Coronavirus: Parler du déconfinement est-il prématuré? – Le HuffPost

AFP/TF1
Edouard Philippe, Premier ministre, à la télévision
POLITIQUE – L’équilibre n’est pas simple à trouver. Entre “ne pas prendre les Français pour des imbéciles” et “ne pas parler trop vite de l’après pour que le confinement soit respecté”, on dirait que le personnel politique – majorité comme opposition – hésite, en pleine pandémie du Covid-19.

Alors que la question du déconfinement va être centrale pour les Français et le gouvernement et qu’elle commence à poindre dans le débat public, elle est sans doute plus difficile encore à gérer que le confinement lui-même; celui-ci a été rallongé de deux semaines et dure théoriquement jusqu’au 15 avril.

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La première fois qu’il en a parlé de cet après, Édouard Philippe a quelque peu douché tous ceux qui s’attendaient à une sortie de crise “classique” au mois d’avril. “Il est probable que nous ne nous acheminions pas vers un déconfinement général et absolu en une fois, partout et pour tout le monde”, expose-t-il à l’Assemblée nationale, mercredi 1er avril, devant la mission d’information chargée de contrôler la gestion de la crise par le gouvernement.

“Le mot déconfinement a été prononcé trop tôt”

Il en parle, à la surprise générale, mais prévient dans le même temps que ça ne sera pas le grand débordement. Une stratégie sur deux jambes qui laisse pantois ses opposants politiques. Certains, à l’image du député LR Damien Abad, estiment que le mot n’aurait pas sortir dès maintenant de la bouche du Premier ministre. “Le mot déconfinement a été prononcé trop tôt”, regrette le député de l’Ain, ce 5 avril, lors du “Grand Rendez-vous” Europe 1, CNews et Les Échos.

Le président du groupe LR à l’Assemblée nationale va même jusqu’à faire le lien avec le relâchement observé ce week-end, notamment à Paris, en raison du beau temps. “On note un relâchement dans le confinement” alors qu’il est “indispensable pour éviter une deuxième vague” de malades du coronavirus, avertit Damien Abad. Le responsable du premier groupe d’opposition à l’Assemblée demande alors gouvernement d’”éviter les injonctions contradictoires qui peuvent renforcer l’indiscipline ici ou là”.

Un avis qui semble partagé dans le corps médical, en première ligne dans la lutte contre le virus. “Je ne comprends même pas qu’on parle du déconfinement, ça continue d’arriver constamment”, déplorait par exemple auprès de l’AFP un, infirmière au Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne), racontant les services submergés de malades.

“Redoutablement complexe”

Pour gérer cette délicate question du post-confinement que le Premier ministre juge “redoutablement complexe”, ce dernier a nommé un expert des arcanes de l’État, l’ancien secrétaire général adjoint de l’Élysée sous Nicolas Sarkozy, le haut fonctionnaire Jean Castex.

Le choix de cet élu local pour mener l’après-confinement semble faire consensus. Même le leader de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, salue la décision en ces termes sur le plateau du Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro. “Il connaît bien l’État, c’est bien”, affirme le député des Bouches-du-Rhône.

À propos du déconfinement, comme sur la question des masques, l’un des principaux opposants au pouvoir en place reste prudent et n’accable pas l’exécutif. “La question du déconfinement (…) est encore plus compliquée”, reconnaît le président du groupe LFI à l’Assemblée qui a bien sa petite idée sur le sujet. “Il faut tester, isoler les gens malades et planifier”, résume-t-il sans oublier de lâcher un coup: “Ils n’ont rien préparé pour entrer dans la crise et ils ne préparent pas l’après”.

“Cela méritera un débat au Parlement”

Côté LR, on attend également au tournant le gouvernement. Damien Abad estime que “cela méritera un débat au Parlement pour essayer de trouver un consensus”. Avis partagé par le député PS Boris Vallaud, ce dimanche sur France 3. À droite, on demande aussi un “dépistage massif”, l’isolement des “personnes les plus fragiles”, et la “généralisation du port du masque”, comme le préconisent de plus en plus d’experts.

“C’est bien de penser au relâchement, mais il faut se concentrer sur le confinement, c’est ce qui permet de sauver des vies”, a insisté Olivier Véran, le ministre de la Santé, auprès du média en ligne Brut lors d’une interview le 4 avril.

″Évidemment, il faut se projeter dans l’après-crise”, admet le ministre. “Plein de scénarios sont sur la table. Peut-être que ce sera régional, peut-être dans toute la France, on n’a pas de certitudes”, assure-t-il, tout en se voulant ferme sur le confinement actuel. “Quand on écoute les soignants ils vous disent, la question qui se pose, ce n’est pas la fin du confinement c’est comment on fait appliquer le confinement”, a répété le ministre qui conclut: ”On n’est pas au bout de l’effort”.

À voir également sur Le HuffPost: La volte-face du gouvernement sur les “masques alternatifs”

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