Pouvoir d’achat : le PCF, EELV et le RN accusent le gouvernement de refuser de trouver un compromis – Le Monde

Marine Le Pen (Rassemblement national), députée du Pas-de-Calais, réagit aux propos du ministre de l’économie, Bruno Le Maire, à l’Assemblée nationale, lundi 18 juillet.

Le bras de fer entre la majorité présidentielle et les oppositions risque de durer. Le secrétaire national du Parti communiste français (PCF), Fabien Roussel, la députée écologiste Sandrine Rousseau et l’élu Rassemblement national Jean-Philippe Tanguy ont dénoncé, mardi 19 juillet, le refus du gouvernement d’accepter, pour l’heure, les amendements des oppositions, alors qu’il avait pourtant promis des compromis sur le « paquet » pouvoir d’achat dont l’examen a commencé, lundi, dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale.

« Le gouvernement n’a accepté aucun amendement venant de toutes les oppositions, donc vous imaginez la colère qui peut nous étreindre. On veut bien avancer, on veut bien dialoguer. D’accord pour le compromis, d’accord pour trouver des solutions, mais hier [lundi], rien, nous n’avons eu aucun amendement », a déploré Fabien Roussel sur France 2.

Lire aussi : L’actualité politique du 19 juillet : les députés adoptent le premier article du projet de loi pouvoir d’achat sur fond de fortes invectives

« Il faut que les Français le sachent : la première ministre a fait un discours en citant le mot “compromis” à toutes les sauces, il n’y a, aujourd’hui, rien, aucun amendement d’accepté par le gouvernement, et nous le regrettons », a ajouté le député du Nord.

« Moi-même, j’ai défendu ce qu’on appelle un amendement de repli, au moins que ces primes puissent cotiser pour la retraite, la Sécurité sociale, mais refus, refus, refus, refus », a-t-il regretté, sans préciser la position sur le vote de la loi des communistes, qui devait être décidée mardi matin lors d’une réunion du groupe Gauche démocrate et républicaine (GDR).

« Le gouvernement a choisi de nous tourner le dos, qu’il en tire les conséquences », a prévenu, de son côté, l’élue écologiste Sandrine Rousseau, en conférence de presse. « Aucun signal n’a été envoyé aux écologistes, nous avons tendu une centaine de mains, par le biais d’amendements, ils ont tous été refusés », a-t-elle dit.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Hausse des salaires ou « prime Macron » ? Récit des débats sur le pouvoir d’achat à l’Assemblée nationale

« Bon sens »

Au bout de quatre heures trente d’échanges dans l’après-midi, puis dans la nuit, les députés ne sont pas venus à bout de l’article 1er du premier projet de loi, qui prévoit la poursuite de la prime Macron, prime exceptionnelle défiscalisée et désocialisée pour les salariés.

« Le gouvernement, pour le moment, hier, n’a retenu aucun amendement d’aucune force d’opposition, y compris les forces les plus modérées, même les centristes, ils n’acceptent même pas d’amendements de gens qui les ont pourtant soutenus à la présidentielle », a critiqué sur RFI le député du Rassemblement national Jean-Philippe Tanguy.

« Par exemple, hier, on a parlé un moment d’un amendement pour que la prime Macron soit un peu surévaluée dans les territoires d’outre-mer, selon le coût de la vie réelle, dans chacun des territoires. Même un amendement aussi évident, de bon sens, qui était proposé par les socialistes, ils n’ont pas voulu le soutenir. Nous, on l’a voté parce que c’était une bonne idée », a argumenté le député de la Somme.

La prime d’intéressement au cœur des débats

L’Assemblée nationale a voté mardi soir la facilitation des dispositifs d’intéressement en entreprise, une mesure fustigée par la coalition de gauche Nupes, durant l’examen toujours au ralenti du projet de loi pouvoir d’achat. Les débats se sont éternisés sur ce troisième article qui vise principalement à favoriser l’intéressement (primes liées aux résultats de l’entreprise) dans les petites entreprises de moins de 50 salariés. Il a été voté en première lecture, par 288 voix contre 90, avant l’examen du projet de loi au Sénat.

Le ministre du Travail Olivier Dussopt a loué un mécanisme de « simplification » et de « facilitation » pour le « partage de la valeur » au sein de l’entreprise. L’intéressement est « encore très peu mis en œuvre » dans les entreprises de moins de 50 salariés, a souligné la députée Renaissance Astrid Panosyan-Bouvet.

Pour le développer, l’article permet un dispositif d’intéressement sur « décision unilatérale » de chefs de ces petites sociétés en l’absence d’institutions représentatives du personnel ou en cas d’échec des négociations, quand l’entreprise n’est pas couverte par un accord de branche agréé prévoyant un dispositif d’intéressement.

Le texte propose aussi plus globalement d’allonger la durée des accords d’intéressement de trois à cinq ans. Les députés LFI, écologistes et communistes ont rejeté en bloc l’article en réclamant des augmentations de salaires plutôt que des primes.

« C’est un leurre complet », un « subterfuge offert aux patrons pour éviter encore une fois toute hausse de salaire réelle », a pointé du doigt la LFI Aurélie Trouvé. A droite, le LR Thibault Bazin a jugé pour sa part que la mesure va « dans le bon sens », malgré des « freins » persistants pour les petites entreprises.

Gestes de bonne volonté en direction de la droite

Si les élus de la majorité présidentielle ne tendent pas la main aux communistes, aux écologistes et au Rassemblement national, ils multiplient les gestes de bonne volonté en direction de la droite, dans l’espoir d’obtenir le soutien d’une partie des 61 députés Les Républicains (LR). Avant l’examen de plusieurs textes clés, les élus de droite font donc figure de partenaires privilégiés pour un pouvoir à la recherche d’alliés.

C’est, en particulier, le cas avec le projet de loi sur le pouvoir d’achat, discuté à l’Assemblée nationale depuis lundi 18 juillet. Sur ce texte, le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, a estimé, lundi, sur RTL, « avoir la conviction » que « des compromis » étaient « possibles » à trouver avec les députés LR. Faisant état de discussions « constructives » avec leur chef de file, Olivier Marleix, le locataire de Bercy a expliqué que « chacun essaie de faire un pas l’un vers l’autre ».

Lundi après-midi, M. Le Maire en a fait un grand. « Vous trouverez toujours une oreille attentive et constructive de notre part sur la meilleure valorisation du travail », a-t-il déclaré, en réponse à une question d’un député LR dans l’hémicycle. Avant de lâcher : « Vos propositions sur les heures supplémentaires et sur la possibilité de racheter les RTT sont les bienvenues pour enrichir notre texte. »

Le gouvernement, en revanche, a refusé la proposition de LR visant à plafonner le litre d’essence à 1,50 euro. Alors que son coût est évalué à 50 milliards d’euros, Bruno Le Maire a présenté cette mesure comme une « ligne rouge », dont la mise en œuvre ferait « exploser les finances publiques ». Sans aller jusque-là, la cheffe de file des députés macronistes, Aurore Bergé, a appelé à trouver un accord avec LR sur la prolongation de la remise carburant de 18 centimes, qui doit s’interrompre fin septembre.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Le camp Macron multiplie les gestes en direction de LR pour espérer obtenir le soutien d’une partie de ses députés

Le Monde avec AFP

Leave a Reply

Discover more from Ultimatepocket

Subscribe now to keep reading and get access to the full archive.

Continue reading