Incendies en Gironde : entretien de la forêt, coordination des secours, disponibilité des Canadair… les rais – LaDepeche.fr

l’essentiel Cela fait maintenant une semaine, ce mardi 19 juillet, que la Gironde est ravagée par deux gigantesques incendies. Le feu n’est toujours pas fixé et le bilan s’élève aujourd’hui à 17 000 hectares de forêts brûlées. Au-delà de l’impact du changement climatique et de la canicule, l’entretien de certaines parcelles, la coordination des secours et la disponibilité des Canadair font débat.

Un pin produit en moyenne 2,5 litres de résine par an. Un litre de résine contient 20 % d’essence de térébenthine. L’inflammable « poix de Bordeaux » autrefois… Que se passe-t-il avec une météo caniculaire si les premières flammes ne sont pas maîtrisées, faute de moyens ? Tout simplement, le désastre vécu depuis une semaine par la Gironde et que chacun redoute de voir se propager.

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Car le pin maritime, c’est en effet « l’essence essentielle » du massif forestier des Landes de Gascogne – plus grande forêt artificielle d’Europe – puisqu’il étend son tapis d’aiguilles sèches et de torches potentielles sur un triangle d’un million d’hectares dont les sommets sont Tarnos (40), la Pointe de Grave (33) et Nérac (47). « Avec ces températures, chaque pomme de pin devient une grenade incendiaire », résume alors un forestier, ne pouvant écarter le spectre du grand incendie de 1949 (82 morts, 52 000 ha dont 25 000 de bois détruits).

Quelque 10 000 ha brûlés – à ce jour – dans le secteur de Landiras, près de Langon, alors que le feu gagne au sud et a minima 4 300 ha à La Teste-de-Buch, au sud du bassin d’Arcachon : c’est, de fait, déjà plus que la moyenne annuelle de tous les incendies subis sur le territoire français, depuis dix ans. Mais c’est surtout le premier « mégafeu » enregistré en France, selon la définition américaine (plus de 10 000 ha détruits).

« Malheureusement, je ne pensais pas avoir raison si vite »

Avec bientôt plus de 20 000 habitants évacués, une colère sourde gronde donc, aujourd’hui en Aquitaine. Une colère que les 1 700 sapeurs-pompiers venus de toute la France, les 6 Canadair et les 3 Dash envoyés, ne suffiront sans doute pas à éteindre, tant c’est bien la mécanique d’un désastre annoncé qui se constate depuis le 12 juillet.

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« Les feux de forêts : l’impérieuse nécessité de renforcer les moyens de lutte face à un risque susceptible de s’aggraver ». C’était le titre en 2019 d’un rapport du sénateur Jean-Pierre Vogel (LR), rapporteur spécial des crédits du programme « Sécurité civile ». Sur sa carte de la France métropolitaine, la Gironde y était déjà le seul département en rouge : celui enregistrant le plus d’incendies. De quoi en faire une priorité ? Les faits répondent aujourd’hui à la question.

Et « malheureusement, je ne pensais pas avoir raison si vite », constate Jean-Pierre Vogel, que nous avons joint hier. Il regrette notamment « le manque d’anticipation des gouvernements successifs sur cet accroissement des risques et le vieillissement des Canadair » entraînant « la baisse de leur disponibilité opérationnelle » alors que leurs six tonnes d’eau sont indispensables pour bloquer la propagation les flammes.

« Ce qui se passe aujourd’hui, c’est du niveau de 1949 »

« C’est une tragédie. Ce qui se passe aujourd’hui, c’est du niveau de 1949 sauf qu’à l’époque, les gens attaquaient le feu avec des branchages et qu’aujourd’hui, on voit des pompiers impuissants avec des citernes de 5 000 litres », confirme sur place Frédéric Laby, directeur territorial Landes-Gascogne de la coopérative forestière Alliance, gérant 50 % des surfaces de pins. Structure dont les personnels et matériels sont lancés dans une course contre la montre pour élargir jusqu’à 40 mètres les pare-feu.

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Comme tous les professionnels de la forêt contactés, s’il salue le courage des sapeurs-pompiers au sol, il n’en pointe pas moins l’insuffisance des moyens mis en œuvre au départ du feu de Landiras, l’absence de Canadair sur ce secteur dévasté et la coordination insuffisante des états-majors avec les 2 500 bénévoles des associations de Défense de la forêt contre l’incendie (DFCI), cette première semaine.

Historiquement en charge de la prévention tandis que les pompiers ont la lutte anti-incendie pour mission, les DFCI connaissent, en effet, leur terrain par cœur, zones à risques comme points d’eau et peuvent utilement aider les secours. « Mais samedi, je n’ai pas été sollicité une seule fois », se désole Jacques Hazema, expert forestier, expert judiciaire et conseiller technique de la DFCI à Louchats, où le feu s’étendait. Et ce n’est pas un cas isolé, selon nos sources.

En 2021, la DFCI avait également programmé de débroussailler une partie de la forêt usagère de La Teste-de-Buch, patrimoine forestier et culturel, régi par des coutumes médiévales et d’Ancien régime. Face au tollé déclenché par certains écologistes, au nom du respect « du droit des usagers qui cogèrent la forêt de manière vertueuse pour l’environnement », cela n’a pas été fait laissant le site en « véritable poudrière » selon un forestier. Environ 3 200 de ses 3 800 ha ont brûlé.

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