Violences sexistes et sexuelles : cinq ans après #MeToo, des milliers de Français manifestent – Le HuffPost

MANIFESTATION – Une vague violette a déferlé sur les villes de France. Des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues à travers le pays ce samedi 19 novembre afin de dénoncer, une fois encore, les dysfonctionnements de la justice en matière de lutte contre les violences sexistes et sexuelles, près de cinq ans après l’émergence du mouvement #MeToo.

Au total, ce sont près de 90 associations, syndicats et partis de gauche qui étaient à l’origine de ce « raz-de-marée dans la rue pour crier notre colère », réclamant notamment une « loi-cadre » contre « l’impunité » des agresseurs et un budget de 2 milliards d’euros afin d’éradiquer les violences au sein du couple, comme l’a confié au HuffPost Yuna Miralles, membre de la coordination Nous Toutes.

« Des clitos partout, Darmanin nulle part »

À Paris, plusieurs milliers de personnes ont défilé dès 14 h 30 de la place de la République jusqu’à celle de la Nation. Selon les organisatrices, elles étaient 80 000 contre 18 500 d’après les chiffres communiqués par les forces de l’ordre. « Nous sommes fortes, nous sommes fières et féministes et radicales et en colère », scandaient des manifestantes, d’autres criant « #MeToo partout, justice nulle part ».

Sur leurs pancartes, uniformément violette, la couleur emblématique du rassemblement, on pouvait lire : « Mâle dominant, pour qui tu te prends ? », « Stop à la culture du viol », ou encore « Croire les victimes sauve des vies ». Cela sans compter les innombrables références à des personnalités médiatiques et politiques, et la présence remarquée de dessins de clitoris, qui ne sont pas sans rappeler une certaine mascotte récemment dévoilée avant les JO de Paris 2024.

À Rennes, la manifestation, aux cris de « pas d’violeurs dans nos quartiers, pas d’quartier pour les violeurs », a rassemblé quelque 700 personnes, selon la préfecture. À Metz, où 280 personnes ont déambulé selon la police, des manifestantes brandissaient des pancartes comme « Dans 12 féminicides, c’est Noël » ou « Me croirez-vous quand je serai morte ? ». Plusieurs centaines de pancartes violette étaient également visibles du côté de Toulouse, selon une journaliste de Radio France présente sur place.

Bayou et Quatennens dans le viseur

L’exaspération des organisations féministes est principalement alimentée par le nombre élevé de féminicides (déjà 100 depuis le début de l’année d’après un collectif associatif, contre 122 l’an dernier selon les chiffres officiels), et par la frilosité du monde politique à écarter certains responsables accusés de violences envers les femmes.

« Ce qui nous met en colère, c’est l’impunité des agresseurs et le mauvais traitement réservé aux victimes » lorsqu’elles déposent plainte, a notamment expliqué à l’AFP Maëlle Noir, membre de #NousToutes qui coordonne l’organisation des défilés.

Présents ce samedi, les partis EELV et LFI « ont signé notre appel à manifester. On va leur demander aujourd’hui de respecter leur signature » et de « retirer de leur groupe parlementaire des hommes mis en cause pour violences », a déclaré Pauline Baron, de #NousToutes, en citant nommément les cas d’Adrien Quatennens (LFI) et Julien Bayou (EELV).

À Lille, terre d’élection du député insoumis, Yann Marmignon, étudiant de 19 ans en arts, brandissait une pancarte « Quatennens démission », jugeant que les violences faites aux femmes, « c’est quelque chose d’important, qui nous touche tous, même au niveau des politiciens ».

« Nous manifestons aujourd’hui pour rendre hommage aux victimes », a insisté de son côté Sandrine Bouchait, de l’Union nationale des familles de féminicides (UNFF), pour qui « les féminicides, c’est le sommet de la pyramide des violences sexuelles et sexistes » et dont l’association demande pour les proches « un statut de victimes avec un accompagnement psychologique et financier ».

Plus généralement, les associations réclament un budget public de deux milliards d’euros par an, mais aussi une « loi-cadre » qui instaurerait notamment des « brigades et juridictions spécialisées », une aide financière pour la « mise en sûreté » des femmes victimes, 15 000 places d’hébergement supplémentaires et le renforcement de l’éducation à la vie sexuelle et affective à l’école.

Entre 2017 et 2021, le nombre de viols ou tentatives de viols enregistrés par le ministère de l’Intérieur a doublé, passant de 16 900 à 34 300. Les victimes ont davantage tendance à dénoncer des faits anciens, explique le ministère, qui y voit aussi le signe de la « libération de la parole ». Une expression qui exaspère désormais les associations, car « les femmes ont toujours parlé, mais elles ne sont pas écoutées », pointe Maëlle Noir.

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