A Paris les anti-PMA tentent de renouer avec l’esprit de la Manif pour tous, sans y croire – Le Monde
La manifestation contre le projet de loi sur la bioéthique étendant la procréation médicalement assistée à toutes les femmes a rassemblé 74 500 personnes, dimanche, dans la capitale.
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La France des vestes Barbour et des poussettes est de retour dans les rues de Paris. Sept ans après les grandes mobilisations contre le « mariage pour tous » instauré par la loi Taubira, les opposants au projet de loi sur la bioéthique étendant la procréation médicalement assistée (PMA) à toutes les femmes ont défilé, dimanche 6 octobre, entre la place Edmond Rostand, près du jardin du Luxembourg, et la place du 18-Juin, au pied de la tour Montparnasse.
Un parcours très court et empruntant l’étroite rue de Vaugirard, qui a permis aux organisateurs de proclamer que le cortège de tête était arrivé alors que la fin de la manifestation n’avait pas encore quitté son point de départ.
« Marchons enfants ! », le collectif organisateur représentant une vingtaine d’associations, a assuré que 600 000 personnes étaient présentes, alors que le cabinet indépendant Occurrence en a compté 74 500. L’estimation de la Préfecture de police de Paris est de 42 000, suscitant la colère des organisateurs.
L’ambiance et la motivation, résumées par le slogan « Contre la PMA sans père et la GPA [gestation pour autrui] », sont identiques à celles de la Manif pour tous : défendre la famille traditionnelle. D’ailleurs, certains avaient ressorti le drapeau de 2012-2013 des placards plutôt que d’afficher le nouveau, frappé de la devise « Liberté, égalité, paternité » sur fond vert ou rouge, distribué à profusion par les organisateurs qui disposent visiblement de moyens conséquents.
Résignation
Le service d’ordre, nombreux et équipé de moyens de talkies-walkies et oreillettes, était doublé d’un dispositif important de jeunes bénévoles identifiables à leurs tee-shirts, chargés de canaliser la foule, mais aussi de récolter des dons et de vendre des souvenirs militants. Sans compter les moyens vidéo et audio pour retransmettre les interventions finales sur des écrans géants disposés le long du boulevard du Montparnasse.
Mais, si le dispositif est rodé, la foule au rendez-vous et le beau temps de mise, les manifestants dégagent quelque chose de résigné lorsqu’ils s’expriment individuellement.
La présidente de la Manif pour tous, Ludovine de la Rochère, acclamée lors de son intervention à la tribune, a beau marteler « Rien n’est joué », c’est comme si l’issue du débat parlementaire était connue d’avance.
Le mariage pour tous est passé par là : conspué, détesté au moment de son adoption, il est pourtant entré dans les mœurs avec une rapidité fulgurante. Avec la défaite de François Fillon à la présidentielle de 2017 puis la mise en retrait de Laurent Wauquiez, le camp de la droite traditionaliste et religieuse a perdu ses hérauts politiques.