« On n’a pas les mêmes valeurs » : la guerre des nerfs se poursuit entre l’exécutif et les syndicats sur la réforme des retraites – Le Monde

Edouard Philippe reçoit les syndicats à Matignon, dont Philippe Martinez (CGT), à Paris, le 18 décembre.

Un coup dans le zig, un autre dans le zag. Sur la réforme des retraites, l’exécutif a, pour la énième fois, flanqué le tournis à ses interlocuteurs. Après la « détermination » affichée, mardi 17 décembre, sur un ton quasi martial par le premier ministre Edouard Philippe, l’Elysée a distillé, le lendemain, des éléments de langage nettement plus apaisants.

A travers cette opération de communication, Emmanuel Macron manifeste le désir d’obtenir d’ici à Noël une pause dans les grèves qui, depuis deux semaines, perturbent fortement le trafic ferroviaire, à l’échelle nationale, et les transports en commun franciliens.

Le président de la République adresse aussi un regard aux syndicats dits « réformistes », qui sont pour – ou regardent avec bienveillance – la construction d’un système universel de pensions. Autant de manœuvres qui, à ce stade, semblent être restées infructueuses. Mercredi soir, à l’issue de rencontres bilatérales avec le chef du gouvernement, les organisations de salariés exprimaient, sous des formes diverses, de l’expectative, voire leur déception.

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L’initiative, mercredi, de l’entourage de M. Macron montre, en réalité, qu’il y a un débat, au plus haut sommet de l’Etat, sur la stratégie de M. Philippe. Des proches du président considèrent que le premier ministre tente de rejeter sur les syndicats la responsabilité des blocages :

« Matignon a parié sur l’usure du mouvement mais on atteint aujourd’hui le seuil d’acceptabilité dans les transports, s’inquiète un membre du gouvernement. Les gens se fichent qu’il y ait 300 000 ou 800 000 personnes dans la rue. Ce qu’ils voient, c’est qu’ils galèrent depuis plus de quinze jours et cela peut se retourner contre nous. »

Double vocation

Au palais de l’Elysée, M. Macron a d’ailleurs fait passer le message : il faut qu’il y ait davantage de trains sur l’ensemble du territoire et plus de bus, de métros et de RER en région parisienne, durant les congés de la fin de l’année. « Le président a demandé au gouvernement d’être disponible pendant les fêtes afin de poursuivre les discussions autant que de besoin », confirme un pilier du premier cercle du chef de l’Etat. « Tout le monde partage l’idée que si les syndicats proposent quelque chose pour améliorer la réforme, on est prêt à l’entendre, complète-t-on à l’Elysée. Le président n’abandonnera pas le projet, ne le dénaturera pas, mais il est disposé à le faire évoluer par le truchement des discussions avec les syndicats et au sein des établissements-clés que sont la SNCF et la RATP. »

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