Les arbitrages du Grenelle contre les violences conjugales : des mesures, mais pas plus de moyens – Le Monde

Secret médical, autorité parentale, prise en compte de l’emprise… le gouvernement a détaillé ses mesures. Mais sur les questions de budget, la déception risque d’être au rendez-vous.

Par Publié aujourd’hui à 09h30, mis à jour à 10h05

Temps de Lecture 5 min.

A l’appel du collectif féministe #Noustoutes et de nombreuses associations, plusieurs dizaines de milliers de personnes ont manifesté à Paris contre les violences sexistes et sexuelles faites aux femmes à Paris, le 23 novembre.

Entrée de l’emprise dans le code pénal et civil, aménagement du secret médical, prise en charge des auteurs de violences conjugales… Le premier ministre a présenté à Matignon, lundi 25 novembre, les arbitrages du gouvernement à l’issue du Grenelle des violences conjugales, près de trois mois après son lancement. Aux côtés de plusieurs ministres, Edouard Philippe a insisté sur « les dysfonctionnements dont nous n’avons pas jusqu’à aujourd’hui voulu prendre conscience ».

Les chiffres sont en effet sans appel. Selon l’Observatoire national des violences faites aux femmes, au moins 220 000 femmes majeures sont victimes de violences au sein du couple chaque année. L’an dernier, 121 femmes ont été tuées dans le cadre conjugal, et 28 hommes, selon les données officielles. Un bilan macabre qui s’élève, pour cette année, à 138 femmes tuées, selon le collectif Féminicides par compagnons ou ex, qui les recense sur sa page Facebook.

Au fil des semaines, le gouvernement, et en particulier la secrétaire d’Etat à l’égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, a déjà annoncé un certain nombre de mesures. Parmi elles figurent notamment la décision de réquisitionner les armes à feu d’un homme violent « dès la première plainte » et l’élaboration d’une grille d’évaluation du danger destinée aux gendarmes et aux policiers qui accueillent les femmes victimes, présentée conjointement vendredi avec le ministre de l’intérieur.

Outre ce dispositif, salué par les associations, le premier ministre a annoncé lundi la création de 80 postes d’intervenants sociaux supplémentaires dans les commissariats et les brigades, d’ici à 2021, pour améliorer l’accueil des femmes victimes. A l’heure actuelle, ils sont 271 – le renforcement constitue donc une hausse de 30 % des effectifs, précise Matignon.

Sur le volet de l’accompagnement des victimes, le premier ministre a indiqué que la plate-forme téléphonique 3919 – Violences femmes info, géré par la Fédération nationale solidarité femmes, serait à l’avenir accessible vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.

Lire le portrait : Marlène Schiappa, « superactive » de la Macronie

Violences psychologiques

Edouard Philippe et Marlène Schiappa ont présenté à Matignon, lundi 25 novembre, les arbitrages du gouvernement à l’issue du Grenelle des violences conjugales.

Le 29 octobre, les onze groupes de travail du Grenelle, qui rassemblaient les acteurs concernés par la lutte contre les violences faites aux femmes, avaient présenté une soixantaine de recommandations. Edouard Philippe en a retenu plusieurs. C’est le cas de la notion d’emprise, encore largement méconnue, qui sera prise en compte dans le code civil et pénal. Avec la création de l’incrimination du suicide forcé, ce choix illustre la volonté du gouvernement de mieux prendre en compte les violences psychologiques, au cœur des violences au sein du couple.

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