Vidéos. Bordeaux : près d’un millier de vignerons manifestent ce mardi pour demander des aides – Sud Ouest

Les tracteurs arrivent à Bordeaux pour la manifestation.
Les tracteurs arrivent à Bordeaux pour la manifestation.

Jean-Charles Galiacy

Florent, de Pujols : « Si c’était aujourd’hui, je ne reprendrais pas l’exploitation »

Florent Couderc, jeune vigneron de 27 ans, du château Saint-Florent, à Pujols : « Je viens de terminer ma conversion au bio pour sauver les meubles mais cela ne marche pas vraiment davantage […]. Je ne vois pas de solution. Si c’était aujourd’hui, je ne reprendrais pas l’exploitation. Je paye mon employé 900 euros par mois pour 25 heures par semaine. Même pas un Smic… Cela fait sept ans que je ne me dégage pas de salaire, j’ai longtemps été au RSA. Il faut au moins de l’arrachage primé pour que des gens puissent partir à la retraite dans la dignité. Nous avons montré un bel élan aujourd’hui, une force de mobilisation mais j’ai bien peur que nous ne soyons pas entendus… »

Florent est passé au bio « pour sauver les meubles ».
Florent est passé au bio « pour sauver les meubles ».

Jean-Charles Galiacy

Un échange tendu avec Alain Rousset

Alain Rousset s’est adressé aux vignerons, pas vraiment satisfaits de sa réponse.
Alain Rousset s’est adressé aux vignerons, pas vraiment satisfaits de sa réponse.

Guillaume Bonnaud/ « SUD OUEST »

À l’issue de la réunion avec une délégation de viticulteurs, Alain Rousset, président de la Région Nouvelle-Aquitaine, s’est exprimé sur le parvis de l’Hôtel de Région, peu avant 14 heures. Un échange tendu, dans lequel l’élu a été interpellé par quelques manifestants. « On a eu une bonne discussion. Il faut qu’il y ait un vrai plan social qui soit financé. On [La Région] vous accompagnera dans la lutte que vous menez. J’espère avoir le ministre [de l’Agriculture] d’ici ce soir. Dernier point, c’est que vous soyez associés aux discussions ».

Ce matin, dans les locaux de « Sud Ouest » / TV7, Alain Rousset s’était expliqué : « Sur les crédits européens qu’elle perçoit, dont on nous a d’ailleurs enlevé une bonne moitié, la Région n’a pas le droit de proposer une aide à l’arrachage. Sur ce point, il faudrait un accord entre l’État français et Bruxelles pour un droit à l’arrachage. Plusieurs régions viticoles de France n’en veulent pas. Ce que l’on va pouvoir faire, c’est une aide à la reconversion. On a mis en place une réflexion avec les acteurs de la filière. Il y a des pistes avec la forêt, le maraîchage. Il faut aussi que l’on regarde à la périphérie des villes lorsque les vignes sont proches des habitations, cela permettrait de régler un problème lié au traitement de la vigne et l’attitude de nos concitoyens quand ils voient les machines passer. »

Jacques, de La Sauve-Majeure : « On laisse mourir les paysans »

Jacques Latorce, des vignobles Latorce, viticulteur à La Sauve-Majeure : « L’État fait du social dans les villes, pas dans les campagnes. On laisse mourir les paysans. C’est extrêmement dur pour des gens qui ont travaillé toute leur vie de ne rien pouvoir faire de leurs terres. Il faut que les vignerons proches de la retraite aient droit en premier lieu à un arrachage subventionné. Qu’ils puissent sortir la tête haute de leur métier. »

Jacques, viticulteur à La Sauve-Majeure
Jacques, viticulteur à La Sauve-Majeure

Jean-Charles Galiacy/ « Sud Ouest »

Robert, de Mourens : « Ça tire de partout »

Robert, 50 ans, ouvrier viticole depuis l’âge de 19 ans, n’a jamais connu une telle crise dans le Bordelais. « Ça tire de partout », explique le salarié des vignobles Coulonges, à Mourens. « Je vois tellement de copains, d’ouvriers ou de patrons, qui veulent arrêter, trouver ailleurs. Il n’y a plus d’argent. Regardez ce tracteur, dit-il en pointant du doigt le véhicule avec lequel il est venu manifester, il est acheté en leasing, sur douze ans. Il n’y a plus les sous pour se payer directement de telles machines. »

Ribert, 50 ans, viticulteur à Mourens, a manifesté ce mardi 6 décembre à Bordeaux
Ribert, 50 ans, viticulteur à Mourens, a manifesté ce mardi 6 décembre à Bordeaux

Jean-Charles Galiacy/ « Sud Ouest »

Les vignerons reçus au Conseil régional

Le cortège s’est arrêté devant l’Hôtel de Région où une délégation de viticulteurs et d’élus doit normalement rencontrer le président Alain Rousset.

Pour les nombreux manifestants, l’arrachage devient vital.
Pour les nombreux manifestants, l’arrachage devient vital.

Guillaume Bonnaud/ « SUD OUEST »

Les manifestants à la préfecture

Les vignerons arrivent dans le quartier Mériadeck, ils doivent rencontrer des représentants de l’État dans les prochaines heures.

« Réorganiser la filière » ?

Alors que les vignerons défilent à Bordeaux, les deux sénateurs socialistes de la Gironde, Laurence Harribey et Hervé Gillé, appellent « à une réorganisation de la filière ». « Pour faire face aux multiples crises, les syndicats et conseils des professionnels de la viticulture doivent faire évoluer leur gouvernance : ce n’est qu’à travers un dialogue transversal et pluridisciplinaire que des solutions concrètes et cohérentes pourront être dégagées. » Les députés et sénateurs de la majorité présidentielle ont aussi, dès ce week-end, appelé à répondre au « défi immense » de « cette crise sans équivalent depuis vingt ans ».

Aucun heurt à signaler

Lors d’une assemblée générale, la semaine dernière, le président du collectif des viticulteurs 33, Didier Cousiney, avait rappelé l’importance de ne voir aucun débordement. Jusqu’à présent, il a été complètement entendu. L’ambiance est bon enfant.

Les vignerons ont gardé leur sens de l’humour
Les vignerons ont gardé leur sens de l’humour

Jean-Charles Galiacy

Entre 700 et 1 000 manifestants

Un bon millier de manifestants, selon les organisateurs, se dirige désormais vers la préfecture où une rencontre avec des représentants de l’État est prévue. Les autorités comptent plus tôt autour de 700 participants.

Devant le siège du CIVB

Les vignerons en colère viennent déposer des pieds de vigne devant le siège du CIVB.

Discours et dépôt de pieds devant le siège du CIVB.
Discours et dépôt de pieds devant le siège du CIVB.

Guillaume Bonnaud/ « SUD OUEST »

À 11 h 30, la manifestation s’apprête à quitter la place des Quinconces. Les tracteurs vont ouvrir le cortège. Des pieds de vigne doivent être déposés devant le Conseil interprofessionnel des vins de Bordeaux (CIVB).

Le cortège s’élance depuis les Quinconces.
Le cortège s’élance depuis les Quinconces.

Guillaume Bonnaud/ « SUD OUEST »

Ils sont nombreux à avoir fait le déplacement.
Ils sont nombreux à avoir fait le déplacement.

Guillaume Bonnaud/ « SUD OUEST »

Beaucoup d’élus ont fait le déplacement.
Beaucoup d’élus ont fait le déplacement.

Guillaume Bonnaud/ « SUD OUEST »

Impossible de signer un CDI

Charles et Julien, ouvriers viticoles aux vignobles Percier, à Targon, gonflent les rangs des manifestants, toujours massés place des Quinconces. « La crise impacte tout le monde, et notamment les salariés. On reste aux 39 heures, notre patron ne pouvant nous payer des heures supplémentaires », explique le premier, en CDI depuis trois ans. « La crise est palpable, livre le second. Il faut essayer de rogner le plus possible partout : sur le matériel, sur les réparations des machines. » Julien aimerait bien signer un CDI sur l’exploitation. Impossible avec la conjoncture actuelle.

Pas de CDI ou d’heures supplémentaires, les ouvriers viticoles sont aussi touchés.
Pas de CDI ou d’heures supplémentaires, les ouvriers viticoles sont aussi touchés.

Jean-Charles Galiacy

Les courtiers solidaires

Charles Ripert, secrétaire général des courtiers de Gironde, est présent au côté d’une vingtaine d’autres (ils sont 70 en Gironde).

Charles Ripert, secrétaire général des courtiers de Gironde se dit « solidaire ».
Charles Ripert, secrétaire général des courtiers de Gironde se dit « solidaire ».

Guillaume Bonnaud/ « SUD OUEST »

« Nous sommes solidaires de la filière […]. La consommation de vin rouge baisse considérablement. Les jeunes boivent moins et les vieux disparaissent […]. On a connu la fameuse crise de 2004-2005 mais les fondamentaux n’étaient pas aussi mauvais qu’aujourd’hui. Les vins de milieu de gamme ont de l’avenir parce que nous avons un super rapport qualité-prix à Bordeaux. Mais la vente des vins de consommation dégringole. Sur ce créneau, nous observons de grosses difficultés et c’est un marché qui ne reviendra pas […]. Cela nous rend tristes car nous travaillons avec ces producteurs depuis des années, des décennies. Ce ne sont pas des amis mais pas loin. On les voit en grande difficulté et on ne peut rien faire. Nous sommes impuissants. »

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