Nouvelle journée de manifestations contre la loi «sécurité globale» – Le Figaro

Près de 80 rassemblements étaient prévus dans le pays. Des tensions ont éclaté à Nantes.

Ils ne désarment pas : les opposants à la proposition de loi «sécurité globale», qui pénalise notamment la diffusion malveillante d’images de policiers, manifestent de nouveau samedi à Paris et dans plusieurs villes du pays.

Dans la capitale, un cortège de quelques milliers de personnes a défilé sous une pluie neigeuse en direction de la place de la Bastille, derrière une banderole réclamant le retrait de ce texte, scandant «police partout justice nulle part» et «état d’urgence Etat policier, on nous empêchera pas de manifester!».

La foule ce samedi 16 janvier à Paris. GONZALO FUENTES / REUTERS

Les forces de l’ordre sont intervenues pour empêcher la tenue d’une rave party non déclarée à proximité de la manifestation, selon la préfecture de police de Paris, qui a déployé un important dispositif pour encadrer très strictement la manifestation. Des organisateurs ont été verbalisés et se sont vu confisquer du matériel sono, selon la même source.

Dans plusieurs villes les «teufeurs» de la mouvance des «free parties» ont en effet décidé de rejoindre le mouvement «pour le droit à la culture» et contre la «répression disproportionnée» lancée après la rave de Lieuron (Ille-et-Vilaine) qui a réuni 2400 personnes au Nouvel an.

Ils étaient nombreux notamment au départ de la manifestation de Nantes derrière des banderoles comme «nous sommes tous des organisateurs de raves» ou «L’Etat assassine: vies, cultures, libertés». La police a fait état de trois interpellations après des «jets d’artifice et de bouteilles en verre sur les policiers».

Tensions à Nantes. SEBASTIEN SALOM-GOMIS / AFP
Gaz lacrymogène et tensions à Nantes. SEBASTIEN SALOM-GOMIS / AFP

A Strasbourg de nombreux «teufeurs» faisaient partie d’un cortège de plus de 500 personnes.

A Lille aussi le défilé avait un air de technoparade, sous une neige tombant drue. Dans le cortège Lucile Fremaux, surveillante dans un lycée, juge qu’«avec l’environnement qui est hyper anxiogène et les lois que nous sort le gouvernement, ça devient invivable». Thimotée Carpentier, éducateur, se plaint qu’il y ait «un contrôle de plus en plus accru des gens, pas seulement des délinquants, tout le monde peut être fiché».

A Lille, samedi 16 janvier. DENIS CHARLET / AFP

«Je manifeste contre ce régime qui se montre de plus en plus radical. C’est une drôle de dictature, on se demande où on va avec cette loi de sécurité… Si c’est ça le pays des droits de l’Homme et de la liberté j’ai honte d’être Français!», rapporte de son côté François, gilet jaune sur le dos, dans la manifestation parisienne.

Près de 80 rassemblements

Près de 80 rassemblements «pour le droit à l’information, contre les violences policières, pour la liberté de manifester et contre la surveillance de masse» étaient prévus dans le pays. Ces «marches des libertés» se déroulent à l’appel de la coordination d’associations et syndicats mobilisés contre ce texte, qui restreint notamment la diffusion d’images des forces de l’ordre.

Les forces de sécurité en formation ce samedi 16 janvier. GONZALO FUENTES / REUTERS

Malgré «une mobilisation sans précédent pour la défense des libertés, le gouvernement (nous) a opposé une fin de non-recevoir», regrette, dans son appel à manifester, la coordination. Celle-ci regroupe des associations comme La Ligue des droits de l’Homme et Amnesty, ainsi que de nombreux syndicats et associations, de journalistes et réalisateurs notamment.

Les manifestants tiennent un carton portant le portrait du ministre de l’intérieur Gerald Darmanin à Paris ce samedi 16 janvier. MARTIN BUREAU / AFP

La proposition de loi, déjà votée en première lecture à l’Assemblée nationale, doit être examinée en mars au Sénat. «Les enjeux sont (…) majeurs. Ils touchent au respect même de l’État de droit» et du contrôle des autorités «par les citoyens, le Parlement, la justice et la presse», soulignent les associations, qui ajoutent que «les mesures de surveillance de la population doivent, elles, demeurer l’exception». Elles exigent toujours le retrait de plusieurs dispositions, à commencer par l’article 24, qui pénalise la diffusion malveillante d’images de membres des forces de l’ordre. Le collectif, qui demande à être reçu par le président Emmanuel Macron, cible également les articles 21 et 22 sur l’usage des caméras-piétons et des drones par les forces de l’ordre, et du «nouveau schéma national du maintien de l’ordre» (SNMO), régulièrement invoqué par les forces de l’ordre pour limiter la couverture médiatique des manifestations.


En parallèle de la manifestation contre la «Loi sécurité globale» se déroulait un rassemblement contre la loi bioéthique organisé par la Manif pour Tous. Des femmes du groupe militant conservateur, vêtues de l’allégorie Marianne de la République française, ont poussé des chariots devant le ministère de la Santé.

Manifestation de la Manif pour Tous. MARTIN BUREAU / AFP
Manifestation de la Manif pour Tous devant le ministère de la Santé. MARTIN BUREAU / AFP

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