Jean-Luc Mélenchon au procès de la perquisition à LFI : « C’est moi, c’est nous qui sommes violentés » – Le Monde

Le président de La France insoumise était le premier des six prévenus à répondre, jeudi, de rébellion, provocation directe à la rébellion et intimidation envers des magistrats et des dépositaires de l’autorité publique, devant le tribunal correctionnel de Bobigny.

Par Publié aujourd’hui à 05h43, mis à jour à 06h35

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Jean-Luc Mélenchon devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis), le 19 septembre.

Le président Benoît Descoubes n’a « pas vraiment de questions » à poser au président de La France insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon, premier des six prévenus à répondre, jeudi 19 septembre, de rébellion, provocation directe à la rébellion et intimidation envers des magistrats et des dépositaires de l’autorité publique devant le tribunal correctionnel de Bobigny (Seine-Saint-Denis). « La matérialité des faits qui vous sont reprochés est établie. Les images sont là. »

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On les connaît ces images de la perquisition interrompue au siège de LFI le 16 octobre 2018. On les revoit, on les re-revoit, saisies par les caméras d’une télévision, par les téléphones des militants, par celui de Jean-Luc Mélenchon lui-même, par les policiers présents lors de l’opération. Avec son, sans son, hachées, continues, sous tous les angles. Leur diffusion dure une matinée entière dans la salle d’audience.

On en sait toutes les répliques depuis l’arrivée tonitruante de Jean-Luc Mélenchon au siège de son mouvement. Montée rapide des escaliers. « Allez, enfoncez-moi cette porte ! On va voir si on va m’empêcher d’entrer dans mon local ! » Eructations face au gendarme impavide qui garde l’entrée. « C’est pas de la police que vous êtes en train de faire, Monsieur ! Ne me touchez pas ! [« C’est vous qui me touchez », répond calmement le gendarme] La République, c’est moi ! Poussez-vous de là ! Allez ! On va voir qui va avoir le dernier mot ici ! »

La porte oscille sous la poussée du groupe emmené par Jean-Luc Mélenchon, celle d’en face s’entrouvre, le groupe se précipite : « Allez, on pousse ! On est chez nous ici ! », répète-t-il. On entend des cris, une table se renverse, un policier et un militant tombent, le député Alexis Corbière vocifère, on le retient, il crie plus fort. Dans un autre angle de la pièce, Jean-Luc Mélenchon plaque le procureur contre la porte, un policier s’interpose. Encore quelques échanges salés, puis l’atmosphère se détend, mais la perquisition est interrompue. « On ne peut pas continuer dans ces conditions », constate un enquêteur.

Le président a tout de même une question :

Quelque chose m’étonne. Vous montez avec des militants et tout de suite, vous criez. Pourquoi ne demandez-vous pas à rentrer calmement ?

Jean-Luc Mélenchon a des réponses, beaucoup de réponses. « Les images ? Mais elles mentent depuis deux mille ans les images ! Et dans la vie, il n’y a pas que les gros plans. » Il évoque d’abord son réveil, le matin même, chez lui, à 7 heures, par des « personnes armées qui fouillent [ses] affaires, siphonnent [son] téléphone. C’est un moment d’extrême violence, de confusion, de sidération. Je reçois des informations sur ce qui se passe au siège de mon parti, je ressens un extraordinaire sentiment d’humiliation. Je suis président d’un groupe d’opposition. J’ai une responsabilité morale qui m’engage par rapport à tous ceux qui m’ont confié leurs noms, prénoms, coordonnées. Je ne peux pas ne pas avoir à l’esprit l’environnement politique de tout ça. »

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