5e vague : comment expliquer l’explosion soudaine et « fulgurante » des contaminations ? – Le Télégramme

  • 1 Flambée des contaminations
  • « La cinquième vague démarre de façon fulgurante » en France. Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, alerte. Les chiffres montrent en effet un emballement de l’épidémie. Alors que l’Hexagone recensait 10 000 nouveaux malades de la covid-19 chaque jour en moyenne, le 15 novembre, il y en avait 18 500 le lundi suivant. Soit une hausse de 82 % en une seule semaine. Pour atteindre cette même augmentation, il fallait auparavant attendre trois à quatre semaines.

    Et la situation devrait continuer à se dégrader. « Nous prévoyons que le pic de la 4e vague de contamination devrait être dépassé, ce week-end, en France avec cette cinquième vague », anticipe l’épidémiologiste Antoine Flahault. Le pays atteindrait alors un taux d’incidence supérieur à 248 cas pour 100 000 habitants. Pour le moment, la France est à 190 cas pour 100 000. Elle n’était qu’à 105 cas pour 100 000, il y a une semaine.

  • 2 Une situation similaire en Europe
  • La hausse des contaminations se faisait sentir depuis la mi-octobre. Mais la courbe est exponentielle depuis une à deux semaines. Ce qui n’est pas surprenant, analyse Antoine Flahault, qui pointe un « décalage temporel dans l’arrivée de l’onde épidémique ». « Toute l’Europe connaît aujourd’hui une nouvelle vague pandémique, liée au variant Delta, sans aucune exception. Cette vague a commencé, en septembre, en Europe centrale et de l’est, puis s’est propagée vers l’ouest. Elle ne fait qu’atteindre désormais les parties sud et nord du sous-continent, touchant la France, l’Italie, l’Espagne et le Portugal. »

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  • 3 Le retour du froid
  • Mais ce n’est pas la seule raison à l’explosion soudaine des contaminations. La météo joue aussi son rôle. « Jusqu’à il y a une semaine, la météo était plutôt clémente pour un automne. Mais le froid s’est depuis s’installé », constate Philippe Amouyel, professeur de santé publique au CHU de Lille. Dans de telles conditions, les aérosols restent plus longtemps en suspension dans l’air. Ils représentent pourtant 90 % des transmissions par voie orale.

    Surtout, nos comportements changent. « Le froid nous pousse à nous concentrer dans des lieux clos. On y reste plus longtemps, souvent sans masque, et on ne pense pas à aérer », complète Philippe Amouyel.

  • 4 Le respect des gestes barrières en baisse
  • Si les contaminations flambent dans une plus grande proportion qu’au début de la deuxième vague, alors qu’aujourd’hui, 77 % de la population est vaccinée, c’est aussi parce que les mesures barrières sont de moins en moins respectées. Selon la dernière étude de Santé publique France, quatre personnes sur dix ne se lavent plus les mains et une personne sur deux affirme se saluer de nouveau en se serrant la main ou en s’embrassant.

    « Le virus se propage pourtant grâce au relâchement de la vigilance », rappelle le professeur de santé publique, qui demande à la population à se ressaisir.

  • 5 L’immunité vaccinale faiblit avec le temps
  • L’efficacité du passe sanitaire, qui a pu jouer un moment le rôle de digue de protection, semble aussi s’amoindrir. « On arrive au bout des six mois après la seconde dose pour beaucoup de personnes fragiles. Moment où l’on constate une baisse de l’immunité vaccinale », constate Philippe Amouyel, qui évalue cette baisse de l’ordre de 30 à 40 %. « Cela favorise les contaminations. » Voilà pourquoi le gouvernement réfléchirait à ouvrir la campagne de rappel aux plus de 40 ans plus rapidement que prévu.

  • 6 La contagiosité du variant Delta
  • « La dynamique propre de la pandémie, qui nous échappe encore en large part, joue aussi un rôle déterminant. Une fois le rebond parti, avec la force de transmission associée au variant Delta que l’on connaît, il semble en effet qu’il soit impossible d’arrêter la croissance épidémique de la courbe », rappelle Antoine Flahault. Les six millions de non-vaccinés contribuent aussi à aider à la circulation du virus, selon certains experts.

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  • 7 Le retour en classe des élèves
  • La flambée des cas intervient, enfin, deux semaines après le retour en classe des enfants. Les vacances scolaires ont permis de ralentir la diffusion de l’épidémie, qui a repris de plus belle une fois les élèves de nouveau brassés dans les établissements. À ce jour, 6 000 classes sont fermées en France pour cause de covid-19. Les fermetures concernent surtout les écoles primaires, où les enfants ne sont pas vaccinés. « Je rappelle que l’année dernière, au pic de l’épidémie, quand nous réussissions à maintenir l’école ouverte, nous étions quand même à 12 000 classes fermées », s’est défendu, mardi, le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, à l’Assemblée nationale.

  • 8 Un décalage sur les hospitalisations
  • Reste que la « fulgurance » décrite par Gabriel Attal n’est pas unique à la cinquième vague. Les quatre précédentes ont, elles aussi, connu des envolées soudaines au démarrage. Mais pour des raisons différentes. « Pour la première, c’était lié à l’apparition du virus ; pour la seconde, à l’arrivée de l’hiver », liste Philippe Amouyel. « L’apparition du variant Alpha a donné la troisième et la prédominance du variant Delta et d’un trop faible taux de vaccination a donné la quatrième. »

    La cinquième vague est, pour l’heure, atypique. Pour la première fois, on constate une décorrélation entre l’augmentation des contaminations et la situation dans les hôpitaux. L’occupation des services hospitaliers pour covid-19 augmente, mais moins vite que le nombre de nouveaux malades. « Il peut y avoir un décalage dans le temps, que l’on avait observé lors des vagues précédentes, entre les contaminations et les complications conduisant à l’hospitalisation ou au décès. Mais aussi l’effet de la vaccination, qui protège contre les formes graves à 80-90 % », avance Antoine Flahault.

    Mais cela pourrait ne pas durer. « Il est donc important, dans la riposte, d’associer plusieurs armes, et pas seulement les vaccins », concède l’épidémiologiste. Sans « restrictions supplémentaires », Jean-François Delfraissy, président du Conseil scientifique, prédit « un impact important » sur les établissements de santé, de l’ordre de « 1 000 à 1 500 hospitalisations par jour », et ce « pendant plusieurs semaines », d’ici à la fin d’année.

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