Malgré le Brexit, les licornes londoniennes continuent d’attirer les capitaux étrangers

Malgré le Brexit, les licornes londoniennes continuent d'attirer les capitaux étrangers

Malgré l’incertitude qui pèse toujours sur le Brexit, les sociétés de capital-risque étrangères affluent toujours au Royaume-Uni. C’est ce que révèle une nouvelle étude publiée par PitchBook, qui montre que l’exercice 2019 établit jusqu’à présent un record pour les investissements américains dans les entreprises britanniques. La société d’étude de marché a examiné le nombre et la valeur des opérations conclues par des sociétés de capital-risque au Royaume-Uni jusqu’à présent cette année et n’a pas manqué de constater qu’au moins un investisseur américain avait participé à des opérations d’une valeur pouvant atteindre 4,4 milliards de dollars. En 2018, les investissements en provenance des États-Unis se sont élevés à 3,9 milliards de dollars.

C’est à Londres que les sociétés de capital-risque américaines ont investi le plus d’argent en Europe. Au cours des cinq dernières années, la capitale britannique a reçu plus de 12,5 milliards de dollars d’investisseurs américains, soit presque deux fois plus que la deuxième ville européenne, Berlin, qui bénéficie d’investissements de 6,5 milliards de dollars de sociétés de capital de risque américaines au cours de la même période.

Interrogée par ZDNet, Janet Coyle, la directrice de Silicon Valley Comes to the UK (SVC2UK), une société qui travaille à renforcer les relations entre les entrepreneurs de la Silicon Valley et l’Europe, explique que le Royaume-Uni est particulièrement attractif parce qu’il produit de gros volumes d’entreprises à grande échelle. “Londres a été en mesure d’encourager un si grand nombre de ces entreprises parce qu’elle est le plus grand centre technologique d’Europe, un centre financier mondial de premier plan et qu’elle dispose d’une abondance de talents de classe mondiale “, fait ainsi savoir cette dernière.

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De nombreuses opportunités à prévoir

Le rapport établi par PitchBook est publié au moment où le Royaume-Uni se prépare à finaliser son départ de l’Union européenne et où l’on craint de plus en plus que ce départ ne ralentisse la croissance des entreprises britanniques. Les analystes ont souligné la possibilité que le Brexit limite la capacité d’embaucher des talents européens, en particulier des développeurs de logiciels, et que les sociétés de capital-risque étrangères soient découragées d’investir dans les entreprises britanniques si elles considèrent que le pays est en déclin.

Mais pour Matt Clifford, cofondateur d’Entrepreneur First, une entreprise qui soutient les individus dans la création d’entreprises technologiques, le Brexit ne suffira pas à inverser la tendance macroéconomique qui se dessine depuis quelques années : que les entreprises britanniques veulent être compétitives au niveau mondial. “Le Brexit est un facteur à court terme, et il lui sera très difficile de perturber cette tendance macroéconomique”, a-t-il indiqué à ZDNet. Pour ce dernier, “les entreprises américaines voient qu’il y a des opportunités au Royaume-Uni, et elles ne veulent pas les rater”.

De nombreuses opportunités de ce type ont vu le jour dans le secteur de la fintech. A Londres, 114 contrats fintech ont ainsi été signés cette année – plus que dans toute autre ville du monde. Il s’agit notamment d’investissements majeurs tels qu’une opération de série D de 175 millions de dollars pour WorldRemit impliquant Accel Partners et une ronde de financement de série F de 144 millions de dollars pour Monzo, menée par Y Combinator, une société d’investissement de la Silicon Valley.

Pas une histoire de taux de change

Certains experts ont suggéré que la frénésie d’opérations en cours pourrait être le résultat d’un affaiblissement de la livre sterling, qui pourrait attirer les investisseurs en concluant des opérations maintenant parce que les sociétés évaluées en livres sterling sont moins chères pour les investisseurs étrangers qu’elles ne l’étaient auparavant.

Reste que Matt Coyle et Janet Clifford expriment tous deux des doutes sur le fait que la chute de la livre sterling soit la véritable raison pour laquelle les sociétés de capital-risque américaines se tournent vers les startups britanniques. “Nous parlons du genre d’affaires où les sociétés de capital-risque se demandent si une entreprise donnée rapportera jusqu’à 10 fois l’argent investi “, explique ainsi Matt Clifford. “Qu’ils achètent à 1,10 dollars ou 1,15 dollars ne fait pas une grande différence” pour ces dernières, explique-t-il. 

Un rapport récent a ainsi montré que les sociétés de capital-risque au Royaume-Uni ont surperformé leurs homologues américains au cours des dernières années, générant des rendements supérieurs à ceux des fonds par rapport au capital investi. Celui-ci relève que les investissements initiaux dans les entreprises de logiciels et de technologie, où la base scientifique et technique du Royaume-Uni est “compétitive sur le plan international”, ont jeté les bases d’une solide performance financière.

Pour lui, c’est parce que la nature des entreprises prospères est en train de changer. Aujourd’hui, c’est cette “base scientifique et technique” qui est le principal moteur du succès. Ce n’était pas le cas il y a dix ans, alors que les entreprises étaient largement axées sur les consommateurs, et le potentiel d’expansion d’une jeune entreprise dépendait davantage de sa capacité à atteindre un vaste marché intérieur dès le départ.  “Cela représentait un désavantage structurel pour le Royaume-Uni par rapport aux États-Unis”, a-t-il fait remarquer. “Mais la prochaine vague de croissance viendra de la technologie profonde. Dans ce scénario, la taille du marché intérieur est sans importance”.

Ce qui fera la différence, selon Matt Clifford, c’est d’avoir des chercheurs et des ingénieurs qualifiés – un domaine où le Royaume-Uni obtient de bons résultats.  Ainsi, alors que le Royaume-Uni continue à produire des sociétés de licorne, les investisseurs américains veulent s’impliquer, “Brexit ou pas Brexit”, ajoute-t-il. D’autant que certains atouts propres au Royaume-Uni ne seront pas affectés par le départ du pays de l’UE.  “La langue anglaise, une forte culture de créativité et d’esprit d’entreprise et un fuseau horaire favorable pour faire des affaires sur plusieurs marchés en une seule journée sont autant de facteurs qui contribuent à cette croissance”, avance-t-il ainsi. Reste maintenant à voir quels seront les véritables effets du Brexit qui s’annonce pour les licornes britanniques.

Source : ZDNet.com

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