Brexit. Le Parlement européen vote l’accord de retrait et dit good-bye aux eurodéputés britanniques – Ouest-France

Dans une ambiance à la fois triste et nourrie en applaudissements pour les eurodéputés britanniques partants, le Parlement européen a ratifié mercredi 29 janvier à Bruxelles le traité de retrait sur les modalités du divorce entre le Royaume-Uni et l’Union européenne. Sans cette ratification, il y aurait eu un Brexit dur vendredi 31 janvier à 23 h, heure de Londres.

Ce vote historique a eu lieu ce mercredi à 18 h après un débat de deux heures par 621 votes pour, 49 contre et 13 abstentions. Le résultat était attendu, bien loin des incertitudes qui ont eu lieu lors des votes ces trois dernières années au parlement britannique à Westminster.

Juste après le vote, Old long since a été joué au piano dans l’hémicycle du Parlement européen de Bruxelles. Cette mélodie est plus connue en France sous le nom de Ce n’est qu’un au revoir.

Michel Barnier, négociateur de l’UE pour le Brexit, s’est dit très touché, pour dire la vérité, au terme de ce débat qui a été très émouvant et grave. Le Royaume-Uni a choisi de quitter démocratiquement l’Union. Nous continuerons de regretter ce vote, mais nous l’avons respecté. Si le traité qui est soumis à ce vote a une qualité, c’est d’organiser le départ du Royaume-Uni de manière ordonnée, a-t-il rappelé en séance. Le Brexit a des conséquences innombrables sur le plan humain et social, technique et juridique, financier et économique, et ce n’est pas fini. Nous avons essayé avec ce traité d’apporter des garanties juridiques pour les citoyens et leurs droits.

Premier départ d’un État membre de l’UE

Ce vote clôt un processus où l’Union européenne perd pour la première fois un État membre, qui plus est l’un des plus grands et des plus riches pays du bloc. Avec le départ de 66 millions d’habitants, l’UE verra sa population passer à quelque 446 millions. Son territoire diminuera de 5,5 %.

La période de transition qui s’ouvre va voir peu de changements concrets et lance les négociations autour du futur statut du Royaume-Uni avec l’Union européenne. Sans accord au 31 décembre 2020 n’est trouvé, le pays deviendra un État tiers et les règles d’échanges institués par l’OMC devront s’appliquer.

Le vote d’aujourd’hui rend effectif le Brexit et l’UE doit maintenant tirer des leçons politiques de cet évènement inédit, estime l’eurodéputée insoumise Manon Aubry (GUE). Cette situation inédite doit servir d’électrochoc pour repenser en profondeur les fondations de l’Union européenne et faire face aux attentes citoyennes en matière sociale, écologique et démocratique.

Dernière séance pour les eurodéputés britanniques

Seul grand changement au 1er février : le Royaume-Uni quitte les institutions européennes. Plus d’eurodéputés, plus de ministres dans le conseil de l’Union européenne, plus de commissaire européen. L’anglais va certes rester une des langues officielles de l’UE, mais les 73 eurodéputés britanniques n’ont plus le droit de siéger à partir du 1er février 2020.

L’émotion était palpable cette semaine dans les couloirs du Parlement européen. Ce sont des jours très émouvants pour beaucoup d’entre nous, il y a eu beaucoup de larmes, et pas seulement de la part des Britanniques, a ainsi confié lundi Richard Corbett, chef de file des élus travaillistes dans cette assemblée où il a été élu pour la première fois en 1996.

Le groupe socialiste a édité une écharpe avec les mots Always united (toujours unis) pour leur dernière réunion avec leurs collègues britanniques.

Des eurodéputés sociaux-démocrates lors de leur dernière réunion de groupe avec leurs collègues britanniques au Parlement européen | JOHN THYS – AFP

Inquiétudes pour les citoyens du Royaume-Uni après le Brexit

Rencontrée à Bruxelles, l’élue écologiste Gwendoline Delbos-Corfield, qui est née en Angleterre, a confié à Ouest-France son inquiétude pour les citoyens britanniques, tant par la fracture créée dans la société par le Brexit que pour la perte de la protection des règles sociales européennes pour les femmes par exemple.

Une position rejointe par sa collègue Sylvie Guillaume (PS – S & D). Des millions de personnes ont construit leur vie au Royaume-Uni et à travers une Union européenne de la libre circulation. Elles doivent pouvoir continuer à vivre sereinement là où elles ont décidé de s’installer, déclare l’eurodéputée socialiste.

On a un sentiment partagé, explique de son côté Marie-Pierre Vedrenne (Modem / Renew Europe) après sa dernière réunion de groupe avec ses homologues du Libdem britannique. D’un côté, on est content de récupérer nos deux élus qui attendaient le Brexit pour siéger (Sandro Gozi et Ilana Cicurel), mais on perd de nombreux collègues avec qui ont partagé le même combat.

La commission parlementaire des Affaires constitutionnelles chargée du dossier avait recommandé jeudi 23 janvier ce vote en faveur de l’accord, à une très large majorité. Sur les 26 membres, seuls trois s’y sont opposés, des élus britanniques issus du parti travailliste, des LibDem et du parti national écossais (SNP). Le peuple écossais s’est sans cesse prononcé contre la sortie. l’Écosse est une nation européenne. Je suis impatiente qu’elle devienne une nation indépendante et qu’elle puisse rejoindre l’Union européenne, a lancé ce mercredi sous les applaudissements l’eurodéputée du SNP Aileen McLeod.

Partager cet article Le président du Parlement européen, David Sassoli, affichant une écharpe « toujours unis » à destination des eurodéputés britanniques du Labour

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