Au procès des attentats du 13-Novembre, deux policiers racontent l’intervention des forces de l’ordre au Bataclan – Le Monde

Le commissaire C., de la brigade anticriminalité (BAC) de nuit de Paris, lors du procès du 13-Novembre, à Paris, le 22 septembre 2021.

Une voiture de police banalisée sillonne le nord de Paris en changeant sans cesse de direction. Stade de France, rue de la Fontaine-au-Roi, boulevard Voltaire… Sur les ondes radio saturées de messages, la confusion est totale. En une demi-heure, huit attentats ont été signalés en différents endroits de la capitale. Le commissaire C., de la brigade anticriminalité (BAC) de nuit de Paris, fonce dans la ville avec son équipier. « Je vais tenter de rassembler mes souvenirs et de trouver les mots justes pour raconter cette soirée du 13 novembre 2015 », dit-il.

Ce policier, le premier à être entré dans le Bataclan, a relaté, mercredi 22 septembre, au procès des attentats du 13-Novembre, comment son intervention a permis de tuer un premier terroriste à 21 h 57, dix minutes seulement après le début du massacre. Le second témoin qui lui a succédé à la barre est policier lui aussi : Christophe Molmy dirigeait la brigade de recherche et d’intervention (BRI) qui a lancé l’assaut contre les deux derniers preneurs d’otages, à 0 h 18. Leur récit retrace les deux heures et vingt-cinq minutes qui se sont écoulées entre le premier et le dernier coup de feu des forces de l’ordre. Une épreuve traversée de décisions qui coûtent des vies ou sauvent des hommes.

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Il est un peu plus de 21 h 30. Le commissaire C. est en route vers le Stade de France, à Saint-Denis, quand il entend qu’une fusillade s’est déroulée rue de la Fontaine-au-Roi, dans le 11e arrondissement de Paris. Il demande à son équipier de s’arrêter. « J’ai pris la décision, la première de cette soirée, de revenir vers Paris. »

Un nouvel appel sur les ondes fait bientôt état de tirs au Bataclan. La voiture s’élance sur le boulevard Voltaire et pile devant la salle de concerts. Des coups de feu retentissent. Des corps gisent sur la chaussée. « Je me suis dit : “Ça y est, on y est.” Depuis janvier, on savait qu’un autre attentat allait survenir, la question était quand et où. »

« La réaction a été immédiate »

Devant l’entrée, une première vision, dantesque, leur saute au visage : « Les portes battantes se sont ouvertes d’un seul coup. Une masse compacte d’une trentaine de personnes est venue vers nous en hurlant. Dans mon souvenir, cette masse a un visage et une voix : le visage, c’est celui d’une femme châtain clair où se lit la terreur ; la voix est celle d’un homme qui me dit : “Dépêchez-vous, il y a ma femme à l’intérieur.” » Le commissaire a le temps d’apercevoir la silhouette d’un homme aux cheveux longs, armé d’un fusil d’assaut, et la porte se referme.

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