Secret de la confession : le président de la Conférence des évêques de France « invité » au ministère de l’intérieur pour s’expliquer sur ses propos – Le Monde

La réponse se veut intraitable. Le ministre de l’intérieur, chargé des cultes, « recevra en début de semaine prochaine monseigneur de Moulins-Beaufort pour lui demander de s’expliquer sur ses propos », a expliqué, jeudi 7 octobre, l’entourage de Gérald Darmanin. « Il n’est pas convoqué, mais invité », a-t-il été précisé par la suite.

Le président de la Conférence des évêques de France (CEF), Eric de Moulins-Beaufort, également archevêque de Reims, a déclaré mercredi, au lendemain de la publication du rapport Sauvé sur la pédocriminalité au sein de l’Eglise catholique, que le secret de la confession était « plus fort que les lois de la République ». Sollicitée, la CEF n’était pas joignable dans l’immédiat.

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« La réaction à ces propos elle est très claire, il n’y a rien de plus fort que les lois de la République dans notre pays. Ça tient en une phrase, et c’est très clair (…). Le président de la République a demandé au ministre de l’intérieur de recevoir le président de la Conférence des évêques de France pour que les choses soient claires », a martelé le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, au sortir du conseil des ministres.

Une alternative à la levée de ce secret

Eric de Moulins-Beaufort a également assuré être à la recherche d’une alternative à la levée de ce secret. « Il faut que nous trouvions un moyen de le faire autrement », a-t-il expliqué, précisant que la CEF regarderait « de très près la recommandation » du rapport Sauvé.

Ce dernier a préconisé mardi aux autorités de l’Eglise de relayer un message clair aux confesseurs et aux fidèles, sur l’obligation du confesseur de signaler aux autorités judiciaires et administratives les cas de violences sexuelles infligées à un mineur ou à une personne vulnérable.

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« Il ne faut pas opposer le secret de la confession aux lois de la République, puisque celles-ci n’imposent pas sa levée, estime le président du CEF. Le droit canonique qui impose aux prêtres le secret de confession comme absolu et inviolable (…) n’est donc pas contraire au droit pénal français », a-t-il précisé dans un communiqué.

Ces propos ont suscité une polémique mercredi sur les réseaux sociaux, certains faisant valoir que le gouvernement était beaucoup plus prompt à dénoncer le « séparatisme islamiste ». Une loi « confortant les principes de la République », destinée à lutter « contre les séparatismes », a été votée l’été dernier.

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Ce secret professionnel n’est toutefois pas absolu

En France, pour le ministère de l’intérieur, le secret confessionnel est un secret professionnel et, en cas de violation, peut être puni d’un an de prison et 15 000 euros d’amende. « Le secret confessionnel n’est pas supérieur aux lois de la République », souligne Sarah Massoud, secrétaire nationale du Syndicat de la magistrature.

Ce secret professionnel n’est toutefois pas absolu : il ne s’applique pas aux confidences faites hors confession. Il ne s’applique pas non plus aux atteintes sexuelles sur mineurs de moins de 15 ans et autres personnes vulnérables (article 434-3 du code pénal).

En déplacement en Slovénie mercredi, Emmanuel Macron a salué « l’esprit de responsabilité » de l’Eglise de France, qui a « décidé de regarder en face » le scandale de la pédocriminalité en son sein. « Il y a un besoin de vérité et de réparation », a-t-il dit.

En avril 2018, il avait prononcé un discours inédit devant les évêques réunis dans le collège cistercien des Bernardins, à Paris, au cours duquel il avait évoqué son souhait de vouloir « réparer le lien entre l’Eglise et l’Etat » qui, s’était, selon lui, « abîmé ».

Publication du rapport de la commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise catholique : ce qu’il faut savoir

Mardi 5 octobre, la commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise a rendu public son rapport. Elle estime le nombre de victimes, durant leur minorité, de violences sexuelles de la part d’un prêtre, d’un diacre ou d’un religieux, dans la population actuelle âgée de 18 ans et plus, à 216 000 personnes. Pour tout comprendre, les articles du Monde sur le sujet :

Le Monde avec AFP

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