Les Russes disent oui à l’extension de l’ère Poutine – Le Parisien

La Russie a adopté la vaste révision constitutionnelle autorisant Vladimir Poutine à se maintenir au Kremlin jusqu’en 2036, un référendum dénoncé par l’opposition qui y voit une manœuvre pour perpétuer sa mainmise sur le pays.

Les Russes ont validé à 74,1 % ce bloc d’amendements qui, outre la question des mandats du président en exercice, introduisent aussi ses principes conservateurs dans la Constitution, selon des résultats portant sur près de 30 % des bureaux de vote répartis sur l’immense territoire russe et diffusés mercredi par la Commission électorale centrale. La participation tournait, quant à elle, autour de 65 %.

Le doute n’a jamais pesé quant à l’issue du scrutin : la réforme a été approuvée par le législateur en début d’année et le nouveau texte de la Constitution est déjà en vente dans les librairies.

Le scrutin s’est déroulé sur une semaine

Vladimir Poutine avait, pour sa part, demandé mardi aux Russes de garantir « la stabilité, la sécurité et la prospérité » de la Russie, qu’il se targue d’avoir sortie du chaos post-soviétique. Le scrutin, prévu à l’origine pour avril, a été repoussé à cause de la pandémie de Covid-19. Pour éviter une trop forte affluence dans les bureaux de vote, il s’est déroulé sur une semaine et les électeurs devaient se munir de masques de protection et de gants.

Amendement le plus controversé : celui accordant à Vladimir Poutine l’option de deux mandats supplémentaires à l’issue de l’actuel en 2024. Une nécessité selon lui, car la classe politique ne doit pas se perdre dans « une quête de successeurs potentiels ».

Dieu, mariage, retraite

Ce changement lui permettrait de rester au Kremlin jusqu’en 2036, l’année de ses 84 ans. D’autres amendements renforcent certaines prérogatives présidentielles.

La révision introduit aussi dans la Constitution des principes conservateurs chers au président – foi en Dieu, mariage réservé aux hétérosexuels, enseignement patriotique -, ainsi que des garanties sociales, comme l’indexation des retraites.

Les détracteurs de Vladimir Poutine, notamment l’opposant Alexeï Navalny, jugent quant à eux que le référendum n’a d’autre but que de lui garantir « une présidence à vie » et que les autres mesures ont visé à faire aller les Russes aux urnes.

Manifestation place Pouchkine

Un petit groupe de Moscovites a manifesté son mécontentement place Pouchkine, dans le centre de Moscou, et en début de soirée mercredi, sans être dispersé par la police présente en nombre et malgré l’interdiction des rassemblements imposée à cause du nouveau coronavirus.

Des Moscovites ont manifesté leur opposition à la réforme de la Constitution./AFP-Kirill KUDRYAVTSEV
Des Moscovites ont manifesté leur opposition à la réforme de la Constitution./AFP-Kirill KUDRYAVTSEV  

Le vote est intervenu sur fond de baisse de la popularité de Vladimir Poutine à cause d’une réforme des retraites décriée et de la crise du Covid-19. De mai 2018 à juin 2020, le taux d’approbation de sa politique mesuré par l’institut indépendant Levada est descendu de 79 % à 60 %.

L’ONG Golos, spécialisée dans l’observation des élections et honnie des autorités, a en outre dénoncé des pressions hiérarchiques sur les fonctionnaires et les salariés pour qu’ils aillent voter. La commission électorale russe n’a constaté pour sa part « aucune infraction sérieuse » pendant le scrutin.

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