Le mois sans alcool «Dry January» lancé pour la 3e année de suite, toujours sans le soutien de l’Etat – Le Parisien

Et si on commençait l’année 2022 sur des bases saines ? Ce samedi marque le début d’une nouvelle année, mais aussi le lancement pour la troisième année consécutive en France du « Dry January ». Cette opération, similaire au « Mois sans tabac » dans sa philosophie, veut encourager les Français à ne pas boire d’alcool pendant un mois. « L’idée, c’est d’essayer de faire cette pause, mais la campagne ne se veut pas du tout moralisatrice : chacun peut essayer de mesurer son rapport à l’alcool pendant ce mois-là », explique Claude Rambaud, vice-présidente de la fédération d’associations France Assos Santé, qui chapeaute cette campagne.

La période est propice à faire une pause, après des fêtes souvent marquées par une importante consommation d’alcool. Mais le but n’est pas seulement de reposer son organisme, c’est de se rendre compte par soi-même de ce qui change dans un quotidien sans alcool. Ce type de campagne fait de plus en plus ses preuves en matière de santé publique. Au lieu de mettre l’accent sur les risques représentés par une substance – ici l’alcool – , on insiste sur les avantages à ralentir sa consommation. Les participants sont aussi stimulés par un défi qui rassemble de nombreuses personnes au même moment.

« Beaucoup de gens qui font cette pause continuent ensuite » à moins consommer d’alcool, rapporte Claude Rambaud, sur la foi d’études faites dans des pays anglo-saxons. « Ça lance un élan », insiste-t-elle. C’est le même principe que le « Mois sans tabac », lancé chaque année à l’automne, avec une petite nuance : le « Dry January » ne vise pas à définitivement inciter à une abstinence totale.

Aucun soutien de la part de l’Etat

L’initiative peine toutefois à exister et à se faire connaître en France. Et pour cause : « On n’a pas d’aide gouvernementale (et) on est toujours sans moyens », déplore Claude Rambaud. Le « Mois sans tabac » est soutenu depuis des années par l’État, via l’agence Santé publique France, alors que le « Dry January » n’est le fait que d’associations, certes rejointes par plusieurs municipalités comme celle de Lyon (Rhône). « Ça n’a rien à voir avec ce qui se passe au Royaume-Uni où ils sont extrêmement soutenus par le gouvernement », regrette Claude Rambaud.

Les associations reprochent à l’État de céder aux lobbies de l’alcool, en premier lieu les viticulteurs, qui agitent le spectre d’une campagne hygiéniste et inadaptée à « l’art de vivre » à la française. Du côté de Santé publique France qui, selon plusieurs sources, avait failli se lancer dans la campagne pour sa première année en 2020 mais y avait renoncé in extremis, le jeu d’équilibriste perdure. L’agence, qui dépend du ministère de la Santé, ne cache pas son intérêt pour le « Dry January » ; elle a mené plusieurs enquêtes sur son déroulement et son vécu par les participants. Mais elle se tient éloignée d’une implication directe.

Santé publique France se place « en soutien » des organisateurs du Dry January, expliquait à l’automne, sa directrice générale Geneviève Chêne, mettant l’accent sur d’autres campagnes de l’agence contre les risques liés à l’alcoolisme. Ces opérations publiques sont, toutefois, plus axées sur les risques liés aux comportements – agressivité, danger sur la route – que ceux qui touchent directement la santé des buveurs. Or, ces risques pour la santé sont souvent mal appréhendés, comme en témoigne une incompréhension fréquente sur le « Dry January ». La campagne ne concerne pas que les gros buveurs car une consommation modérée mais régulière représente aussi un risque pour la santé.

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