Détenue à Téhéran, l’universitaire franco-iranienne Fariba Adelkhah entame une grève de la faim – Le Monde

La chercheuse Fariba Adelkhah, en 2012.

La chercheuse Fariba Adelkhah, en 2012. THOMAS ARRIVE / SCIENCES PO / AFP

Mardi 24 décembre, après sept mois de détention à Téhéran, la chercheuse franco-iranienne Fariba Adelkhah, qui est accusée d’espionnage par la justice de la République islamique, a entamé une grève de la faim avec une de ses codétenues, l’universitaire australienne Kylie Moore-Gilbert.

Dans une lettre que les deux femmes ont pu faire parvenir de manière clandestine à l’extérieur de la prison où elles sont détenues, et qui a été relayée par le Centre pour les droits de l’homme en Iran ainsi que par des soutiens de Fariba Adelkhah à Paris, elles annoncent avoir cessé de s’alimenter « au nom de tous les universitaires et les chercheurs en Iran et au Moyen-Orient que l’on emprisonne injustement (…) pour avoir fait leur travail ».

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L’information a été confirmée, jeudi 26 décembre, par Jean-François Bayart, professeur à l’Institut de hautes études internationales et du développement (IHEID, Genève) et membre de son comité de soutien, se fondant sur des déclarations du ministère français des affaires étrangères et sur des éléments apportés par des sources proches. La double nationalité, française et iranienne, de Mme Adelkhah, anthropologue, directrice de recherche au Centre de recherches internationales (CERI) de Sciences Po, n’est pas reconnue par Téhéran.

Accusée de s’être livrée à des activités dissimulées de renseignement, Mme Adelkhah avait été arrêtée à son domicile le même jour que son collègue français et ami Roland Marchal, interpellé pour sa part à son arrivée à l’aéroport de Téhéran. M. Marchal, spécialiste de l’Afrique de l’Est, venait rendre visite à Mme Adelkhah. Motivés par des accusations similaires à celles qui pèsent sur sa collègue, son arrestation et son emprisonnement n’avaient pas été rendus publics avant le mois d’octobre.

Dans la lettre signée par Fariba Adelkhah et sa collègue australienne – également accusée d’espionnage –, la chercheuse franco-iranienne se plaint d’actes de « tortures psychologiques » commis à leur encontre. Un témoignage en provenance de la prison et transmis au Monde fait par ailleurs état de grèves de la faim temporaires observées en solidarité avec les deux prisonnières par d’autres femmes détenues au même endroit.

L’arrestation – et la détention – de binationaux ou d’étrangers est un levier couramment utilisé par Téhéran pour faire pression sur ses adversaires ou pour obtenir la libération de certains de ses ressortissants. Or la détention des deux universitaires – Fariba Adelkhah et Roland Marchal –, qualifiée « d’intolérable » par le président français Emmanuel Macron le 10 décembre, s’inscrit dans le contexte particulier d’une tentative désormais en sommeil de médiation française entre Washington et Téhéran.

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