Un 31 décembre « excessivement chaud » pour conclure une année emblématique du dérèglement climatique – Le Monde

La station du Semnoz (Haute-Savoie) est à 1 700 mètres d’altitude. L’ensemble des pistes de ski est fermé car il n’y a pas de neige. Ici, le 27 décembre 2022.

Des records de chaleur jusqu’aux toutes dernières heures. A l’image de l’ensemble de l’année, la dernière journée de 2022 s’annonce « excessivement chaude ». Il pourrait faire 23 °C à Dax (Landes), dans le Sud-Ouest, et 16 °C à Paris. Les températures moyennes annoncées sont de 16 °C pour la partie nord du pays, et 18 °C pour le Sud. « Nous aurons très certainement le 31 décembre le plus chaud depuis le début des mesures en 1947, précise Frédéric Nathan, prévisionniste à Météo-France. L’anomalie de température à l’échelle du pays pourrait dépasser les 8 °C, ce qui est énorme. » En soixante-quinze ans, la température enregistrée n’a jusqu’ici dépassé la moyenne journalière de 8 °C qu’à trois reprises.

La période de Noël a également été anormalement douce, la température moyenne des 24 et 25 décembre ayant été la plus élevée jamais enregistrée. Jusqu’au 27 toutefois, décembre restait globalement dans la normale à l’échelle nationale, le pic de froid observé au début du mois « compensant » les températures élevées. Mais avec la vague de chaleur hivernale arrivée mercredi, qui va s’accentuer jusqu’à la fin de l’année, décembre repasse au-dessus de la moyenne. Les premiers jours de janvier 2023 devraient rester particulièrement doux.

Dès la fin novembre, Météo-France avait annoncé que l’année 2022 serait la plus chaude jamais enregistrée dans le pays, dépassant largement le précédent record de 2020. Canicules à répétition, vagues de chaleur précoce et tardive, multiplication des records de températures… « Ponctuée d’extrêmes climatiques, 2022 est un symptôme du changement climatique », soulignait l’organisme.

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La nouvelle période de douceur s’explique par l’influence d’une masse d’air très chaude qui remonte du Sud, poussée par un épisode dépressionnaire stationné au-dessus de l’océan Atlantique. « Quand il y a des zones de basse pression en Angleterre, au Portugal ou sur les Açores, cela pousse les vents de l’Afrique vers l’Espagne et la France, explique Davide Faranda, chercheur CNRS à l’Institut Pierre-Simon Laplace. Cela crée une sorte de phénomène de “tapis roulant” qui transporte la chaleur et permet d’atteindre des records de température. »

Chaleur hivernale

Le dérèglement climatique, lié aux activités humaines et notamment la combustion d’énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon), a déjà provoqué un réchauffement de la planète de 1,2 °C. Conséquence de ce phénomène, qui affecte toutes les régions du globe, l’air subtropical qui arrive en France est bien plus chaud qu’il y a trente ou cinquante ans. « Cette circulation atmosphérique n’est pas complètement anormale mais avec le changement climatique, une vague de douceur classique peut rapidement devenir exceptionnelle, confirme Gerhard Krinner, climatologue et directeur de recherche au CNRS. Le réchauffement se surimprime sur les variabilités de la météo. »

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