Motion de censure: pourquoi le calcul de la Nupes est un coup de bluff – BFMTV

En l’absence de vote de confiance à l’issue du discours de politique générale d’Élisabeth Borne, une motion de censure sera déposée par la Nupes. Son adoption reste cependant très improbable. Elle a cependant le mérite de poser l’union de la gauche comme le principal opposant au gouvernement.

Marquer le coup. La Nupes, qui regroupe les insoumis, les écologistes, les socialistes et les communistes, signera, déposera et votera ensemble une motion de censure à l’issue du discours de politique générale d’Élisabeth Borne ce mercredi après-midi.

Ce dispositif, cité par l’article 49 de la Constitution, est le principal moyen pour les parlementaires de faire entendre leur désapprobation vis-à-vis de l’exécutif. Si 289 députés votent en sa faveur, soit la majorité absolue de l’Assemblée nationale, elle provoque dans la foulée la démission de la Première ministre et de son gouvernement.

Un succès de la Nupes très improbable

Cette option semble cependant très hypothétique. La Nupes compte 133 sièges et devrait donc, pour obtenir ce résultat, parvenir à convaincre une partie des 89 députés RN tout comme les 64 élus LR. La droite et le groupe de Marine Le Pen ont déjà fermé la porte à cette option.

Si cette motion de censure ne risque pas de renverser l’exécutif, 2 jours à peine après la nomination des nouveaux ministres, elle a cependant plusieurs avantages.

Le titre de premier opposant

Cette manœuvre permet d’abord à la gauche de pouvoir se présenter comme le premier opposant au gouvernement, après de vives passes d’armes entre la France insoumise (72 élus) à l’initiative de cette motion de censure et le RN, qui a 27 élus de plus.

Il y a d’ailleurs urgence à reprendre la main. Les Français considèrent désormais que Marine Le Pen incarne le mieux l’opposition à Emmanuel Macron (43%) devant le mouvement de Jean-Luc Mélenchon (31%), d’après le dernier sondage Elabe pour BFMTV, L’Express et SFR.

La motion de censure offre également l’avantage d’insister sur le refus de la cheffe du gouvernement de solliciter un vote de confiance à l’issue de son discours politique générale. Si rien ne l’y oblige d’un point de vue constitutionnel, la tradition veut plutôt que le locataire de Matignon s’y soumette. Seuls Michel Rocard, Édith Cresson et Pierre Bérégovoy, entre 1988 et 1993, n’avaient pas sollicité de vote de confiance en raison d’une majorité fragile.

Mathilde Panot, la présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale a d’ailleurs fait passer le message sur son compte Twitter, accusant Élisabeth Borne de “maltraiter la démocratie” et expliquant vouloir la faire “venir de force” devant le Parlement.

Mettre les LR et le RN devant leurs responsabilités

La Première ministre n’avait pas vraiment pas le choix. Avec seulement 245 députés Ensemble, il lui manquait encore 44 voix pour s’assurer de la confiance de l’Assemblée nationale et éviter une démission en cas de mise en minorité.

Enfin, la motion de censure met également les oppositions devant leurs responsabilités. Alors que le Rassemblement national veut profiter de ses 89 députés pour montrer qu’il serait en mesure de gouverner, il n’est pas question pour Marine Le Pen de voter cette motion de censure.

“Le RN vient au secours du gouvernement”, remarque, acerbe, sur son compte Twitter Manuel Bompard, député La France insoumise et ancien directeur de campagne de Jean-Luc Mélenchon.

Les Républicains ont également refusé en bloc de voter en faveur de la motion de censure. “Nous défendons une opposition responsable”, n’a eu de cesse de clamer Christian Jacob, le patron du parti, souhaitant amender les textes du gouvernement “au cas par cas”.

Marie-Pierre Bourgeois

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