« Qatargate » : l’enquête fait apparaître l’implication du Maroc – Le Monde

Pier Antonio Panzeri, alors eurodéputé, s’exprime au Parlement européen réuni en session plénière, le 26 mars 2019, à Strasbourg.

Trois des quatre personnes arrêtées dans le cadre du « Qatargate », l’enquête sur une affaire de corruption et de blanchiment visant des membres du Parlement européen, ont comparu, mercredi 14 décembre, devant la chambre du Conseil de Bruxelles, appelée à statuer sur leur maintien en détention. L’ex-eurodéputé socialiste italien Pier Antonio Panzeri et son ancien assistant Francesco Giorgi ont vu leur maintien en détention provisoire confirmé pour un mois.

M. Giorgi, compagnon de l’ancienne vice-présidente du Parlement Eva Kaili – elle aussi arrêtée, elle a demandé à ne comparaître que le 22 décembre –, est passé aux aveux, indiquait jeudi matin les quotidiens La Repubblica et Le Soir. Il a admis faire partie d’une organisation travaillant pour le Qatar, mais aussi le Maroc. Il aurait aussi dénoncé le rôle de l’eurodéputé belge Marc Tarabella, chez qui une perquisition a été effectuée samedi, et qui nie avoir joué un rôle quelconque. Mme Kaili soutient, elle, qu’elle ignorait tout des fonds retrouvés chez elle et dans une valise que transportait son père. Le quatrième inculpé, Niccolo Figa-Talamanca, dirigeant de l’ONG No Peace Without Justice, est placé sous surveillance électronique et demeure mis en examen.

L’implication du Maroc dans le scandale a été confirmée à demi-mot, mercredi, par le ministre belge de la justice, Vincent Van Quickenborne. Il a indiqué que la sûreté de l’Etat – le service de renseignement – avait travaillé avec des « partenaires étrangers » pour étayer des soupçons de corruption « par différents pays ». Au départ, l’enquête mettant aujourd’hui en cause le Qatar aurait en réalité concerné le Maroc. Le ministre ne l’a pas cité nommément, mais il a sous-entendu que ce pays aurait tenté d’influer sur des droits de pêche négociés entre Rabat et l’Union européenne (UE) ainsi que sur la gestion du culte musulman en Belgique.

Lire aussi : « Qatargate » : Eva Kaili privée de son mandat de vice-présidente du Parlement européen

Transports de cadeaux

Au cœur de ce qui est donc désormais le volet marocain du dossier se trouve de nouveau Pier Antonio Panzeri. Un mandat d’arrêt transmis à la justice italienne fait mention de transport par la femme et la fille de M. Panzeri de cadeaux en provenance du Maroc, fournis par l’actuel ambassadeur marocain en Pologne, Abderrahim Atmoun. Celui-ci a été souvent été photographié en compagnie de M. Panzeri, qu’il désignait comme son « ami ».

L’épouse de l’ex-eurodéputé, Maria Colleoni, et sa fille, Silvia Panzeri, ont été placées aux arrêts domiciliaires en Italie. Les résidences de la famille à Milan et Calusco d’Adda, près de Bergame, ont été perquisitionnées. Du matériel informatique, des documents et 17 000 euros en espèces ont été saisis. Des contrôles sur les comptes courants et le patrimoine de la famille, mais aussi sur ceux de Francesco Giorgi, ont été opérés.

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