Tuerie de la préfecture de police de Paris : l’entourage de Mickaël Harpon passé au crible – Le Parisien

Loup solitaire ou bras armé d’un groupe aux contours encore flous? Deux jours après la mort de quatre fonctionnaires de la préfecture de police de Paris, égorgé ou poignardés « avec acharnement » par Mickaël Harpon, les enquêteurs s’interrogent sur ce qui a pu entraîner la folie meurtrière de l’informaticien de la direction du renseignement de la préfecture de police de Paris (DRPP).

En premier lieu, de nombreuses questions se posent sur le rôle exact de Ilham E., la femme du tueur. Peu avant que le fonctionnaire ne se dirige vers la rue Saint-Jacques (Paris Ve) pour acheter deux couteaux à 12h24, Mickaël Harpon et celle qu’il a épousé en 2014 ont ainsi échangé « 33 SMS entre 11h21 et 11h50 », a souligné ce samedi lors d’une conférence de presse Jean-François Ricard, le procureur antiterroriste. Comme révélé par Le Parisien vendredi après-midi, ces échanges à connotation religieuse se sont terminés par l’expression « Allahou akbar ».

Ce samedi, la garde à vue de cette femme de 38 ans interpellée jeudi à son domicile de Gonesse (Val-d’Oise) a été prolongée de 48 heures. Si rien n’indique qu’elle a poussé son mari à passer à l’acte au cours de ces échanges de SMS découverts par les policiers de la Crim’dans la nuit de jeudi à vendredi, « rien ne montre une volonté de l’arrêter », souligne une source proche de l’enquête. Malgré les propos étranges tenus par son mari durant la nuit précédant la tuerie -deux témoins ont affirmé aux enquêteurs l’avoir entendu crier « Allahou akbar »-, elle n’a jamais tenté de prévenir les autorités.

Deux hommes «actifs dans le prosélytisme salafiste»

L’autre axe majeur de l’enquête s’oriente vers les fréquentations de Mickaël Harpon. Si le père de famille de 45 ans n’a aucun casier judiciaire et n’a jamais été fiché par les services de renseignement, certaines de ses connaissances sont, elles, bien connues de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). Les investigations ont ainsi « permis de faire apparaître des contacts entre l’auteur des faits et plusieurs individus, susceptibles d’appartenir à la mouvance islamiste », a expliqué le procureur antiterroriste ce samedi après-midi.

Selon nos informations, deux hommes originaires du Val-d’Oise suivis par la DGSI, mais non enregistrés au fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT), auraient pu être en contact avec Mickaël Harpon. Le numéro de l’un d’eux figure d’ailleurs dans le téléphone de l’assassin, ont découvert les enquêteurs après le drame.

« Ce sont des hommes qui semblent actifs dans le prosélytisme salafiste, mais qui n’ont pas, à notre connaissance, de velléité d’action violente, confie une source sécuritaire. Mais tout cela doit être vérifié… »

Ont-ils pu bénéficier d’infos ultrasensibles ?

C’est notamment pour cela que le parquet antiterroriste, qui dispose de moyens supérieurs à ceux du parquet de Paris, s’est finalement saisi vendredi soir et a ouvert une information judiciaire pour « association de malfaiteur terroriste ». Un cadre juridique qui permet des investigations plus poussées. C’est aussi pour ces raisons que la DGSI a été cosaisie.

« L’objectif est de savoir si Harpon a basculé tout seul ou si des gens l’ont poussé vers l’action violente », explique une source sécuritaire. Les enquêteurs cherchent aussi à savoir si les relations de Mickaël Harpon dans la mouvance salafiste ont aussi pu bénéficier des informations ultrasensibles auxquelles l’informaticien de la DRPP, habilité secret-défense, pouvait accéder.

Une enquête interne ouverte

Une autre enquête, interne à la police, devra aussi apporter des réponses après ce drame. Car le Mickaël Harpon présenté aujourd’hui comme un djihadiste en puissance n’a plus rien à voir avec ce portrait de fonctionnaire irréprochable servi un peu trop vite par les autorités.

Auditionné à la Crim’, un policier a ainsi affirmé que l’agent administratif s’était, en 2015, réjouit de l’attentat de Charlie Hebdo, comme l’avait révélé dès vendredi Le Parisien. Trois autres de ses collègues ont confirmé cette information, refusant toutefois de tenir ces propos sur procès-verbal.

Converti à l’islam depuis une dizaine d’années, Mickaël Harpon avait aussi « changé d’attitude vestimentaire depuis quelques mois », et émis le souhait de « ne plus avoir certains contacts avec les femmes ». Des éléments qui ne semblent pas, au sein d’un des services les plus sensibles de la police, avoir alerté sa hiérarchie.

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