Après la première réunion des gauches, les participants décident de se retrouver « fin mai » – Le Monde
Les responsables des partis de la gauche et de l’écologie, réunis, samedi 17 avril, à Paris à l’appel de l’eurodéputé Yannick Jadot (Europe écologie-Les Verts, EELV), sont convenus de se retrouver « fin mai » et d’élargir leur réunion aux collectifs citoyens favorables à l’arrivée de la gauche au pouvoir en 2022.
Lorsque la vingtaine de dirigeants et cadres de gauche sont sortis sous le soleil après trois heures de réunion à huis clos, la plupart affichaient leur satisfaction de voir dialoguer une famille souvent émiettée. « Cette première réunion valait le coup ! », a affirmé M. Jadot, qualifiant cette rencontre de « première marche d’un escalier qui est haut ». Une nouvelle réunion a d’ores et déjà été planifiée pour « fin mai ».
« Nous allons travailler sur les idées avec la société civile », en vue d’un « contrat de gouvernement » et d’un « pacte législatif », a-t-il ajouté. En revanche, la question d’une candidature commune pour la présidentielle, souhaitée par le Parti socialiste (PS), a été renvoyée à une étape ultérieure. Et comme une allusion aux communistes et aux « insoumis », qui ont déjà chacun leur candidat pour 2022 (celui du Parti communiste français, Fabien Roussel, doit être confirmé par les adhérents de son parti le 9 mai), il a dénoncé « ceux qui ne veulent pas gagner ».
LFI appelle au soutien de Jean-Luc Mélenchon
« Nous nous sommes réunis pour la première fois depuis longtemps, c’est une bonne nouvelle en soi », a affirmé de son côté Olivier Faure, premier secrétaire du PS. Selon le socialiste, pour gagner en 2022, « il faut un candidat de rassemblement ». « Ceux et celles qui se désespèrent de la politique peuvent se dire que quelque chose est en train de se passer », a-t-il voulu affirmer.
A l’inverse, le chef d’EELV, Julien Bayou, continue de renvoyer à la primaire écologiste de septembre. Il affirme, certes, que « les organisations vont discuter d’ici la primaire », car « les convergences de fond aujourd’hui sont plus fortes qu’en 2017 ». Mais il calme le jeu : « On a le temps, il y a les élections régionales et la crise sanitaire » d’abord. Le secrétaire général écologiste a tout de même qualifié la réunion de « vrai moment de politique ». « On a chacun notre calendrier », mais « sur l’essentiel, on peut se retrouver et progresser », a-t-il conclu.
Les « insoumis » se sont satisfaits d’un apaisement à gauche, mais continuent de plaider pour la centralité de la candidature de Jean-Luc Mélenchon. Leur seul représentant, le député Eric Coquerel, a été cinglant : « Si certains aujourd’hui pensent que tout est réglé pour une candidature et un programme commun, ça les regarde, mais ce n’est pas ce qui ressort » de la réunion. Au cours de l’après-midi, La France insoumise (LFI) a publié un communiqué intitulé « la voie vers les jours heureux », appelant à soutenir la candidature de M. Mélenchon à la présidentielle.
De l’économie à l’Europe en passant par le nucléaire et la laïcité, les gauches ont de nombreuses divergences, même si cela tient parfois de la nuance. Et aux candidatures déjà déclarées des uns – Jean-Luc Mélenchon, Fabien Roussel – s’ajoutent les appétits des autres, comme Yannick Jadot, Eric Piolle, le maire EELV de Grenoble, ou encore Anne Hidalgo.
Une candidature commune avant septembre
La maire de Paris, socialiste, qui a amorcé une forme de précampagne en France ces dernières semaines, s’est en tout cas félicitée du dialogue : « L’idée est de poser les bases d’un travail avec plusieurs rendez-vous, notamment à l’automne, qui doit proposer aux Français une coalition, et pourquoi pas une candidature commune. »
« On va cheminer, ce n’était pas possible évidemment de se mettre d’accord sur tout dès cette réunion », a déclaré le fondateur de Génération.s et ancien candidat PS à la présidentielle, Benoît Hamon, pour qui « il faut organiser les convergences d’idées et les ego suivront ». La coordinatrice de Génération.s, Sophie Taillé-Polian, a, quant à elle, retenu que le diagnostic était commun sur la position faible de la gauche dans les sondages et le danger de l’extrême droite : « Il y a une analyse commune sur la gravité de la situation et sur le fait qu’il faut qu’on arrête à gauche d’être sur la défensive. »
En coulisse, les rapports de force continuent. Pour qu’une candidature commune existe, « il faut que tout soit prêt en septembre, mais ceux qui veulent le statu quo ont intérêt à ce que ça traîne », analyse en privé l’un des participants, ciblant les « insoumis » mais aussi une frange des écologistes.