IVG médicamenteuse ou instrumentale : les femmes n’ont pas toujours le choix de la méthode – Le Monde

Une jeune femme venue pour un avortement médicamenteux remplit la fiche de liaison nécessaire, au planning familial du 2e arrondissement de Paris, en septembre 2021.

A l’heure où le droit à l’IVG est menacé dans le monde, comme aux Etats-Unis, où la Cour suprême a annulé l’arrêt Roe vs Wade – qui garantissait le droit à l’avortement au niveau fédéral – a lieu, mercredi 28 septembre, la Journée internationale pour le droit à l’avortement. En France, les députés se pencheront, fin novembre, sur la proposition de loi de la majorité, visant à inscrire ce droit dans la Constitution. Mais, en dépit de récentes avancées, comme l’allongement du délai légal à quatorze semaines de grossesse, depuis la loi du 2 mars, des inégalités d’accès à l’IVG demeurent, selon le profil des femmes ou encore leur lieu de résidence. Moins connu, un autre enjeu fait débat : la préservation du choix de la méthode d’avortement. Un élément qui figure pourtant en préambule des recommandations de bonne pratique de la Haute Autorité de santé (HAS).

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Mises à jour en 2021, dans un souci d’adaptation au contexte de crise sanitaire, les recommandations de la HAS préconisent la pratique de l’IVG médicamenteuse en établissement de santé comme en ville, jusqu’à neuf semaines d’aménorrhée. Après ce délai, la HAS recommande fortement aux praticiens d’avoir recours à une IVG instrumentale, jusqu’à seize semaines d’aménorrhée, soit quatorze semaines de grossesse.

Une IVG médicamenteuse débute avec la prise d’un premier médicament qui permet d’arrêter la grossesse : la mifépristone. Une seconde prise de médicament, le misoprostol, s’effectue trente-six à quarante-huit heures après la prise du premier. Il favorise les contractions et provoque l’expulsion de l’œuf. L’IVG instrumentale, technique chirurgicale qui nécessite une anesthésie et une brève hospitalisation, est, elle, pratiquée, jusqu’à présent, uniquement par les médecins – une expérimentation doit démarrer pour ouvrir cette pratique aux sages-femmes.

Aucune donnée globale n’existe, à l’échelle nationale, concernant le nombre d’IVG médicamenteuses après neuf semaines d’aménorrhée. Selon les dernières données de la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), publiées mardi 27 septembre, 76 % du total des IVG pratiquées en 2021 étaient médicamenteuses, qu’elles soient réalisées en établissement de santé ou non. Ce chiffre s’élevait à seulement 31 % en 2001. Et 76 % des avortements médicamenteux réalisés à l’hôpital le sont à moins de huit semaines d’aménorrhée.

« Médecine un peu honteuse »

Cependant, Isabelle Derrendinger, présidente du conseil national de l’ordre des sages-femmes, fait un constat alarmant : « Si on croise les différentes données de la Drees, en plus de l’augmentation du nombre d’IVG médicamenteuses, il y a une augmentation du nombre d’IVG réalisées entre douze et quatorze semaines d’aménorrhée [un sur vingt en 2020]. Il y a donc une augmentation du nombre d’IVG médicamenteuses au-delà de neuf semaines d’aménorrhée, ce qui va à l’encontre des recommandations de la HAS. »

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