Affaire Troadec : L’effroyable destruction des corps des victimes évoquée au procès – 20 Minutes

A la cour d’assises de Loire-Atlantique,

Après avoir expliqué lundi matin à la cour d’assises de Loire-Atlantique sa version du quadruple meurtre des Troadec à Orvault, et avoir été confronté à ses contradictions, Hubert Caouissin a été interrogé ce lundi après-midi sur les jours qui ont suivi les homicides. Un moment particulièrement difficile pour les familles des victimes.

Le 17 février, de retour dans sa ferme de Pont-de-Buis (Finistère), à près de 300 km de la maison d’Orvault désormais habitée par quatre corps sans vie, Hubert Caouissin avoue à sa compagne Lydie, sœur de Pascal Troadec, qu’il a fait « une grosse connerie ». Il lui demande ensuite d’acheter de grands sacs-poubelle et de laver du linge ensanglanté. « Je ne me rappelle plus ce que j’ai dit exactement. J’étais dans le cirage », nuance Hubert Caouissin à la barre. « Il avait du sang sur la veste et son pantalon. Il était parti pour espionner, ça n’avait pas de sens pour moi. C’était irréel », rapporte Lydie Troadec, également interrogée.

Le transport des corps ? « Une bêtise énorme »

Equipés de talkie-walkie, tous deux repartent le soir même à Orvault pour « effacer les traces », laissant seul leur fils de 8 ans. Lydie Troadec reste dans le véhicule garé dans une rue voisine. « Hubert me l’avait demandé. Je me suis assoupie. Il faisait très froid » , raconte-t-elle. Caouissin, de son côté, vérifie s’il n’y a « pas de bruit » à l’intérieur avant de fouler à nouveau les lieux du crime. « J’ai vu que les corps n’avaient pas bougé, qu’ils avaient changé de couleur. Tout était renversé par terre. J’étais surpris. » L’accusé décide alors de vider le garage, y stationne la voiture du fils Sébastien, puis entreprend de charger les corps.

« J’ai mis un sac plastique sur la tête et les épaules de Brigitte, explique Hubert Caouissin. Je ne voulais pas voir son visage. A un moment j’ai craqué, j’ai beaucoup pleuré. Je lui ai demandé pardon. J’ai eu l’impression qu’elle m’avait parlé. Je lui ai demandé de m’aider pour qu’elle monte dans le coffre. » Il dit avoir renouvelé l’opération avec Pascal, Sébastien et Charlotte Troadec, non sans « difficultés ». Puis il enfile des vêtements et une casquette du père de famille, pour « adopter son allure », et ramène les corps dans le Finistère. « Une bêtise énorme. Il fallait tout laisser en place, ne toucher à rien », analyse-t-il à la barre.

« J’ai eu la vision de les mettre dans la chaudière

Sur place, à Pont-de-Buis, les dépouilles sont déposées sur une bâche, en extérieur. L’horreur monte d’un cran. « J’ai allumé la chaudière et, à un moment, j’ai eu la vision de les mettre dedans. Je suis allé chercher un couteau, une scie et une pierre à aiguiser », poursuit Hubert Caouissin. Mais l’accusé ne voulait « surtout pas voir les têtes » et décide « de les enlever ». Les membres sont également « détachés », de même que « la peau et les muscles ». Une partie sera brûlée, une autre dispersée « à la main » dans des ronciers. « J’étais dans un autre monde, dans ma bulle. Il fallait que ça disparaisse. Pour ne pas que ça existe. »

Les crânes ont été brûlés puis ensevelis dans une zone marécageuse de bord de mer. « Je les ai mis dans un sac. Ça tapait dans mon dos. J’ai eu une crise de panique. J’ai eu l’impression qu’ils m’attaquaient. » Ces crânes n’ont jamais été retrouvés, contrairement à 379 fragments de chairs et d’os. « J’aurais voulu qu’on les retrouve », promet Hubert Caouissin. La cour d’assises révèle pourtant le récit d’un co-détenu placé sur écoute ayant indiqué à sa compagne que les enquêteurs « ne cherchent pas au bon endroit ». « C’est une interprétation de détenu, leur niveau intellectuel n’est pas très fort, tacle l’accusé. Si les gendarmes ne trouvent pas c’est qu’ils ne sont pas au bon endroit. Je ne vois pas ce que je peux répondre d’autre. »

« Hubert m’a dit que ce n’était pas beau à voir »

Au total, la destruction minutieuse des quatre cadavres aura duré près de quatre jours. Lydie Troadec explique n’avoir « rien vu », ni senti d’odeur. Le 20 février, la quinquagénaire conduit encore une fois son conjoint à Orvault, puis retourne immédiatement en Bretagne. « J’étais à bout. Je n’en pouvais plus. Mais il fallait que je retourne sur place pour tout effacer », confie Hubert Caoussin. Exténué par son ménage intense, il finira même par « dormir dans le lit de Pascal et Brigitte ».

Lydie Troadec, elle, ne serait « jamais entrée dans la maison », répète le couple. « Je ne voulais pas voir les corps. Hubert m’a dit que ce n’était pas beau à voir », lâche l’ex-compagne. « Je suis écœurée d’apprendre tout ce qui s’est passé », ajoute-t-elle quelques minutes plus tard. Croyez-vous à la version des faits d’Hubert Caouissin, lui demande la présidente de la cour d’assises ? « Je ne sais pas. Enfin, s’il le dit c’est qu’il dit la vérité. Je ne vois pas pourquoi il mentirait. »

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