Coronavirus en France : le gouvernement, sous pression pour organiser le déconfinement, va prolonger l’état d’urgence sanitaire – Le Monde
Le gouvernement doit entériner, samedi 2 mai, la prolongation pour deux mois, à compter du 24 mai, de l’état d’urgence sanitaire contre le Covid-19, mais il est aussi sous pression pour clarifier les modalités concrètes du déconfinement, notamment le casse-tête de la réouverture des écoles primaires et la polémique sur la vente des masques.
Le coronavirus a tué, depuis le 1er mars, 24 594 personnes en France, dont 218 entre jeudi et vendredi. La tension dans les services de réanimation s’est encore un peu allégée avec 141 personnes en moins, a fait valoir vendredi soir le directeur général de la santé, Jérôme Salomon. Au total, 25 887 personnes sont actuellement hospitalisées pour une infection au coronavirus et 3 878 cas graves sont en réanimation.
Alors que le gouvernement a dévoilé les cartes de déconfinement progressif, Emmanuel Macron a prévenu encore vendredi que le 11 mai serait « une étape importante », mais pas le passage « à une vie normale ».
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Le texte prorogeant l’état d’urgence sanitaire présenté en conseil des ministres
Après un 1er-Mai confiné pour cause du coronavirus, le conseil des ministres se penche sur le projet de loi prorogeant l’urgence sanitaire jusqu’au 23 juillet. Son examen au Sénat est prévu dès lundi, avant qu’il ne soit transmis à l’Assemblée nationale en vue d’une adoption définitive dans la semaine.
Annoncé mardi lors de la présentation du plan de déconfinement devant l’Assemblée nationale par le premier ministre, Edouard Philippe, ce texte provoque des tensions au sein de la majorité, alors que des mesures sont susceptibles d’imposer des privations de liberté pour les personnes atteintes du virus et un fichage.
Le texte précise également que la mise en quarantaine et le placement à l’isolement, afin de lutter contre la propagation du virus, pourront intervenir « lors de l’arrivée sur le territoire national ».
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De nouvelles cartes de déconfinement progressif
Le directeur général de la santé, Jérôme Salomon, a présenté vendredi soir une nouvelle cartographie provisoire des départements classés en rouge, orange ou vert selon le risque infectieux, après les premières moutures dévoilées jeudi qui contenaient des erreurs de comptage.
Une première carte représente l’intensité de la circulation du virus ; une seconde montre l’état de tension dans les hôpitaux, en particulier dans les services de réanimation. Dans la carte de synthèse, environ un tiers des départements sont classés rouge avec, sans surprise, l’ensemble de l’Ile-de-France et le quart nord-est du pays, les deux principales zones touchées. Le reste du pays se partage entre orange et vert.
La carte sera mise à jour quotidiennement jusqu’au 7 mai, où ne resteront plus que deux catégories, vert et rouge, qui détermineront le niveau de relâchement des restrictions à partir du déconfinement prévu le 11 mai.
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Une réouverture des écoles qui s’annonce très périlleuse
Parmi les principaux « casse-tête » du déconfinement, la réouverture des écoles primaires, qui s’annonce très périlleuse. La « majorité des écoles » seront au rendez-vous du 11 mai, a assuré le ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, au Figaro, avec un maximum de 15 enfants par classe. Mais certains édiles ne veulent pas en entendre parler. Ainsi, huit maires centristes de Seine-Saint-Denis ont déjà exprimé leur intention de ne pas rouvrir leurs écoles. Comme beaucoup d’autres, ces édiles s’inquiètent de la possible mise en cause de leur responsabilité pénale en cas de contamination d’enfants, d’enseignants ou de personnels.
Le président (LR) du conseil départemental du Bas-Rhin, Frédéric Bierry, a « invité » les parents d’élèves du département « à ne pas scolariser leurs enfants avant le 25 mai » s’ils le peuvent « pour éviter de nouvelles chaînes de contamination ». A Paris, la réouverture des écoles sera réservée dans un premier temps « à un public prioritaire », c’est-à-dire aux enfants de certaines professions et aux élèves décrocheurs.
La maire de Nantes (PS), Johanna Rolland, a prévenu samedi sur France Inter qu’il ne serait « pas possible » que tous les enfants retournent à l’école le 11 mai « si on veut respecter correctement les normes sanitaires », inscrites dans le protocole très strict dévoilé jeudi. « Cette réouverture sera progressive », a-t-elle insisté, en déplorant « un peu de flou du côté de l’Etat » :
« Beaucoup de maires s’étaient organisés en fonction des premières annonces du ministre de l’éducation nationale, qui nous avait dit que rentreraient à l’école les CP, les CE1 et les CM2. Quelques jours après, changement de programme, le premier ministre n’a pas retenu ces orientations. Des milliers de communes ont planché sur un plan qu’il faut revoir. »
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La vente des masques, source de polémique
Autre source de tension en prévision du 11 mai : la vente des masques, dont le port sera obligatoire dans les transports publics. A dix jours du déconfinement, le gouvernement a décidé de plafonner le prix de vente des masques chirurgicaux à 95 centimes l’unité, mais pas celui des masques en tissu, en raison de la diversité des modèles et de leur provenance.
On trouve sur Internet des masques vendus 20 ou 30 euros pièce. Face au risque d’abus, la secrétaire d’Etat, Agnès Pannier-Runacher, a promis des enquêtes « chaque semaine, avec des relevés de prix, circuit de distribution par circuit de distribution », pour garantir l’accès à des prix raisonnables. L’objectif est « qu’une offre abondante de masques lavables et réutilisables à filtration garantie soit mise à disposition du public à un coût de l’ordre de 20 à 30 centimes d’euros à l’usage », a précisé le ministère de l’économie dans un communiqué.
Face à l’abondance de l’offre après une période de rareté, les Ordres des professions de santé se sont offusqués du nombre « sidérant » de masques annoncés à la vente par la grande distribution. Celle-ci a répliqué qu’elle n’avait pas de « stocks cachés » et que les commandes n’allaient être livrées que « très progressivement ».
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La pratique du sport en club possible à partir du 11 mai
La pratique du sport en club sera possible à compter du 11 mai, à condition de respecter les précautions sanitaires, a annoncé samedi la ministre des sports, Roxana Maracineanu, sur France Info. Elle pourra se faire en accueillant « dix personnes en extérieur pour le moment », a-t-elle ajouté. « On travaille sur la réouverture des équipements en fonction de l’évolution de la pandémie », a poursuivi la ministre. Le sport en club pourra se faire « quel que soit le sport, sauf les sports collectifs et de contact. Toutes les associations y compris celles de judo et de sports collectifs pourront proposer des activités avec une distanciation respectée. »
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2 milliards d’euros de manque à gagner pour la SNCF
La SNCF a déjà subi un manque à gagner de deux milliards d’euros du fait de la crise sanitaire provoquée par l’épidémie de Covid-19, a déclaré samedi son PDG, Jean-Pierre Farandou. « On est à peu près à deux milliards d’euros de chiffre d’affaires qui nous manquent » en raison de l’épidémie, a-t-il souligné sur France Inter, évoquant un « choc violent » se cumulant avec le milliard de manque à gagner subi pendant la grève contre la réforme des retraites.
Jean-Pierre Farandou a esquissé la perspective d’un plan d’aide de l’Etat pour soutenir l’entreprise ferroviaire, tout en envisageant des suppressions de postes : « Je crains que notre bilan, notre endettement soit trop important (…). La notion d’un plan d’aide à la SNCF ne me paraît pas déraisonnable », a-t-il souligné, tout en prévenant que « la thématique [de l’emploi] est sur la table » : « Si la reprise est lente et si nous produisons moins de trains que par le passé, il ne sera pas anormal et illogique d’ajuster le niveau d’emploi au volume d’activité. »
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Le marché automobile français en chute de 88,8 %
Le marché français de l’automobile a subi un nouveau choc en avril, reculant de 88,8 %, selon les données publiées vendredi par les constructeurs. PSA a vu ses immatriculations de voitures particulières neuves s’effondrer (− 84,3 %), tout comme le groupe Renault (− 83,8 %). La filière réclame des mesures-chocs pour éviter des défaillances en série.