La “clause du grand-père” de la réforme des retraites divise l’exécutif – Le HuffPost

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Emmanuel Macron et Edouard Philippe à l’Élysée en décembre 2018 (illustration).

POLITIQUE – Un haut-commissaire à la réforme des retraites ne devrait pas dire ça. En écartant dans Le Parisien ce jeudi 7 novembre la clause du “grand-père”, envisagée par Emmanuel Macron et Édouard Philippe dans la réforme à venir, Jean-Paul Delevoye s’est attiré les foudres de l’exécutif. Auprès du quotidien, l’ancien ministre de Jacques Chirac s’est en effet montré particulièrement hostile à cette idée.

Avec cette clause, il s’agirait de limiter la réforme aux nouveaux entrants sur le marché du travail. Concrètement, c’est le principe qui s’est appliqué pour la suppression du statut des cheminots, seuls les nouveaux entrants à la SNCF perdant les bénéfices de ce généreux contrat.

“Cela reviendrait à créer un 43e régime. C’est impossible! (…) Ça veut dire que l’on renonce à la réforme”, a déclaré le haut-commissaire dans les colonnes du Parisien. Un enterrement de première classe qui n’est pas -du tout- passé au sommet de l’État, rapportent ce vendredi 8 novembre plusieurs médias, dont Le Parisien, Le Figaro, France 3, ou encore RTL. À l’issue du conseil des ministres de jeudi, Sibeth Ndiaye avait relativisé ce qui sonne comme un couac, en expliquant qu’il n’y avait “pas de divergences de ligne à l’intérieur du gouvernement” à ce sujet et que le haut-commissaire avait seulement exprimé “une préférence”.

Ce vendredi 8 novembre, le haut-commissaire a tenu à déminer la polémique en assurant à l’AFP qu’il “se rangera derrière la décision du président, du Premier ministre et du Parlement”. “Mon rôle est d’apporter des contributions au débat, (…) il sera tranché en son temps et en son heure”, a-t-il aussi déclaré devant la presse, alors qu’il était en déplacement dans le Pas-de-Calais. 

L’entourage du premier ministre Edouard Philippe a indiqué qu’“ils se sont eus au téléphone pour une mise au point, pour rediscuter la position du gouvernement”. Et en coulisses, la colère était visiblement à la hauteur de l’enjeu de cette délicate réforme.

Désavoué en conseil des ministres 

Si Jean-Paul Delevoye était absent du conseil des ministres de jeudi, Emmanuel Macron a quand même tenu à lui faire passer un message. “Je vous demande de ne pas expliquer dès maintenant ce que serait une bonne ou une mauvaise réforme en dehors de ce que disent le président de la République ou le premier ministre”, a intimé le chef de l’État, selon les propos rapportés en des termes similaires par Le Parisien et France 3 -ce qui laisse d’ailleurs penser que cette soufflante avait vocation à fuiter. Un proche du dossier, cette fois cité par Le Figaro, raconte en ces termes la tension entre Édouard Philippe et Jean-Paul Delevoye, exacerbée par cet épisode: “j’ai été témoin de propos d’une violence qu’on ne doit pas tenir devant des tiers”. 

Car, selon RTL cette fois, la méthode du haut-commissaire ne fait pas l’unanimité à Matignon, ses sorties étant jugées “trop brutales” voire “contraires” à l’orientation de l’acte II du quinquennat, censé laisser plus de place à la concertation. C’est que l’exécutif joue très gros avec ce dossier, et la crainte de revivre les grandes grèves de 1995 sur ce même thème n’est jamais loin, surtout depuis l’éruption inattendue des gilets jaunes, lesquels ont annoncé se joindre à la grande manifestation contre cette réforme prévue le 5 décembre.

“Si on réussit la réforme des retraites, on pourra dire qu’on a terminé le quinquennat”, soufflait à la rentrée au HuffPost un poids lourd de la majorité. D’où la nécessité pour l’exécutif de se garder sous le coude cette fameuse “clause du grand-père”, qui pourrait, en cas d’enlisement du conflit social, permettre de sauver cette réforme inscrite sur le programme présidentiel du candidat Macron en 2017. 

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