Syrie : quelles sont les forces en présence dans la bataille entre la Turquie et les Kurdes ? – franceinfo

La Turquie a lancé mercredi l’opération Source de paix, dont l’objectif est d’éloigner de sa frontière la principale milice kurde de Syrie, les Unités de protection du peuple (YPG).

Les forces turques ont poursuivi, jeudi 10 octobre, leur offensive sur les territoires syriens tenus par les miliciens kurdes, poussant la population à fuir par milliers. La Turquie, membre de l’Otan, veut créer une “zone de sécurité” dans la région frontalière pour en écarter les miliciens kurdes et y transférer plusieurs millions de Syriens réfugiés sur son territoire. Mais les grandes puissances craignent que l’opération ne relance le conflit et permette la renaissance de l’Etat islamique, contre qui les Kurdes se sont farouchement battus. Franceinfo fait le point sur les belligérants engagés dans cette bataille.

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L’armée turque et ses supplétifs syriens

Depuis plusieurs jours, aviation, renforts et véhicules blindés turcs ont été dépêchés à la frontière. Ankara peut aussi compter sur 18 000 combattants syriens de l’Armée nationale syrienne (ANS), une coalition de factions rebelles directement financée et entraînée par la Turquie, selon le porte-parole d’un de ces groupes.

Ces insurgés combattaient autrefois le régime de Bachar Al-Assad. Mais, avec l’évolution du conflit et l’affaiblissement de la rébellion, les liens avec la Turquie se sont resserrés. Désormais, leur engagement se fait principalement aux côtés de la Turquie dans la lutte contre les forces kurdes.

Ces groupes ont déjà participé à l’offensive turque ayant permis à Ankara en mars 2018 de reconquérir l’enclave kurde d’Afrine (Nord-Ouest), au prix de combats meurtriers. Outre les fusils automatiques de type Kalachnikov, ces supplétifs syriens disposent de lances-roquettes RPG, ou encore de canons d’artillerie.

 Les Kurdes et leurs alliés

La milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG) constitue l’épine dorsale d’une coalition de combattants kurdes et arabes appelée les Forces démocratiques syriennes (FDS), formées en octobre 2015. Les FDS rassemblent, outre les Kurdes, des factions armées hétéroclites issues des tribus arabes de l’est syrien (tribu sunnite des Chaïtat) ou encore des minorités chrétiennes, comme le Conseil militaire syriaque.

Ces dernières années, cette alliance a été le fer de lance en Syrie de la lutte contre le groupe Etat islamique (EI). Elle a annoncé avoir perdu 11 000 hommes dans les combats contre les jihadistes.  Aguerries au combat, les FDS ont bénéficié de l’entraînement et de l’armement fourni par Washington, mais aussi du soutien d’une coalition internationale emmenée par les Etats-Unis, qui regroupe notamment la France et le Royaume-Uni.

Dépourvues désormais de l’appui aérien de la coalition dont elle jouissait dans les batailles contre l’Etat islamique, les FDS se retrouvent aujourd’hui affaiblies face à la force de frappe aérienne turque. Elles ont appelé les Etats-Unis et la coalition à instaurer une “zone d’exclusion aérienne” dans la zone visée par Ankara.

Avant le début de l’offensive turque, des unités des YPG s’étaient retirées de certaines positions frontalières en vertu d’un accord conclu entre Washington et Ankara. Elles avaient été remplacées par des “conseils militaires”, des forces locales officiellement indépendantes des FDS mais entraînées par la coalition internationale. Ces conseils luttent aujourd’hui aux côtés des FDS.

Les forces américaines

Donald Trump avait annoncé, fin 2018, le retrait des troupes américaines de Syrie, alors estimées à environ 2 000 hommes, en grande partie des forces spéciales. Mais la Maison Blanche était revenue sur sa décision, notamment à la demande du Pentagone.

En début de semaine, c’est un redéploiement de troupes américaines stationnées à la frontière qui a ouvert la voie à l’offensive de la Turquie. Entre 50 et 100 membres des forces spéciales américaines ont été transférés de la frontière vers d’autres bases à l’intérieur des territoires kurdes, selon un haut responsable à Washington.

Dans ces régions, la coalition internationale dispose toujours de plusieurs bases et positions, où sont notamment stationnées des forces françaises.

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