Ce que l’on sait du Boeing abattu par un missile en Iran – Le Monde

L’Iran a officiellement reconnu, samedi 11 janvier, avoir abattu par erreur le Boeing 737 qui s’est écrasé le 8 janvier peu après son décollage de Téhéran, causant la mort de 176 personnes.

  • Que s’est-il passé ?

Alors que la situation était extrêmement tendue entre l’Iran et les Etats-Unis depuis que ces derniers avaient assassiné le général iranien Qassem Soleimani en Irak, le vol PS742 de la compagnie Ukrainian Airlines s’est écrasé, de nuit, le 8 janvier à l’ouest de Téhéran, deux minutes après son décollage.

Selon un communiqué de l’état-major, l’avion a semblé s’approcher d’un « centre militaire sensible » des Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique de la République islamique, et a été pris pour une « cible hostile ». Le général de brigade Amirali Hajizadeh, commandant de la branche aérospatiale des Gardiens et qui a endossé la « responsabilité totale » du drame, a expliqué que l’opérateur chargé de tirer le missile avait fait feu sans pouvoir obtenir la confirmation d’un ordre de tir à cause d’un « brouillage » des télécommunications. Le soldat a pris l’avion pour un « missile de croisière », a-t-il ajouté, il a eu « 10 secondes pour décider » mais « a pris la mauvaise décision ». Selon l’état-major, « le coupable » de cette erreur devait être traduit « immédiatement » en justice.

Le parcours du vol PS752, étudié lors d’une conférence de presse du président de la compagnie Ukrainian Airlines, le 11 janvier à Kiev.

Le parcours du vol PS752, étudié lors d’une conférence de presse du président de la compagnie Ukrainian Airlines, le 11 janvier à Kiev. SERGEI SUPINSKY / AFP

Le général Hajizadeh a précisé que le missile, « de courte portée », avait explosé « à côté de l’avion », ce qui explique que celui-ci ait pu continuer à voler après avoir pris feu. Une vidéo diffusée jeudi par le quotidien américain The New York Times, montre le moment où le missile explose, ainsi que la chute de l’appareil.

Les victimes sont essentiellement des Iraniens (82 morts) et des Canadiens (57 morts), mais figurent également des Ukrainiens, des Suédois, des Afghans, des Allemands et des Britanniques.

  • Comment va se dérouler l’enquête ?

Le premier ministre canadien, Justin Trudeau, a réclamé de la « transparence » afin qu’une « enquête complète et approfondie » soit menée et établisse les responsabilités. Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a, lui, réclamé la punition des coupables et le versement de compensations.

Les débris de l’avion ont été déplacés dans un hangar pour examen. L’Iran a invité Boeing, le constructeur américain de l’avion, à participer à l’enquête, ainsi que les Américains, les Canadiens, les Français et les Suédois.

Un débris de l’avion, le 11 janvier en Iran.

Un débris de l’avion, le 11 janvier en Iran. STR / AFP

L’Iran a déclaré vouloir lui-même télécharger le contenu des boîtes noires de l’appareil – une procédure qui pourrait prendre entre quatre et huit semaines – mais une cinquantaine d’experts ukrainiens sont arrivés samedi à Téhéran pour participer à l’enquête et à leur décryptage. « Nos spécialistes en Iran ont eu accès à toutes les photos et vidéos et aux autres informations nécessaires pour analyser les processus en cours à Téhéran. Sur la base des informations collectées, (…) nous avons suffisamment de données pour comprendre que l’enquête sera prompte et objective », a déclaré la présidence ukrainienne.

Des experts français participeront également au décodage des boîtes noires, ont convenu samedi le président ukrainien et Emmanuel Macron lors d’un entretien téléphonique. Le président français a par ailleurs annoncé à Volodymyr Zelensky que la France avait entamé la procédure officielle nécessaire à l’ouverture d’une enquête internationale

  • Comment a réagi la communauté internationale ?

Le premier ministre britannique, Boris Johnson, et la chancelière allemande, Angela Merkel, ont tous deux salué samedi « un pas important » avec les aveux iraniens. Le premier a appelé « une enquête internationale complète, transparente et indépendante et du rapatriement de ceux qui sont morts » tandis que la seconde a dit souhaiter une enquête « exhaustive » et à discuter des conséquences ».

Un haut responsable russe – dont le pays est allié de l’Iran – a estimé que si le côté non intentionnel du tir était confirmé, Téhéran devait « tirer les leçons » de cette tragédie.

La ministre des armées française, Florence Parly, a estimé « important de se saisir de ce moment pour redonner de l’espace à des discussions et des négociations » sur le dossier du nucléaire iranien. « Les leçons que nous devons tirer de cette séquence dramatique que nous avons vécue depuis maintenant plusieurs jours, depuis la fin de l’année 2019, c’est qu’il faut mettre un terme à cette escalade. »

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