L’arrêt de la centrale nucléaire de Fessenheim va-t-il conduire à une hausse des émissions de CO2 ? – Le Monde

A l’entrée de Fessenheim, le 26 juin 2020.

La fermeture de Fessenheim est-elle une mauvaise nouvelle pour le climat ? C’est ce qu’affirment les partisans de l’atome, alors que la plus ancienne centrale nucléaire cesse définitivement de fonctionner, mardi 30 juin.

Selon la Société française d’énergie nucléaire (SFEN), cette mise à l’arrêt va entraîner des émissions additionnelles de l’ordre de 10 millions de tonnes de CO2 par an. A l’échelle européenne, les moyens de production d’électricité sont en effet « appelés » sur le réseau selon un ordre de priorité fondé, globalement, sur le coût du combustible. Selon cette logique, les renouvelables sont sollicités en premier : une éolienne ou un panneau solaire ne coûte pas plus cher qu’il produise ou non de l’électricité. Viennent ensuite le nucléaire, le gaz, le charbon puis le fioul.

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Que se passera-t-il après l’arrêt des réacteurs de Fessenheim, qui disposaient d’une capacité de production annuelle de 1,8 GW ? Elle verra sa production remplacée par celle de centrales au charbon ou au gaz quelque part en Europe, affirme la SFEN. Or la production d’électricité d’origine nucléaire est très faiblement émettrice d’émissions de CO2, contrairement à celle d’origine fossile.

Le gaz, moins émetteur

« On peut estimer, approximativement, que la production de Fessenheim sera remplacée par la production d’une centrale au gaz, précise Valérie Faudon, déléguée générale de la SFEN. Toutes choses égales par ailleurs, les émissions de CO2 vont augmenter en Europe. Ou autrement dit, elles ne vont pas baisser autant que si Fessenheim n’avait pas été fermée. »

Pour le réseau Sortir du nucléaire, ce raisonnement et ce calcul, qui présuppose « que la production de la centrale se substituait, en permanence, à celle des pires centrales fossiles », apparaissent « fantaisistes ». « La fermeture de Fessenheim peut conduire à un surcroît d’émissions, précise Nicolas Goldberg, analyste énergie chez Colombus Consulting. Mais les émissions du parc électrique français ne vont pas augmenter pour autant car en parallèle, on utilise moins les centrales à charbon. » La France s’est engagée à fermer ses quatre dernières centrales à charbon d’ici à 2024, voire 2026, et à accélérer le développement des énergies renouvelables.

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En 2019, la baisse de la production hydroélectrique et nucléaire a bien entraîné une hausse du recours aux énergies fossiles dans le pays. Mais en parallèle, les émissions de CO2 liées à la production d’électricité (19,2 millions de tonnes) ont diminué de près de 6 % par rapport à 2018 : la production à partir de charbon a en effet fortement diminué au profit du gaz, moins émetteur de gaz à effet de serre. Les émissions de CO2 liées à la production d’électricité ont aussi baissé, l’an dernier, au niveau européen et au niveau mondial.

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