Affaire des écoutes : ce que révèlent les enregistrements de Sarkozy et Herzog enfin dévoilés – Sud Ouest

Des raisons techniques avaient empêché leur diffusion lors du procès de première instance, à l’issue duquel Sarkozy, son avocat historique Thierry Herzog et l’ex-magistrat Gilbert Azibert avaient été condamnés à trois ans de prison, dont un an ferme.

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Diffusés mardi par haut-parleurs, ces échanges ont fait entendre à la cour d’appel de Paris plusieurs conversations tenues début 2014 entre Sarkozy et Me Herzog sur une ligne ouverte sous l’alias « Paul Bismuth », qu’ils pensaient à l’abri des enquêteurs.

« On parle de quoi ? »

De ces échanges téléphoniques se dégage la grande proximité entre Sarkozy et son avocat et ami de longue date – « Ça va Thierry ? », « Je t’embrasse mon Thierry »- et un petit jeu entre leurs lignes téléphoniques « officieuses » et officielles.

« Réponds sur ton téléphone (officiel, NDLR), parce que… qu’on ait l’impression d’avoir une conversation », glisse Sarkozy le 1er février sur la ligne « Bismuth ». « D’accord, je réponds maintenant ? Euh… On parle de quoi ? », demande son avocat. « Rappelle-moi en disant + tu m’as appelé + », ajoute l’ex-président.

Selon la thèse de l’accusation, contestée par les prévenus, ces conversations accréditent l’existence d’un pacte de corruption noué avec Gilbert Azibert, à qui un soutien à sa carrière aurait été promis en rétribution d’interventions liées à une décision de la Cour de cassation sur les agendas présidentiels de Sarkozy. Azibert aurait ainsi informé Me Herzog de l’avis du conseiller rapporteur dans ce dossier et aurait tenté d’influencer les délibérations dans la haute juridiction dont il était lui-même membre.

« À midi, je ferais la démarche »

Gilbert Azibert, alors avocat général à la Cour de cassation, aurait réussi à obtenir un avis confidentiel dans ce dossier et semble tenter de peser sur les délibérations dans un sens favorable à l’ex-président, selon ce qu’en rapporte au téléphone Me Herzog.

L’ex-chef de l’État suit tout ça de près. « Gilbert, y a pas de nouvelles » ? « On n’a toujours pas de nouvelles de la Cour de cassation ? », demande-t-il plusieurs fois à son avocat qui loue, en retour, les interventions d’Azibert dans ce dossier.

« Voilà… Il a bossé hein », résume Me Herzog à Nicolas Sarkozy le 29 janvier 2014.

Quelques jours plus tard, l’avocat rapporte à l’ex-président qu’Azibert convoite un poste dans la hiérarchie judiciaire à Monaco. « Il me dit : + j’ose pas demander. Peut-être qu’il faudrait que j’aie un coup de pouce +. Ben je lui ai dit + tu rigoles, avec ce que tu fais… + », dit Me Herzog.

« Non ben + t’inquiète pas +, dis-lui », lui répond Nicolas Sarkozy. « Appelle-le aujourd’hui en disant que je m’en occuperai parce que moi je vais à Monaco ». Un engagement qu’il réitérera le 25 février alors qu’il est en visite dans la Principauté. « OK, tu peux lui dire que […] à midi je ferai la démarche ».

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Revirement

Le lendemain, pourtant, changement de ton radical : Nicolas Sarkozy appelle son avocat, cette fois en utilisant un de ses téléphones officiels, pour lui dire qu’il n’intercédera finalement pas en faveur du magistrat. « Je t’avais dit que je le ferai. Et puis j’ai réfléchi, ça va paraître très bizarre », dit-il.

Selon les enquêteurs, ce revirement serait lié au fait que Sarkozy et son avocat auraient appris que la ligne Bismuth était elle aussi sur écoute. Une enquête du parquet national financier ne parviendra toutefois pas à identifier une éventuelle taupe.

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