • Aucune majorité franche n’apparaît, avec par exemple un bloc de gauche, un bloc de droite et une poignée d’élus « non alignés ». Dans ce cas, il faudra attendre le vote pour le président du conseil départemental lors de la première séance de la nouvelle assemblée pour être fixé.
L’explication : Comment fonctionnent les élections départementales ?

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