Iran : les visiteurs français invités par Paris à quitter le pays « dans les plus brefs délais » – Le Monde

Des policiers iraniens anti-émeutes, sur des motos, à Téhéran, le 3 octobre 2022.

Les Français « de passage en Iran sont invités à quitter le pays dans les plus brefs délais compte tenu des risques de détention arbitraire auxquels ils s’exposent », alerte, vendredi 7 octobre, le ministère français des affaires étrangères dans une mise à jour des conseils aux voyageurs, sur son site.

« Tout visiteur français, y compris binational, s’expose à un risque élevé d’arrestation, de détention arbitraire et de jugement inéquitable », indique le ministère, précisant que « ce risque concerne également les personnes effectuant une simple visite touristique », et qu’« en cas d’arrestation ou de détention, le respect des droits fondamentaux et la sécurité des personnes ne sont pas garantis ».

Le ministère explique que « la capacité de l’ambassade de France à Téhéran à assurer la protection consulaire des ressortissants arrêtés ou détenus en Iran est très contrainte ».

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Une vidéo « d’aveux » d’espionnage

Cette alerte intervient au lendemain de la diffusion d’une vidéo « d’aveux » d’espionnage de deux Français arrêtés en mai en Iran, sur le site de la chaîne arabophone al-Alam de la télévision officielle. Dans cette séquence, une jeune femme s’exprimant en français affirme s’appeler Cécile Kohler et être agent de renseignement opérationnel à la direction générale de la sécurité extérieure (DGSE, service de renseignement français). La femme affirme qu’elle et son conjoint étaient en Iran « pour préparer les conditions de la révolution et du renversement du régime iranien ».

Le ministère français des affaires étrangères a dénoncé cette « vidéo révoltante », qui « met en scène de faux aveux, extorqués sous la contrainte », et les familles du couple de Français ont alerté, vendredi, sur des « conditions inhumaines de détention (…) pour des motifs fallacieux », avec une « pression psychologique inimaginable ».

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Le couple est « privé d’avocats et l’accès consulaire leur est sans cesse refusé », précise le communiqué transmis à l’Agence France-Presse (AFP) par les familles de Jacques Paris et Cécile Kohler. Paris a exigé « la libération immédiate de [nos] compatriotes détenus arbitrairement ».

Les deux Français avaient été arrêtés en mai dernier à un moment où l’Iran était le théâtre de manifestations d’enseignants qui réclamaient des réformes pour une revalorisation de leurs salaires et appelaient à la libération de collègues arrêtés lors de précédentes mobilisations.

« Jacques et Cécile ne sont pas des agents de la DGSE », affirment leurs familles. « Cécile est professeure de français. Jacques est retraité de l’éducation nationale », précise encore le communiqué des familles, selon qui le couple s’était rendu en Iran comme « touristes ».

L’Iran a accusé à plusieurs reprises des forces extérieures d’attiser les protestations et fait savoir la semaine dernière que neuf ressortissants étrangers, notamment de France, d’Allemagne, d’Italie, de Pologne et des Pays-Bas, avaient été arrêtés.

Répression sanglante

Une photo obtenue par l’Agence France-Presse, le 7 octobre 2022, montre une fontaine avec son eau colorée en rouge devant le Forum des artistes, au parc Honarmandan, dans la capitale iranienne Téhéran.

Le pays traverse actuellement une forte crise sociale. La colère suscitée par la mort, le 16 septembre, de Mahsa Amini, a déclenché les manifestations les plus importantes depuis près de trois ans. Cette Kurde iranienne de 22 ans est morte trois jours après son arrestation à Téhéran par la police des mœurs pour infraction au code vestimentaire strict imposant notamment aux femmes de porter le voile dans le pays. Selon un rapport médical publié vendredi par la République islamique, sa mort en détention est liée à une maladie du cerveau et n’a pas été causée par des coups.

Sur une vidéo publiée en ligne jeudi et authentifiée par l’AFP, un groupe de femmes chante « mort au dictateur » à Racht, dans le Nord. D’autres images montrent des femmes crier « Azadi » (« liberté » en persan) et applaudir fortement en marchant dans une rue de Qods, à l’ouest de Téhéran.

Selon l’ONG Iran Human Rights (IHR), basée à Oslo, au moins 92 manifestants ont été tués dans la répression, qui s’est accompagnée de restrictions d’accès à Internet, notamment des blocages d’Instagram et de WhatsApp.

Amnesty International dit avoir confirmé 52 cas de personnes tuées par les forces de sécurité, mais estime que « le nombre réel est bien supérieur ». Dans la capitale Téhéran, un artiste anonyme a coloré des fontaines d’eau en rouge en référence à cette répression sanglante.

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Le Monde avec AFP

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