Guerre en Ukraine, en direct : nouveaux affrontements en dépit du cessez-le-feu unilatéral décidé par Moscou – Le Monde

Face aux difficultés, le Kremlin s’efforce de donner un caractère religieux à la guerre en Ukraine

Depuis plusieurs semaines, selon l’analyse de l’Agence France-Presse (AFP), le pouvoir russe s’efforce de donner une dimension religieuse et sacrée à l’invasion de l’Ukraine. Vladimir Poutine a ainsi affirmé, lors de ses vœux du Nouvel An, que la « justesse morale » était du côté de Moscou.

Cette revendication illustre la volonté des autorités d’aplanir les doutes d’une partie de la population désarçonnée par l’entrée des troupes russes dans un pays où la majorité des croyants sont, comme en Russie, des chrétiens orthodoxes.

Alors que Moscou essuyait plusieurs revers militaires, la rhétorique religieuse a pris de plus en plus d’ampleur à partir de l’automne, hauts responsables et médias étatiques présentant l’intervention comme une « guerre sainte » contre un Occident dépeint comme décadent. Le puissant chef de l’Eglise orthodoxe russe, le patriarche Kirill, a lui aussi exprimé son soutien à l’offensive.

L’imbrication du religieux et du militaire se manifeste aussi par l’envoi de dizaines de prêtres sur le front pour soutenir les soldats. Le prêtre militaire Sviatoslav Tchourkanov explique à l’AFP que ces missions ont pour objectif d’empêcher les soldats de « perdre leur âme (…), même si la situation les y pousse ».

Signe de l’importance de ces religieux, M. Poutine a décerné en novembre le titre de « Héros de la Fédération de Russie », plus haute distinction du pays, à un prêtre orthodoxe tué dans la zone de combats, Mikhaïl Vassiliev.

Mais cette implication de l’Eglise dans le conflit ne fait pas l’unanimité. « Cette rhétorique de “guerre sainte” vient tout droit du Moyen Age », estime ainsi Andreï Kordotchkine, prêtre de l’Eglise orthodoxe russe en poste à Madrid, dans une interview à l’AFP. « C’est exactement ce terme qui était utilisé par le pape Urbain II lorsqu’il a béni la croisade [lancée en 1096], promettant aux croisés que leurs péchés seraient pardonnés », explique-t-il. « Mais (…) une guerre, qui est une forme de meurtre, ne peut avoir aucun sens spirituel », ajoute-t-il.

Dès le 1er mars, une tribune contre « la guerre fratricide » a été signée par 293 religieux orthodoxes. Plusieurs signataires du texte ont été sanctionnés par le patriarcat, confie l’un d’eux, sous couvert d’anonymat. « Certains ont été déplacés de leur paroisse où ils servaient depuis des années et remplacés par des prêtres loyaux envers le pouvoir », dit-il, qualifiant l’offensive russe de « catastrophe ».

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