Réforme des retraites : à la RATP, une grève monstre pour défendre un acquis «sacré» – Le Parisien

Dix lignes de métros purement et simplement fermées. Des taux de grévistes frôlant les 100 % dans certaines directions. Des cadres obligés de prendre les commandes de métros pour assurer un service minimum. De mémoire de syndicaliste, la grève de ce vendredi à la RATP sera une première depuis au moins douze ans.

« Je suis à la RATP depuis 1996, je n’avais jamais vu ça : autant de grévistes, de tous les corps de métier, avec même certains cadres mobilisés : c’est parce que la retraite touche tout le monde », estime Marc Brillaud, secrétaire chez SUD RATP.

Laurent Djebali, secrétaire Métro-RER de l’Unsa RATP, se souvient, lui, du mouvement d’octobre 2007. C’était déjà contre une réforme des retraites, sous la présidence de Nicolas Sarkozy. « La retraite, c’est sacré, poursuit le syndicaliste. C’est notre seul avantage. Aujourd’hui, on ne nous laisse que les contraintes : la spécificité du métier, le travail la nuit, la pollution dans les tunnels… On sait bien depuis le rapport Delevoye que le gouvernement veut s’attaquer aux régimes spéciaux. On ne veut pas attendre la concertation et donner un gros coup de semonce. »

Du côté de la direction de la RATP, on ne fait aucun commentaire sur ce mouvement qui résulte d’un projet gouvernemental, et pour lequel aucune négociation n’est ouverte dans l’entreprise.

Un front uni de tous les syndicats

Particularité de ce mouvement au sein de la régie : il a rapidement uni tous les syndicats de l’entreprise, qui ont choisi ensemble de marquer le coup une semaine après la rentrée. Conséquence : l’appel à la grève a été relayé par l’Unsa, la CGT, la CFE-CGC, FO, SUD, ainsi que par de plus petits syndicats autonomes.

Pour tous, toucher aux retraites, c’était la ligne rouge. « Clairement, les agents ne veulent pas de cette réforme. Ils ont énormément à perdre au regard des contraintes déjà lourdes qui pèsent sur eux », estime Arnaud Moinet, secrétaire du syndicat La Base RATP. Principale inquiétude : « la baisse drastique du niveau des pensions, avec une valeur du point fluctuante. »

Actuellement, dans le cadre du régime spécial de la RATP, la pension de retraite se calcule de façon analogue à celle des fonctionnaires, prenant en compte les six derniers mois de salaire et un taux plein de 75 %.

Une baisse des pensions de 20 à 30 %

Arnaud Moinet a fait ses calculs. Un conducteur de RER peut espérer toucher 2 500 € de pension en partant à la retraite à 55 ou 57 ans. Avec une valeur du point à 0,55 €, c’est une baisse de pension de 500 € par mois qui est à redouter, selon le syndicaliste. « Et ce sera pire pour les plus petits salaires comme les agents en gare ou les machinistes (NDLR : conducteurs de bus) », prédit-il.

« On pourrait perdre entre 20 et 30 % de nos pensions, ce n’est pas acceptable », appuie Marc Brillaud, de SUD. Selon lui, le mouvement pourrait même se durcir, sachant que le projet gouvernemental s’étale sur au moins un an. En toile de fond, « il y a aussi la crainte de la privatisation de la RATP, avec l’ouverture à la concurrence des bus dès 2025, et du rail en 2034, ajoute Marc Brillaud. Et puis, les Gilets jaunes ont amplifié les mouvements sociaux. »

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