L’ancien premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve lance un manifeste pour « une autre gauche » – Le Monde

L’ancien premier ministre Bernard Cazeneuve à l’université d’été du Medef, à l’hippodrome de Longchamp, le 30 août 2022.

L’ancien premier ministre Bernard Cazeneuve, opposé à l’accord entre le Parti socialiste (PS) et La France insoumise (LFI) au sein de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes), estime qu’« une autre gauche est possible, qui rompe avec l’outrance et le sectarisme », dans un manifeste publié samedi 3 septembre sur le site du Journal du Dimanche (JDD).

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Ce « manifeste » est signé par 400 personnalités de gauche, dont la quasi-totalité des opposants à la ligne pro-Nupes de l’actuel premier secrétaire du PS, Olivier Faure. On y retrouve le maire du Mans, Stéphane Le Foll, l’ex-premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis, la cheffe de file du courant minoritaire Hélène Geoffroy, maire de Vaulx-en-Velin (Rhône), ou la présidente de la région Occitanie, Carole Delga.

La maire de Paris, Anne Hidalgo – ancienne candidate du parti à la présidentielle –, ne figure pas parmi les signataires de la tribune.

« Postures grandiloquentes de l’insoumission »

Faisant le constat d’un « paysage politique dévasté », Bernard Cazeneuve, qui a quitté le PS après l’accord entre ce parti et LFI, estime que « ni la majorité relative anémiée [des macronistes], ni les oppositions majoritairement animées par la radicalité ne semblent pouvoir répondre aux attentes de nos compatriotes ».

« Il est fort probable que la communication débridée d’une majorité dévitalisée, sans boussole ni projet, et que les postures théâtrales des oppositions radicalisées ne suffiront pas à répondre à l’épuisement démocratique qui prive la République de sa force vitale », poursuit-il.

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« On aurait tort de se satisfaire des postures grandiloquentes de l’insoumission, en acceptant le mariage de l’inconséquence et de la violence, dans un nihilisme où la colère empêcherait l’avènement de l’espérance », ajoute-t-il dans ce manifeste. Pour les signataires, « la gauche à laquelle nous croyons est pétrie de l’esprit de nuance ».

« Républicains de gauche »

Dans ce contexte, « il nous revient donc à nous, républicains de gauche et d’où que nous venions, de nous organiser pour rassembler nos forces et conjuguer nos efforts afin de redonner aux Français l’espérance à laquelle ils ont droit », écrit encore Bernard Cazeneuve.

L’ex-chef du gouvernement lance « un appel à la refondation, et donc à la constitution d’une dynamique collective », et précise « le mandat des militants de l’espérance : démontrer jour après jour qu’une autre gauche est possible, qui rompe avec l’outrance et le sectarisme ».

M. Cazeneuve affirme que « si ce que nous croyons juste recueille un intérêt, un mouvement se créera, et nous en ferons une force utile pour rassembler le plus largement possible tous ceux qui se désespèrent du rétrécissement de la gauche à ses franges les plus sectaires, désormais symbolisées par la grande Internationale de la lutte contre le barbecue », en référence notamment aux récentes déclarations de la députée (Europe Ecologie-Les Verts) de Paris Sandrine Rousseau sur le lien supposé entre entrecôte et virilité masculine.

Et il tacle : « la gauche est sous la domination de Jean-Luc Mélenchon et la direction du PS s’est laissée “toutouiser” ».

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Parmi les signataires se trouvent aussi plusieurs anciens ministres socialistes (Christian Eckert, Frédéric Cuvillier, Jean Glavany, Michel Sapin ou Catherine Trautmann), des maires socialistes (comme Nicolas Mayer-Rossignol, à Rouen), le président de la région Bretagne, Loïg Chesnais-Girard, des députés « dissidents » de la Nupes, des présidents de département, des sénateurs, mais aussi des membres du Parti radical de gauche (PRG), dont son président, Guillaume Lacroix.

Pour sa part, Anne Hidalgo, qui ne soutient pas l’accord Nupes en raison de ses profondes divergences avec LFI, a estimé que « le PS ne sera plus ce qu’il était, ne sera pas comme avant, mais il y a toujours un avenir et une histoire », lors d’un discours à l’université de rentrée de la fédération socialiste de Paris. « Cette voix-là ne doit pas se cacher », a-t-elle affirmé, expliquant n’avoir « jamais eu le socialisme honteux ». « Moi la gauche je l’ai apprise au berceau, dans ce qu’elle apporte quand elle transforme, pas simplement quand elle est dans l’incantation », a-t-elle ajouté.

Le Monde avec AFP

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