Au procès des attentats du 13-Novembre, l’horreur en détails – Le Monde

Combien de douilles ? Combien d’écrous ? Combien d’éclats de verre ? Combien d’impacts de balles sur les murs, les devantures, les voitures ? Combien de cavaliers, ces petits repères jaunes installés par la police sur les scènes de crime ? Combien de chaises renversées dans la panique, combien de taches de sang, combien de lambeaux de chair ? Combien de ces détails de l’horreur ont défilé sous nos yeux, au septième jour du procès des attentats du 13-Novembre ?

Trois enquêteurs chargés, la nuit des attaques terroristes, de procéder aux constatations au Stade de France et sur les premières terrasses touchées – Carillon, Petit Cambodge, Bonne Bière – sont venus rendre compte de leur travail avec une minutie vertigineuse, jeudi 16 septembre. Vidéos, photos, schémas à l’appui, l’audience s’est faite tentative d’épuisement de ces lieux parisiens plongés dans le chaos. A partir de la fin septembre, ceux qui les ont vécus viendront raconter les attentats à la barre. En attendant, jeudi, on les a vus.

On les a vus, mais de loin, car l’institution judiciaire a opté pour la pudeur et pris des précautions. Sur les écrans, aucun cadavre en gros plan. Que des clichés lointains, où l’on devine éventuellement une victime. Pas d’image des corps empilés sur le trottoir du Carillon, ni des deux cadavres à l’intérieur du Petit Cambodge. Les membres dispersés du premier kamikaze du Stade de France sont soigneusement dissimulés derrière des carrés blancs. Avant la diffusion de vidéos des attentats, les parties civiles ont été prévenues, afin de pouvoir quitter la salle si besoin – personne n’est sorti.

Le procès des attentats de janvier 2015 est passé par là : il y a un an, le « panoramique » réalisé par les enquêteurs à l’intérieur de la rédaction ensanglantée de Charlie Hebdo, qui avait fait cheminer l’audience au milieu des cadavres comme on arpente les rues avec Google Maps, avait offert un spectacle que n’oublieront pas, hélas, ceux qui l’ont vu. Cette fois-ci, manifestement, il a été décidé de rendre ce passage obligé du procès moins pénible.

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Première scène de crime décortiquée, le Stade de France. L’écran géant descend lentement derrière la cour, un plan large du stade apparaît. A la barre, main gauche dans la poche, laser rouge dans la main droite, Xavier Vo Dinh pointe la porte D : « La première explosion a eu lieu à cette hauteur, au niveau du restaurant Events, à 21 h 16. »

« Pouvoir vulnérant de l’engin explosif »

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