A Vichy (et en campagne), Macron «le BG de ouf» promet de se «battre contre l’extrême droite» – Libération

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Dans une séquence communication maîtrisée, Emmanuel Macron a profité de sa visite dans l’Allier pour répondre, sans le nommer, à Eric Zemmour et profiter du bain ultrasécurisé d’une foule acquise à sa cause.

D’abord, il y avait le programme officiel de ce déplacement à Vichy : «Redynamisation du centre-ville, développement du thermalisme, inscription au patrimoine de l’Unesco». Ensuite, il y avait l’objectif plus officieux de cette visite dans la ville où aucun chef d’Etat ne s’est rendu depuis le Général de Gaulle en 1959 : pilonner le révisionnisme d’Eric Zemmour, lequel ne cesse de répéter que le Maréchal Pétain, qui avait installé ici son régime collaborationniste sous les Nazis, a «sauvé des juifs français». Emmanuel Macron a coché cette case dès le matin au micro de France Bleu Pays d’Auvergne : «Gardons-nous de manipuler l’histoire, de l’agiter, de la revoir. Cette histoire, nous l’avons vécue, elle est écrite par les historiennes et historiens, et c’est une bonne chose de s’y tenir.»

En fin de journée, il s’est recueilli devant deux stèles dans le Parc des Sources, aux côtés de Serge et Beate Klarsfeld, le couple qui a passé sa vie à traquer les criminels responsables de la Shoah. Une première stèle commémore la rafle du 26 août 1942, au cours de laquelle des centaines d’enfants ont été déportés. La seconde à la mémoire des 80 députés qui ont refusé de voter les pleins pouvoirs à Pétain. Serge Klarsfeld s’est félicité de voir le président de la République «venir à Vichy», et a fait beaucoup moins de détours que la plupart des soldats de la macronie qui refusent officiellement de dépeindre le président en candidat : «C’est important dans la période de l’élection présidentielle (que Macron soit à Vichy, ndlr). Il nous faut un Président opposé à l’extrême droite, un Président républicain. Et nous espérons qu’il y aura deux candidats républicains l’un contre l’autre (au second tour), et pas un candidat d’extrême droite face à un candidat républicain.»

Une déambulation 100% « feel-good »

Ensuite, à 18 heures, le chef de l’Etat a traversé le parc pour se diriger vers la foule amassée derrière les barrières. Un public autorisé à franchir les multiples barrages de sécurité qui cloisonnaient la place. Et, donc, que des personnes franchement conquis… Par trois degrés, Emmanuel Macron – qui n’est officiellement pas encore candidat à sa succession on le rappelle… – a passé 1h30 à checker des poings, faire des centaines de selfies, signer autant d’autographes, sur une centaine de mètres. Une déambulation 100 % feel-good, telle qu’on aurait pu l’imaginer dans un village Potemkine.

On entend donc des dizaines de remerciements pour la gestion du Covid. Un ado dans un groupe de collégiens argumente : «Il a fait des bonnes règles pour nous protéger, comme le pass sanitaire et tout.» Une autre le remercie tout simplement d’avoir «géré le Covid». Le chef de l’Etat est tout de même obligé de rappeler que «c’est pas fini». Même si, face à une jeune fille qui l’interroge sur l’intérêt du port du masque pour les enfants, il répond qu’il «écoute les scientifiques», que «le pire c’est les écoles fermées» mais que «après bon, une balle au prisonnier on peut peut-être l’enlever». Pas question de gâcher la bonne ambiance.

A une dame qui lui demande «Préservez-nous de l’extrême droite», il rétorque : «Je me battrai de toutes mes forces». A une autre qui espère qu’il fasse un second mandat il glisse : «On va se battre.» A des jeunes, Emmanuel Macron explique que «c’est un devoir de voter». Et à un homme qui estime qu’il représente très bien la France ainsi que son épouse il répond : «C’est ce que j ai de mieux». Il sera aussi question des youtubers McFly et Carlito que le chef de l’Etat avait invité à l’Elysée pour faire sa communication et qui vraiment sont «très sympas», et – beaucoup – du physique du Président, beaucoup. Morceaux choisis : «Vous êtes trop beaux», «en plus vous êtes BG de ouf», s’emballe un ado. On entendra même des «Je t’aime !». Bien…

Sur le fond pas grand chose. Le Président est interrogé gentiment sur le handicap, sur la ruralité (un homme réclame la création d’un grand ministère, mais précisons que l’homme est encarté à LREM depuis sa création et souhaite à l’évidence diriger ce ministère lui-même). Une professionnelle de santé regrette le manque de personnel mais consent avoir été augmenté. Bref, le Président enchaîne les «merci» et les «ça me donne de l’énergie pour la suite». Il parle donc de sa campagne. Quand il sera face à des adversaires qui l’obligeront, eux, au débat.

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