A la COP26, l’heure des comptes, six ans après l’accord de Paris – Le Monde

Après Paris, gageons que Glasgow restera dans les esprits. La 26e conférence des Nations unies sur le climat (COP26), organisée du 31 octobre au 12 novembre, dans la cité écossaise, porte une lourde responsabilité : accélérer considérablement la lutte contre le dérèglement climatique pour éviter ses pires effets, déjà perceptibles partout sur le globe. Prouver, aussi, que l’accord de Paris sur le climat fonctionne. Six ans après son adoption, c’est le premier moment de vérité.

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En 2015, lors de la COP21, accueillie en France, les 195 pays et l’Union européenne ont convenu de limiter le réchauffement nettement en dessous de 2 °C, et si possible à 1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle. Pour y parvenir, tous les Etats du monde ont, pour la première fois, pris des engagements pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030. Ces plans volontaires se sont toutefois avérés largement insuffisants, de sorte que les pays se sont mis d’accord pour les revoir à la hausse tous les cinq ans jusqu’à atteindre la neutralité carbone en 2050. Nous sommes à la fin du premier cycle de cinq ans – ou plus exactement six, puisque la COP26 a été repoussée d’un an du fait de la pandémie de Covid-19 –, donc à l’heure des comptes.

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A-t-on progressé ? A la marge. En 2015, les promesses des Etats menaient la planète vers un réchauffement de 3,2 °C à la fin du siècle. Désormais, la trajectoire est toujours celle d’une « catastrophe climatique » selon l’ONU : 2,7 °C, voire plus, les objectifs n’étant pour l’instant pas respectés. Plus de 140 pays ont soumis aux Nations unies de nouveaux plans, mais seulement une grosse moitié sont plus ambitieux que les précédents. Une soixantaine d’Etats se sont par ailleurs fixé un objectif de neutralité carbone au milieu du siècle, mais sans détailler la manière d’y parvenir et sans tourner le dos aux énergies fossiles, première cause du réchauffement climatique.

Pas encore la « dernière chance »

Partout, les insuffisances et les incohérences montrent qu’une vraie transition énergétique n’est pas encore à l’ordre du jour. Si le principal émetteur mondial, la Chine, est devenu le premier producteur d’éoliennes, de panneaux solaires ou de voitures électriques, il est dans le même temps toujours « accro » au charbon : sa consommation croît, et le pays continue de construire de nouvelles centrales. Son voisin indien, quatrième émetteur de gaz à effet de serre (après l’Union européenne et les Etats-Unis), suit la même trajectoire au nom du droit au développement et renâcle à s’engager vers la neutralité carbone. Le premier ministre l’a dit et redit : il considère que c’est aux pays riches, pollueurs historiques, d’accroître leurs efforts.

Les Etats-Unis, l’Union européenne, le Royaume-Uni, le Canada accélèrent (à l’exception notable de l’Australie), mais leurs plans ne sont toujours pas alignés avec l’objectif de 1,5 °C, et ces pays ne mobilisent pas suffisamment de financements pour aider les pays du Sud à faire face au dérèglement climatique. Cette aide financière est pourtant cruciale et s’avère un moteur de l’action climatique.

A la COP26, les Etats devront restaurer la confiance et la solidarité, dans un contexte tendu entre Nord et Sud. Mais que cette grand-messe se transforme en succès ou en échec, elle n’est pas celle de la « dernière chance » : il sera toujours possible de se lancer plus tard dans la bataille. Toutefois, si, à Glasgow, les gouvernements ne parviennent pas à rompre avec des années d’inaction, ils devront garder en tête qu’en matière de réchauffement chaque année et chaque fraction de degré comptent.

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