La majorité soulagée mais peu enthousiasmée par la nomination d’Elisabeth Borne à Matignon – Le Monde

Ce n’était ni la liesse ni l’enthousiasme des grands jours. Mais un soulagement, assurément. Mardi 17 mai, à l’occasion de la réunion du groupe La République en marche (LRM) à l’Assemblée nationale, à laquelle se sont joints, pour l’occasion, des représentants du MoDem et d’Agir, les parlementaires macronistes ont accueilli la nouvelle cheffe de la majorité, Elisabeth Borne, comme on apprécie le calme après avoir redouté la tempête.

Au lendemain de sa nomination à Matignon, l’ancienne préfète n’a, ce jour-là, depuis la salle Victor Hugo à l’Assemblée nationale, guère galvanisé les foules. Appelant ses troupes à repartir au combat pour offrir à Emmanuel Macron une majorité « la plus large possible », à l’issue des élections législatives des 12 et 19 juin, la sexagénaire a rappelé qu’elle maintenait sa propre candidature dans la sixième circonscription du Calvados. Preuve de son courage politique, souligne son entourage. « On se retrouve très prochainement sur le terrain ! », a-t-elle promis.

Un discours protocolaire qui aura confirmé le sérieux de la nouvelle première ministre. Et tant pis si l’ex-ministre du travail « n’est pas une rigolote », glisse un participant. Après tout, ajoute ce dernier, « on n’est pas au “Club Med” ». Elisabeth Borne a le bon goût de ne pas diviser les troupes. L’ancienne conseillère de Lionel Jospin plaît à l’aile gauche de la macronie. « Quoi qu’on en dise, c’est une femme de gauche à la hauteur des impolitesses que la gauche radicale émet à son égard », estime Sacha Houlié, député (LRM) de la Vienne et ancien socialiste. Mais c’est aussi une femme qui « a fait des réformes de droite », rappelle Eric Woerth, député de l’Oise et ancien des Républicains (LR) rallié à Emmanuel Macron. « Ses compétences sont reconnues au-delà des clivages partisans », résume le député de Paris Pierre-Yves Bournazel, membre du parti Horizons.

Option plus consensuelle

Elisabeth Borne ne l’ignore pas. Sa tache sera « immense », a-t-elle rappelé mardi. Mais si certains questionnent déjà son leadership et sa capacité à tenir les troupes de la majorité qui s’étirent de la gauche à la droite modérées, la plupart soufflent. Il y a quarante-huit heures à peine bruissait encore la rumeur d’une nomination imminente de Catherine Vautrin à Matignon. Une femme de droite, actuelle présidente du Grand Reims, ancienne ministre de Jacques Chirac. Un choc pour une grande partie des macronistes. Attachée « à la question sociale », comme le promettait le chef de l’Etat, proche du terrain, elle s’était aussi opposée au mariage pour tous en 2013. En cette journée du 17 mai de lutte contre l’homophobie, certains macronistes redoutaient le signal « catastrophique » qui aurait été envoyé.

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