Ukraine: à Izioum, «ce qu’on fait est en train de changer le cours de la guerre» – Libération

Reportage

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Guerre entre l’Ukraine et la Russiedossier

Dans la ville libérée et ravagée, les brigades ukrainiennes, remontées comme jamais, fourbissent leurs armes et leurs drones high-tech pour les assauts à venir. De son côté, la population civile, hébétée, plonge dans la misère et craint, à l’orée de l’hiver, de ne jamais sortir du cauchemar.

Dans l’imaginaire ukrainien, Izioum était un symbole de douceur. Une petite cité intuitivement associée au goût sucré du raisin sec, la traduction de son nom, et à son festival annuel de la fraise. Maintenant, Izioum file des haut-le-cœur, elle sent le métal et la fumée. Après six mois d’occupation russe, dans ses forêts et jardinets circulent les fluides des cadavres putréfiés. En ces premières semaines d’automne bizarre, ni vraiment chaudes ni encore froides, des pluies d’orages ont recouvert les artères de la ville d’une boue sombre, glissante, qui enveloppe les chenilles des tanks et véhicules blindés russes plus ou moins explosés, laissés en plan après la contre-offensive ukrainienne et la reprise de la ville le 11 septembre.

Ce n’est pas la première fois que des divisions russes perdent des boulons et de la ferraille dans la province d’Izioum. En 1942, Staline tenta d’y repousser l’armée allemande de Kharkiv, s’y faisant contrer, perdant 280 000 soldats, bataille prélude de celle de Stalingrad. Quatre-vingts ans plus tard, les corps de soldats russes gisent encore sur le bas-côté de l’autoroute E40, entre Volokhiv Yar et Izioum. «Regarde là, sur le bas-côté, il y a encore un katsap [un «cochon-chien», nom péjoratif donné aux soldats russes par les Ukrainiens, ndlr], personne n’est encore venu le récupér

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