Carte du déconfinement : vert, rouge, ou cinquante nuances d’orange ? – Le Figaro

Serez-vous dans un département vert, ou un département rouge ? Alors que Jérôme Salomon doit présenter demain de plus amples informations sur la carte départementale du déconfinement annoncée mardi devant l’Assemblée nationale par le premier ministre, les premiers éléments laissent présager une réponse moins binaire que l’on pourrait le penser.

  • Confiance envers les acteurs locaux

«Je veux laisser le maximum de souplesse», aux acteurs de terrain a déclaré le premier ministre devant l’Assemblée nationale. Une annonce réitérée ce mercredi matin, peu après une rencontre avec les associations d’élus locaux afin de mettre en musique le déconfinement, et qui visent à calmer des préoccupations particulièrement vives autour de la réouverture des établissements scolaires.

Dans les départements qui seront classés rouge, «[si]un maire nous dit que dans telle commune on n’est pas encore prêt, on comprendra la spécificité de la situation pour essayer de trouver la bonne façon, le bon rythme, d’ouvrir l’école», a déclaré Édouard Philippe, qui a affirmé sa «totale confiance» envers les directeurs d’école, maires et représentants locaux de l’Éducation nationale pour établir des diagnostics à un niveau communal.

«Dans les départements rouges, toutes les communes ne sont pas affectées de la même façon», a-t-il encore martelé, en insistant sur «une logique qui commande des effets et qui commande l’esprit du partenariat entre les élus locaux et les acteurs de terrain». «Cet esprit, il est plus important à comprendre que la règle, parce que c’est celui qui va nous permettre de piloter finement et efficacement la maîtrise de la circulation du virus», a affirmé le premier ministre. «Donc il y aura des départements verts, des départements rouges, mais il y aura partout une discussion intense, précise, confiante, pour prendre les bonnes mesures», a-t-il encore souligné.

  • Des seuils à préciser

Les critères du code couleur sont connus. Un département sera classé rouge si, sur son territoire, «la circulation du virus reste active», si encore «les capacités hospitalières en réanimation restent tendues» et si également «le système local de tests et de détection des cas contacts» n’est pas suffisamment prêt. Il y a donc fort à parier, par exemple, que les départements du Haut-Rhin ou du Val-d’Oise, lourdement endeuillés par l’épidémie, tomberont dans cette catégorie, tandis que la Lozère, le Gers ou la Creuse se pareront de vert.

Reste à savoir comment évaluer ces critères. Contactés par Le Figaro, Matignon et Santé publique France n’ont pas offert de réponses. On sait néanmoins que certains critères seront moins faciles à mesurer que d’autres. «Pour évaluer les tensions hospitalières il suffit de regarder le nombre de lits occupés par patient Covid-19, et on aura une idée de la situation dans le département», note Pascal Crépey, épidémiologiste à l’École des hautes études en santé publique de Rennes. Établir la circulation du virus sur le territoire pose cependant plus de problème : impossible en effet de l’évaluer en temps réel.

«On est obligé de se référer à des critères visibles assez différents», explique Pascal Crépey. «Le plus simple, ce sont les cas graves, mais cet indice est déporté dans le temps de 10 à 15 jours, soit le délai entre l’infection et le déclenchement éventuel d’une forme grave.». Autre outil de mesure : les tests, jusqu’alors réservés aux cas graves. Pour ce faire, pas besoin d’être exhaustif note le chercheur. «C’est mieux si l’on peut être systématique, mais on peut faire des estimations à partir d’un échantillon de la population. Ces données partielles redressées statistiquement donneraient tout de même une idée de la circulation du virus.»

  • Bascules et frontières à risque

Le passage d’un département du rouge au vert risque cependant, en autorisant de nouvelles pratiques jusqu’alors restreintes ou interdites, de favoriser une plus forte circulation du virus. «Ce n’est pas impossible que l’on voit des départements osciller d’une couleur à l’autre, c’est pourquoi il faudrait que les seuils de circulation du virus retenus soient assez bas pour autoriser un certain relâchement», note Pascal Crépey.

Reste la question des déplacements entre départements de couleurs différentes. Interrogé à ce sujet mercredi matin sur France Info, le ministre des Solidarités et de la Santé Olivier Véran a appelé à éviter les déplacements entre «des territoires très différents sur le plan de circulation du virus» après le déconfinement le 11 mai, tout en notant qu’ils ne seront pas formellement interdits. Un appel à la responsabilité individuelle et collective des citoyens donc. «Si vous habitez dans une zone de circulation active du virus, vous n’avez pas vocation à vous déplacer dans des zones dans lesquelles le virus ne circule pas puisque, par définition, c’est là que vous prenez le risque de faire diffuser le virus plus largement», a-t-il ajouté.

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