19 juin 1865 : le «Juneteenth», jour de l’émancipation des esclaves aux États-Unis – Le Figaro

Il y a 155 ans l’esclavage prenait réellement fin aux États-Unis. Le 19 juin 1865, les esclaves de Galveston, au Texas, apprennent qu’ils sont désormais libres. Depuis, cette journée a été baptisée «Juneteenth», contraction de juin et 19 en anglais. Elle est aussi appelée «Jour du jubilé» ou «Jour de la liberté». Cette année, le mouvement «Black Lives matter» donne à cette célébration une signification particulière.

Le président Abraham Lincoln avait en réalité libéré les esclaves de leur servitude deux ans et demi auparavant, avec la Proclamation d’émancipation le 22 septembre 1862 (entrée en vigueur le 1er janvier 1863). Le 18 décembre 1865, le Treizième amendement de la Constitution des États-Unis est ratifié, abolissant l’esclavage dans l’ensemble du pays. Mais c’est véritablement le 19 juin que partout, l’esclavage prend fin.

Car même si le général Lee signe la reddition le 9 avril 1865, l’armée du Trans-Mississippi et d’autres rebelles continuent à se battre, tandis que de nombreux propriétaires terriens refusent de libérer leurs esclaves.

Le peuple du Texas est informé que, en accord avec la Proclamation de l’exécutif des États-Unis, tous les esclaves sont libres

Ordre numéro 3 du général Granger

Ce fut le cas au Texas, où à Galveston, il a fallu attendre l’arrivée des troupes de l’Union, commandée par le général Gordon Granger, pour que les 250.000 esclaves apprennent leur libération. «Le peuple du Texas est informé que, en accord avec la Proclamation de l’exécutif des États-Unis, tous les esclaves sont libres, indiquait un ordre du général Granger. Ceci inclut une égalité absolue des droits individuels et des droits de propriété entre les anciens maîtres et esclaves».

La libération effective des esclaves n’a pas été immédiate. Comme l’indique l’historien américain Henry Louis Gates dans un article. «Dans les plantations, les maîtres devaient décider quand et comment annoncer la nouvelle – ou attendre l’arrivée d’un agent du gouvernement – et il n’était pas rare qu’ils retardent la récolte, écrit-il. Même dans la ville de Galveston, l’ancien maire confédéré a bafoué l’armée en forçant les personnes libérées à retourner au travail

La fin de l’esclavage n’a pas pour autant amené avec elle la fin de l’oppression envers les populations afro-américaines. De 1890 à 1908, le Texas et tous les anciens États confédérés ont adopté les lois Jim Crow, de nouvelles constitutions ou amendements, qui privent les Noirs de leurs droits. Il faudra attendre le Civil Rights Act de 1964 et le Voting Rights Act de 1965 pour que toutes les lois Jim Crow soient abolies.

«Juneteenth», le jour de l’Émancipation à Austin (Texas) en 1900. Mrs. Charles Stephenson (Grace Murray)

Donald Trump renonce à un meeting le même jour

Le «Juneteenth» est férié au Texas, à New York et en Virginie, où se situait la capitale de la Confédération, et est commémoré partout dans le pays. Selon le site internet Juneteenth.com, les premières commémorations de l’émancipation ont eu lieu à Galveston, dans le sud-est de l’État, dans les années qui suivent la guerre de Sécession. En 1872, un terrain acheté à Houston est baptisé Emancipation Park pour célébrer «Juneteenth».

Les commémorations sont tombées dans l’oubli au début du XXe siècle, avant de resurgir après le mouvement pour les droits civiques des Noirs américains dans les années 1950 et 1960.

Cette année, la commémoration intervient en plein mouvement de protestation contre le racisme et les violences policières qui ont suivi la mort de George Floyd, un Afro-américain de 46 ans, lors de son arrestation par un policier blanc le 25 mai à Minneapolis. Plusieurs grandes sociétés américaines, comme Nike ou Twitter, ont depuis annoncé que le 19 juin serait un jour chômé pour leurs salariés.

Le président Donald Trump avait prévu de tenir un grand meeting de campagne ce jour-là à Tulsa, dans l’Oklahoma, avant de le reporter au lendemain face à un torrent de critiques. La ville reste marquée par le souvenir du plus grand massacre d’Afro-Américains, en 1921. Le président républicain a justifié le report en affirmant que «beaucoup de (ses) amis et partisans afro-américains» lui avaient suggéré de changer la date «par respect pour ce jour de commémoration».

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