Deux-Sèvres: Darmanin dénonce des «modes opératoires qui relèvent de l’écoterrorisme» – Le Figaro

Dans l’après-midi, des militants cagoulés, en bleu de travail et équipés d’une meuleuse, de pelles et de pioches ont sectionné l’une des canalisations censées alimenter la future réserve d’eau.

La mobilisation s’est poursuivie dimanche contre le chantier d’une réserve d’eau destinée à l’irrigation agricole à Sainte-Soline (Deux-Sèvres), avec l’édification de tours de guet et le saccage d’une canalisation, au lendemain d’une manifestation et de violents heurts avec les forces de l’ordre. «Une quarantaine de personnes fichées S à l’ultra gauche ont été repérées dans cette manifestation, avec des modes opératoires qui relèvent, je n’ai pas peur de le dire, de l’écoterrorisme», a déclaré le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin.

Le ministre a dénoncé une manifestation «interdite» et «extrêmement violente», avec des «boules de pétanque, des cocktails molotov, des objets contondants» utilisés contre les gendarmes. «Je veux redire notre volonté qu’aucune ZAD ne s’installe dans les Deux-Sèvres», a poursuivi Gérald Darmanin, qui a annoncé que «plus d’un millier de gendarmes resteront» sur place.

Le ministre a aussi évoqué «un terrain privé» où certains manifestants ont commencé à édifier des tours de guet. C’est un terrain privé, «sur lequel l’Etat ne peut pas intervenir», a expliqué le ministre. Mais il a précisé que si ces constructions «contraires au droit de l’urbanisme» étaient constatées, «nous engagerons les moyens nécessaires pour les faire détruire et évacuer les personnes» a-t-il répété.

» A VOIR AUSSI – Manifestation dans les Deux-Sèvres: «De l’écoterrorisme», selon Gérald Darmanin

S’inscrire dans la durée

Les opposants au projet veulent inscrire leurs actions dans la durée, le terrain privé qu’ils occupent, prêté par un agriculteur, étant disponible jusque mi-mai. «Cela va être notre base pour les prochaines actions contre le chantier s’il venait à redémarrer. ZAD ou pas ZAD, ça va être dans ces termes-là», a assuré à l’AFP Julien Le Guet.

Sainte-Soline est la deuxième d’un projet de 16 réserves de substitution élaboré il y a quatre ans par un groupement de 400 agriculteurs pour réduire leurs prélèvements d’eau durant l’été, grâce au pompage des nappes phréatiques superficielles en hiver. L’accès à ce stockage est conditionné à l’adoption de pratiques plus respectueuses de l’environnement mais aucun des bénéficiaires de la première retenue ne s’est engagé, pour l’heure, à réduire son usage des pesticides.

«Aujourd’hui, on construit une vigie, une vigie pour ancrer la lutte sur ce terrain, pour être en capacité de voir venir l’ennemi», expliquait David, paysan boulanger de 43 ans ayant requis l’anonymat, qui participait à la construction d’une des tours de guet en bois.

Les manifestants ont érigé des tours de guet. PASCAL LACHENAUD / AFP

Une soixantaine de gendarmes blessés samedi

Samedi, plusieurs milliers de personnes (4000 selon les autorités, 7000 selon les organisateurs) s’étaient réunies à Sainte-Soline, à l’est de Niort, pour protester. Des heurts violents ont éclaté avec les 1500 gendarmes mobilisés quand des opposants au projet ont voulu pénétrer sur le chantier, interdit d’accès. Une partie d’entre eux y sont parvenus avant d’être repoussés.

Une soixantaine de gendarmes selon le ministère de l’Intérieur, dont un a été hospitalisé, et une cinquantaine de manifestants selon les organisateurs de la manifestation, dont cinq hospitalisés, ont été blessés dans ces violences attribuées par la préfecture du département à des militants radicaux.

La future réserve destinée à l’irrigation, d’une capacité d’environ 650.000 mètres cubes soit l’équivalent de 260 piscines olympiques, est dénoncée par ses détracteurs comme un «accaparement de l’eau» par l’agro-industrie, doublé d’une aberration écologique à l’heure du réchauffement climatique et des sécheresses à répétition.

Il n’y a pas eu de nouvelle tentative d’intrusion au final mais, dans l’après-midi, une action de «désobéissance civile» selon les opposants au projet: des militants cagoulés, en bleu de travail et équipés d’une meuleuse, de pelles et de pioches, ont sectionné l’une des canalisations censées alimenter la future réserve, selon eux.

«Nous venons de faire tomber un des six bras de la pieuvre», s’est félicité Julien Le Guet, porte-parole du collectif anti-«bassines», surnom donné à ces retenues par leurs détracteurs. Un hélicoptère de la gendarmerie a survolé la scène mais les forces de l’ordre ne sont pas intervenues.

À VOIR AUSS – Sainte-Soline: des milliers de manifestants rassemblés contre le projet de «mega bassine»

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