Face au manque de neige, « les stations de ski de moyenne altitude sont amenées à disparaître » – Le HuffPost

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Station Le Markstein-Grand Ballon / Facebook

Station Le Markstein-Grand Ballon / Facebook

Au Grand ballon d’Alsace, les chutes de neige (photo prise ici au Markstein fin novembre) sont insuffisantes pour se passer des canons de neige.

NEIGE – « Il n’y a pas de neige, et la météo n’en annonce pas. » Ce mardi 13 décembre, Robert Guillaume, responsable de la petite station de ski de la Combe Saint-Pierre dans le Jura, ne peut que constater la situation. Face au manque de flocons, il ne peut toujours pas ouvrir ses pistes.

« Cela faisait trois ou quatre ans que ce n’était pas arrivé. Ces trois dernières années, on a pu ouvrir avant Noël. Mais bon, nous ne sommes pas encore en hiver, c’est le 21 décembre ! », tente-t-il de relativiser. En attendant qu’un précieux manteau blanc recouvre sa montagne, une « patinoire extérieure naturelle » accueille les férus de sport d’hiver de la région.

Depuis plusieurs années, le changement climatique bouleverse les stations de moyenne montagne comme à la Combe Saint-Pierre, dont le sommet culmine à environ 1 000 mètres. À cause du climat plus doux, les chutes de neige sont plus tardives, plus rares et moins abondantes. Même si chaque année est différente, la tendance sur le long terme est confirmée par tous les exploitants contactés par le HuffPost.

« Blanc de loin mais loin d’être blanc »

Comme dans le Jura, la neige vient à manquer au Larcenaire, station gérée par Maxime Laurent dans les Vosges. Sur son site Internet, le bulletin d’enneigement affiche tristement la dernière chute de neige du 10 décembre. Il est tombé en moyenne un centimètre. « Les hivers sont décalés dans le temps. Avant, ça tombait en octobre ou en novembre. C’est de plus en plus tard, la saison est de plus en plus courte », pointe-t-il.

Une partie de ses pistes vont malgré tout ouvrir ce samedi 17 décembre. Pour cela, il a recours aux canons à neige, critiqués pour leur impact écologique mais indispensables pour lui permettre d’avoir une activité. Au niveau national, 39% des pistes y ont recours, selon le Monde. « C’est blanc de loin, mais c’est loin d’être blanc’’, comme on dit chez nous », philosophe Maxime Laurent.

La neige artificielle, c’est également ce qu’a utilisé le Grand-Bornand pour accueillir la coupe du monde de biathlon du 15 au 18 décembre. Cette décision a entraîné de nombreuses critiques d’associations environnementales. Comme les organisateurs de la compétition, Maxime Laurent martèle : « Les stations de ski ne sont pas coupables, elles subissent le réchauffement climatique. »

La neige artificielle, une question de survie

Au Ballon d’Alsace, les canons à neige sont aussi une question de survie. « Cette année, il n’est pas tombé grand-chose, environ 2 centimètres. Ce n’est pas forcément exceptionnel, car nous savons que ce sera de plus en plus comme ça », se résigne le chargé de mission Thibault Manolios.

La neige artificielle a été utilisée pour garantir l’ouverture du site alpin ce samedi 17 décembre, soit une semaine plus tard qu’en 2021. En revanche, « nous n’avons pas de canons à neige sur le site nordique. Puisqu’il n’y a pas de neige fraîche, celui-ci reste fermé pour le moment », détaille-t-il.

Devant ce constat accablant, Thibault Manolios pense que « les stations de moyenne altitude sont amenées à disparaître petit à petit. Ce qui nous permettra de continuer, c’est de trouver d’autres activités pour faire découvrir les moyennes montagnes. On a conscience de cette problématique ».

Vers un modèle « quatre saisons »

Justement, de plus en plus de domaines se dirigent vers le modèle des « quatre saisons », appuyé par le gouvernement dans son plan « Avenir Montagne », pour faire vivre les stations toute l’année. Au Ballon d’Alsace, le sujet est actuellement à l’étude afin de « proposer de nouvelles activités si jamais il n’y a pas de neige, comme utiliser les remontées mécaniques en été ou développer la randonnée », précise Thibault Manolios.

À la Combe Saint-Pierre, il n’y a pas de canons à neige. Toutefois, « ça ne remet pas en cause notre existence, car nous sommes une station quatre saisons depuis 2007 : on a l’accrobranche, on utilise les téléskis l’été pour les VTT. En gros, s’il y a de la neige tant mieux, sinon tant pis », explique Robert Guillaume. Au départ, la stratégie de diversification n’avait rien à voir avec le changement climatique, mais « c’est un choix payant aujourd’hui », se réjouit-il.

Si les stations de moyenne montagne sont frappées de plein fouet, la haute montagne est aussi victime des bouleversements de la météo. Cette année, les très touristiques stations de Val-Thorins, Val d’Isère, ou encore Tignes ont été contraintes de repousser leur ouverture faute de neige. Elles seront bientôt obligées, elles aussi, d’envisager un nouveau modèle.

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