Grève du 19 janvier contre la réforme des retraites : ce que l’on peut attendre de la mobilisation dans les écoles, les transports ou encore le secteur énergétique – Le Monde

Ceux qui le peuvent envisagent le télétravail et bien des parents vont devoir trouver une solution de garde. Le mouvement contre la réforme des retraites, prévu jeudi 19 janvier à l’appel d’une rare coalition de syndicats, devrait entraîner son lot de perturbations dans les transports, l’éducation nationale et l’énergie. Ce que l’on sait, à ce stade, de cette mobilisation contre le projet du gouvernement, qui prévoit notamment de relever de 62 à 64 ans l’âge légal de départ en retraite, et des complications qu’elle peut provoquer.

Un mouvement unitaire

Impossible de prédire le nombre de manifestants qui défileront, jeudi, partout en France. Parmi les indicateurs disponibles, les syndicats recensent au moins deux cents points de rassemblement dans le pays, a affirmé lundi à l’Agence France-Presse (AFP) Céline Verzeletti, secrétaire confédérale CGT. Les huit principaux syndicats (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, UNSA, Solidaires, FSU) ont appelé à faire grève et espèrent donner « le départ d’une puissante mobilisation dans la durée ». Fait marquant, la participation de la CFDT, syndicat réputé réformiste, avec lequel l’exécutif n’est jamais parvenu à s’entendre sur ce dossier. Le numéro un de la CFDT, Laurent Berger, attend un mouvement « massif » tandis que son homologue de la CGT, Philippe Martinez, espère « des millions » de grévistes et de manifestants. Mardi à la mi-journée, près de 440 000 personnes avaient signé en ligne la pétition de l’intersyndicale contre la réforme – ce qui ne veut pas dire qu’elles descendront toutes dans la rue.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Les risques politiques d’une réforme déséquilibrée

Lors d’une des principales journées de mobilisation contre le précédent projet de réforme des retraites en 2019 – le 5 décembre –, 806 000 personnes avaient manifesté selon le gouvernement, et 1,5 million selon la CGT. Depuis, la météo sociale s’est alourdie de l’inflation galopante qui grignote le pouvoir d’achat, dopant la conflictualité dans les entreprises et causant de nombreux mouvements de grève à l’été 2022 pour des hausses de salaires.

Dans les transports

La mobilisation s’annonce importante parmi les employés des transports, à la SNCF et à la RATP. Les syndicats de cette dernière sont d’autant plus mobilisés que la réforme supprime le régime spécial des agents de l’entreprise publique. Quant à la SNCF, l’abolition du régime spécial pour les nouveaux embauchés, à partir de 2018, a mécaniquement augmenté la part des salariés rattachés au régime général et donc concernés par la réforme portée par l’exécutif. Les syndicats de l’entreprise ferroviaire se sont remarquablement coordonnés pour préparer la mobilisation : la CGT-Cheminots a rédigé le préavis, l’UNSA-Ferroviaire l’information aux salariés, et SUD-Rail les communiqués de presse, tous cosignés.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Fin des régimes spéciaux : la riposte s’organise dans l’énergie et les transports

Le précédent projet de réforme des retraites avait entraîné des semaines de paralysie des transports en commun, de la fin de 2019 au début de 2020. Il avait fallu près de cinquante jours pour que la SNCF retrouve une exploitation normale.

Du côté des aéroports, la Direction générale de l’aviation civile a demandé mardi aux compagnies aériennes d’annuler préventivement un vol sur cinq à Orly, jeudi, en raison d’une grève de contrôleurs.

Près de trois quarts de grévistes attendus dans les écoles

Le Snuipp-FSU, premier syndicat de l’enseignement primaire, a annoncé mardi qu’il prévoit 70 % d’enseignants grévistes dans le premier degré (école élémentaire et préélémentaire), présageant de nombreuses fermetures de classe et d’établissements, jeudi. C’est beaucoup plus que le taux de 50 % constaté par le ministère de l’éducation nationale au premier jour de grève en 2019. Il est difficile d’anticiper la mobilisation des enseignants du second degré (collèges et lycées), car eux ne sont pas tenus au préavis de grève.

Possibles baisses de production d’électricité et de carburants

Le scénario d’un mouvement reconductible se dessine dans le secteur de l’énergie, où « des baisses de production d’électricité » sont à prévoir, sans « aller jusqu’au black-out », a prévenu le leader de la FNME-CGT Sébastien Menesplier auprès de l’AFP. L’ambition est de « vraiment désorganiser le travail ou peser sur l’économie » des entreprises, a-t-il précisé.

Il a évoqué de possibles coupures locales visant les élus qui soutiennent la réforme. « On va aller discuter avec eux, et puis si d’aventure ils ne comprennent pas le monde du travail, on les ciblera dans les coupures », a-t-il affirmé lors d’une rencontre au siège de la CGT à Montreuil (Seine-Saint-Denis).

La grève pourrait aussi avoir un impact sur le redémarrage de certains réacteurs nucléaires, avec pour conséquence « peut-être un manque de capacités de production », selon M. Menesplier. Franck Redondo, responsable FO à la centrale nucléaire de Gravelines (Nord), se projette pour sa part déjà « sur d’autres journées d’actions ».

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Les gagnants et les perdants de la réforme, en neuf cas pratiques

Une montée en puissance se profile aussi dans les raffineries. Les syndicats CGT de la branche pétrole ont annoncé plusieurs jours de grève, avec un arrêt de travail de vingt-quatre heures le 19 janvier, de quarante-huit heures le 26 et de soixante-douze heures à partir du 6 février. Ces mobilisations causeront, « si nécessaire, l’arrêt des installations de raffinage », faisant planer le risque de blocage, selon un communiqué diffusé le 12 janvier par Eric Sellini, coordinateur national du syndicat pour TotalEnergies. L’appel entraînera des « baisses de débit » et « l’arrêt des expéditions », a-t-il précisé.

Newsletter

« Politique »

Chaque semaine, « Le Monde » analyse pour vous les enjeux de l’actualité politique

S’inscrire

Lundi matin, 3,75 % des stations-service françaises étaient à court soit d’essence, soit de gazole, selon des données publiques analysées par l’AFP, le secteur pétrolier évoquant des pleins réalisés par précaution avant la grève.

Les soignants et la police mobilisés

Des travailleurs d’autres secteurs d’activité devraient également se faire entendre. L’UNSA-Santé-Sociaux a déposé un préavis de grève du 10 janvier au 1er février « dans le cadre de la réforme des retraites ». Le bloc syndical majoritaire chez les policiers, fédérant treize organisations et conduit par Alliance-CFE-CGC et UNSA-Police, a également appelé à la participation, avec comme slogan  « On ne touche pas au statut spécial des policiers ». La CGT-Services publics appelle aussi à la mobilisation, de même que le SNPNC-FO, le syndicat des hôtesses de l’air et des stewards, et qu’une intersyndicale du ministère des affaires étrangères, qui se félicite d’une « première » au Quai d’Orsay.

Le Monde avec AFP

Leave a Reply

Discover more from Ultimatepocket

Subscribe now to keep reading and get access to the full archive.

Continue reading