Après EELV, les communistes avancent vers un accord avec La France insoumise : le point sur les négociations à gauche pour les législatives – Le Monde

L’Europe, le nucléaire, les circonscriptions. Dans cet ordre ou dans un autre, trois sujets principaux ont occupé, le 1er et le 2 mai, les partis de gauche engagés dans des négociations avec La France insoumise afin de présenter un programme commun et un front uni aux élections législatives.

  • Fabien Roussel prêt à temporiser sur le nucléaire en échange de circonscriptions gagnables

Le chef de file du Parti communiste français (PCF), crédité de 2,28 % des voix au premier tour de la présidentielle, s’est dit prêt, lundi, à « mettre de côté » la question du nucléaire dans l’« accord de législature » en cours de négociation avec La France insoumise.

Dans son programme pour l’Elysée, le candidat Roussel écrivait voir dans l’atome un « atout majeur » de la France pour « la production d’une électricité bas carbone ». Il souhaitait la construction d’au moins six nouveaux réacteurs à eau pressurisée (EPR), et encourager la recherche sur la fusion nucléaire. Au contraire, le programme de Jean-Luc Mélenchon pour la présidentielle dit tout net que « cette source d’énergie doit être abandonnée », en listant ses torts : « Minerai importé, fragilité technologique, risques d’accident, problème des déchets… » Il propose de mettre un terme à tout projet d’EPR, reconnaissant toutefois que « le parc nucléaire ne pourra fermer du jour au lendemain ».

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« On va mettre de côté les fâcheries », a déclaré M. Roussel sur Franceinfo, assurant que si les communistes obtiennent un groupe à l’Assemblée, celui-ci pourra toujours remettre le sujet en débat. Pour ce faire, il faut au moins quinze députés. LFI a bien proposé au PCF de lui laisser la candidature dans cinquante circonscriptions, mais l’entourage de M. Roussel considère que, parmi elles, seules les onze déjà détenues par les communistes sont vraiment favorables. Le sujet devrait revenir sur la table lors du nouveau cycle de négociations prévu lundi après-midi.

D’autres positions programmatiques ont semble-t-il bougé plus facilement. « Nous signons à 1 400 euros » pour la hausse du smic, a assuré Fabien Roussel, rejoignant la proposition de LFI, alors que lui-même était mieux-disant, proposant 1 500 euros net. Quant aux retraites, le programme du candidat Roussel était déjà aligné sur la proposition « insoumise » fixant à 60 ans l’âge légal de départ à taux plein.

  • Entre LFI et les écologistes, un tout petit dénominateur commun sur l’Europe

Entre La France insoumise et Europe Ecologie-Les Verts (EELV), la question de l’Europe provoquait des frictions. Il paraissait délicat d’associer des écologistes « proeuropéens » et même « fédéralistes », comme les a encore qualifiés leur secrétaire national, Julien Bayou, lundi, avec des « insoumis » volontiers critiques envers Bruxelles.

Après avoir d’abord longtemps dit qu’il recourrait autant que nécessaire, s’il était élu, à l’« opt-out », une disposition européenne qui permet à un Etat membre de l’Union d’ignorer certaines politiques communautaires, Jean-Luc Mélenchon a commencé à parler plus souvent de « désobéissance » envers les traités, un terme à la fois plus vague et plus explosif. Or, « jamais nous ne mettrons le doigt dans l’engrenage d’une sortie de l’Europe, d’une sortie de l’euro, d’une désagrégation du projet européen », a prévenu M. Bayou sur RMC lundi.

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Comment justifier alors, sur ce point, l’accord avec LFI acté dans la soirée de dimanche ? Par la volonté partagée – certes encore imprécise – d’une réforme des institutions européennes. « Est-ce qu’on est satisfaits du fonctionnement de l’Europe actuellement ? La réponse est non. Est-ce que nous voulons réorienter l’Europe ? La réponse est oui », a déclaré le secrétaire national des Verts, pour qui « le statu quo en Europe pose en ce moment problème ». Les deux partis ont donc convenu, dans le communiqué annonçant leur accord, d’une formulation millimétrée qui permet de « désobéir » à Bruxelles, mais toujours dans le cadre de « l’Etat de droit ».

Concernant les retraites, EELV s’aligne désormais sur la proposition « insoumise » du départ à 60 ans, alors que le candidat à la présidentielle, Yannick Jadot, promouvait le maintien des 62 ans en vigueur. Sur RMC, Julien Bayou a expliqué que les écologistes ont pris le temps d’analyser les « chiffrages » : « Le Conseil d’orientation des retraites dit qu’il y a un retour à l’équilibre [du système des pensions] dans quinze ans et peut-être même avant », a-t-il ajouté, pour justifier que l’horizon des 60 ans lui paraisse désormais à portée de réforme.

Du côté de la carte électorale, les écologistes ont obtenu de LFI d’avoir les coudées franches dans une centaine de circonscriptions, dont cinq à Paris.

  • La fracturation du Parti socialiste continue

Des négociations en cours entre LFI et le PS, ce sont les socialistes qui n’en veulent pas qui en parlent le plus. « Le grand vainqueur de la présidentielle, c’est la fronde et la radicalité, les socialistes sont en train de se ranger sur cette ligne, c’est une soumission », a vilipendé Stéphane Le Foll, le maire socialiste du Mans, lundi sur RTL. « Le PS se range derrière le frondeur qui a réussi », juge l’ancien ministre de l’agriculture, avant de s’en prendre au premier secrétaire du PS : « Olivier Faure réfléchit uniquement aux circonscriptions. »

Jean-Christophe Cambadélis, prédécesseur de M. Faure à la tête du PS, a publié dimanche une lettre ouverte évoquant notamment les velléités de LFI de « sortir des traités européens », de ramener la retraite à 60 ans et de lancer des « dépenses vertigineuses impraticables ».

Interrogé par Le Monde dans le cortège parisien du 1er-Mai, Olivier Faure n’avait pas détaillé l’état d’avancement des négociations avec LFI. « On ne négocie pas à tout prix, on négocie avec nos convictions », soulignait-il, ajoutant : « Est-ce qu’on butera à la fin sur des éléments qui nous interdisent d’avancer ? Je ne sais pas, mais en tout cas, je souhaite avancer jusqu’au bout. »

Au niveau local, des candidats PS ont déjà été investis, comme Carole Delga, l’une des plus farouches opposantes socialistes à Jean-Luc-Mélenchon, en Occitanie, ce qui promet de compliquer les discussions, qui continuent ce lundi.

Le Monde

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