Réforme des retraites : François Bayrou met l’exécutif en garde contre tout « passage en force » – Le Monde

François Bayrou, le 21 juin 2022 à la sortie de l’Elysée.

S’exprimant devant les préfets réunis à l’Elysée, jeudi 15 septembre, Emmanuel Macron a assuré que le gouvernement allait mener la réforme des retraites. L’exécutif a fait savoir qu’une réforme pourrait intervenir y compris via le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) présenté le 26 septembre en conseil des ministres, débattu en commission à l’Assemblée nationale puis à partir du 20 octobre dans l’hémicycle en première lecture.

Dans un entretien publié par Le Parisien, samedi 17 septembre, François Bayrou, le patron du MoDem, réputé proche du président, met en garde l’exécutif. « Je suis opposé au passage en force. Si on se lance dans cette voie-là, alors nous sommes certains de coaliser d’abord les oppositions entre elles, puis de diviser la société française », a averti M. Bayrou, en appelant à prendre « le temps de la pédagogie ».

« Quelques mois devraient suffire pour qu’on arrive à une solution, estime-t-il. Le président de la République a dit qu’il veut la réforme pour l’été 2023 ? Avec cette méthode, avec un travail préalable en commun, j’ai la conviction qu’elle peut être adoptée dès l’été 2023. »

Réforme interrompue par la pandémie

Emmanuel Macron a décidé de relancer la réforme des retraites, qui avait été mise en pause par le Covid-19 lors du premier quinquennat. « [C’]est une réforme qui s’impose » car il est nécessaire de « travailler plus longtemps dans une nation où on vit plus vieux et on rentre plus tard en moyenne dans la vie active », a notamment répété jeudi le chef de l’Etat.

M. Macron s’était engagé durant la campagne présidentielle à « décaler l’âge de départ légal jusqu’à 65 ans », contre 62 actuellement, à raison de « quatre mois par an » jusqu’au « milieu des années 2030 ». Il n’est plus forcément question d’un tel report, mais notamment d’un allongement de la durée de cotisation. Cette ambition réformatrice braque les oppositions et divise y compris au sein de la majorité, à l’heure où M. Macron a lancé son Conseil national de la refondation (CNR), qui doit faire la part belle à une concertation approfondie avec les forces politiques, syndicats et associations.

« Le passage en force, c’est le contraire de l’esprit du CNR qui réclame d’examiner les problèmes ensemble », a souligné M. Bayrou, nommé à la tête de cette structure. Une réforme rapide, « je crois que cela créerait effectivement un mauvais climat et donnerait raison à tous ceux qui annoncent l’échec du CNR », plaide-t-il encore. « C’est une réforme qui ne peut pas se faire au détour d’un amendement », poursuit M. Bayrou, mettant en avant « un vrai risque » de motion de censure.

« J’ajoute que si les Français ont le sentiment que leur voix ne compte pas, on se trouvera dans un climat de tension extrême, avec des risques de blocage et d’échec rapide de la période que nous vivons », prévient-il encore.

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Le Monde avec AFP

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